Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le Web a mis fin à l'impunité de BHL, Finkielkraut, Ferry…

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le Web a mis fin à l'impunité de BHL, Finkielkraut, Ferry…

    Le Web a mis fin à l'impunité de BHL, Finkielkraut, Ferry…





    Panique chez les intellectuels médiatiques. En quelques semaines, Alain Finkielkraut se voit cité dans le mémoire délirant du meurtrier norvégien Anders Breivik, Bernard-Henri Lévy est boycotté par des opposants syriens qu'il invitait à un meeting, et Luc Ferry accuse sans preuve un ministre d'actes de pédophilie.

    Les trois cas sont différents, mais ils ont en commun la crise du modèle de l'intellectuel médiatique, et révèlent l'agonie d'un rapport très français entre promoteurs d'idées (et beaucoup d'eux-mêmes) et médias. Le Web est passé par là.

    Depuis la fin de son ministère en 2004, Luc Ferry peinait à retrouver sa place dans le monde médiatico-intellectuel. Il a cru y parvenir avec ses déclarations tonitruantes tenues le 30 mai 2011 au Grand Journal de Canal Plus : il affirme qu'un ancien ministre a eu des relations pédophiles à Marrakech.

    En pleine affaire DSK, son intervention se veut une parole politique dénonçant une omerta généralisée. Sauf que sans nom, sans preuve et sans suite, ça devient un suicide médiatique. Et les images de ce naufrage télévisuel sont visionnées et revisionnées sur les sites Internet de partage de vidéo.

    Fienkielkraut cité par Anders Breivik dans son délire

    Alain Finkielkraut a dû s'étrangler en se voyant cité dans l'énorme manifeste d'Anders Breivik, responsable de la mort de la mort de 77 personnes en Norvège le 22 juillet. A la page 616 de ce texte délirant, le tueur cite écrit :

    « Le philosophe français Alain Finkielkraut a prévenu que la noble idée de la guerre contre le racisme devient peu à peu une idéologie affreusement erronée. Cet antiracisme sera au XXIe siècle ce que le communisme fut au XXe : une source de violence. »

    Or c'est au nom d'un combat contre le « marxisme culturel » que Breivik a commis l'un des pires meurtres de masse de l'histoire récente.
    Rien ne permet de dire que la lecture de l'auteur de la « Défaite de la pensée » l'y a incité. Mais tout laisse croire qu'il a lu des écrits ou propos du Français et qu'il s'en est senti suffisamment proche pour en faire l'une de ses – nombreuses – références.

    BHL, trop favorable à Israël pour des opposants syriens


    Début juillet 2011, Bernard-Henri Lévy et sa revue La Règle du Jeu organisent un meeting de soutien à l'opposition au régime de Damas. Certains représentants syriens refusent de participer, arguant du soutien trop actif de l'essayiste à Israël.

    Leurs lettres de désaveu circulent sur Internet (et Rue89 y consacre un article). C'est un revers humiliant pour celui qui s'épanouissait dans son rôle de chef de guerre en Libye.

    Ce n'est pas à cause d'Internet que l'intervention armée contre Kadhafi échoue. Mais alors que les médias hexagonaux et la classe politique partageaient le même insondable bellicisme, c'est sur le Web que se sont exprimées d'abord les seules critiques de l'opération militaire, puis les plus nombreuses et les plus virulentes.

    Et c'est surtout sur la Toile, qu'il s'agisse de blogs ou de sites d'information, que Bernard-Henri Lévy fait l'objet de déminages systématiques, à chaque nouvelle publication de reportages (sur la Géorgie ou le Darfour par exemple) ou de tribunes.

    Le Web, ennemi numéro un de l'oligarchie médiatique

    Car avec Internet, les règles du jeu de la parole publique ont changé. Finie la conversation au coin du feu de l'oligarchie médiatique. Moins de révérence et de connivences entre obligés appartenant aux mêmes cercles de pouvoir, politique, financier, éditorial, ou du monde des médias.
    Les idées se diffusent en un clic. Les citations sont gravées dans le marbre de la mémoire infinie de Google qui référence ad vitam æternam ou presque, jusqu'au supplice, les erreurs commises par les uns et les autres.

    La culture de la repasse fait voler en éclat la culture de l'impunité : n'importe quelle idiotie se regarde en boucle et s'accroche comme un boulet à la réputation de son locuteur.

    L'intellectuel médiatique, figure typiquement française née à la fin des années 70, n'était pas fait pour ce nouveau monde, où l'on discute, chahute, se moque, récrimine, attaque, s'énerve, conteste… Tout ça en public, en chœur et dans toutes les langues.

    Il était formaté pour un public national, partageant sa culture, admirant son savoir et surtout, sa manière de le professer, l'air de rien, mais avec tellement de style. Peu importait les erreurs proférées, seules comptaient son assurance et ses jolies formules.

    Le FAIL des intellos

    Mais sur internet, toute autorité – ou presque – est par principe remise en cause. Si bien que notre homme – l'intellectuel médiatique est rarement une femme – très diplômé, jeune depuis au moins quarante ans, se disant philosophe mais se tenant à l'écart de l'université où il n'est pas étudié, apparaît soudain hors sujet.

    Son travail consiste principalement à écrire des essais pas trop difficiles à lire et à en parler le plus possible dans les médias. Il s'exprime ainsi à la télévision en toutes circonstances sur tous les sujets (élections, Proche-Orient, Islam, école…). Tout terrain. Mais qui se soucie des lubies de bardes nationaux vieillissants sur le World Wide Web ?

    En France, BHL et Alain Finkielkraut continuent de jouer un rôle prépondérant, chacun dans son registre. Mais pour combien de temps encore ? C'est beaucoup plus grave qu'un bug : en langage internet , on appelle ça un FAIL.

    Par Xavier de La Porte et Jade Lindgaard | journalistes | 06/08/2011 | 18H02

    Rue89
    Dernière modification par Gandhi, 06 août 2011, 23h03.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".
Chargement...
X