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Noureddine Legheliel : «L’Algérie peut vendre ses bons de Trésor à la FED».

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  • Noureddine Legheliel : «L’Algérie peut vendre ses bons de Trésor à la FED».

    Noureddine Legheliel analyste boursier pour la banque suédoise Carnegie.

    Dans le bref entretien qu’il nous a accordé, l’analyste boursier Noureddine Legheliel estime que la crise de la dette souveraine aux Etats-Unis peut avoir un impact limité sur les bons du Trésor US.

    L’Algérie n’a pas à s’inquiéter, selon lui, pour ses réserves, d’autant que la FED peut intervenir en rachetant ses T-Bonds pour maintenir leur valeur et les taux d’intérêt. Auquel cas, l’Algérie peut récupérer son argent en permettant le rachat des bons du Trésor qu’elle détient par la FED.

    - L’agence de rating financier Standard & Poors vient de dégrader la note américaine de l’excellent «AAA» à «AA+» pour la première fois de l’histoire des Etats-Unis. Quel impact cela pourrait avoir sur les marchés financiers et sur les titres souverains US ?

    Il faut attendre lundi pour voir et juger la réaction des marchés. Il faudra alors analyser l’évolution des taux d’intérêt, la réaction du dollar ainsi que le marché des CDS (Credit Default Swap) qui est le premier indicateur de solvabilité en plus de la réaction du marché boursier. Il peut y avoir une sur-réaction au départ. Et c’est là qu’on pourra comprendre si les traders ont d’ores et déjà intégré cette annonce dans leurs prévisions de cours ou bien c’est une annonce-surprise. Il est donc dommage que les marchés à terme soient fermés, il faudra donc attendre lundi pour voir la réaction des marchés. Il est sûr qu’il y aura une baisse du dollar. Mais je pense que celui-ci peut bien résister et la menace d’un effondrement est, selon moi, éloignée.

    - Certaines prévisions tablent déjà sur une vente massive des titres souverains américains dès l’ouverture des marchés lundi…

    S’il y a une vente massive des titres souverains américains cela se répercutera directement sur les taux d’intérêt américains qui vont grimper. Mais il s’agira surtout des taux d’intérêt interbancaires internes aux Etats-Unis. Mais on ne peut pas s’avancer tant que les marchés sont fermés.

    - La dégradation de la note souveraine américaine, même si elle est minime, revêt une haute valeur symbolique vu qu’elle remet en cause la sécurité des bons du Trésor américain considérés comme les plus sûrs au monde. Quel est votre commentaire ?

    Justement, la situation actuelle peut créer un effet psychologique, mais limité, d’autant qu’il n’y a que S&P qui a dégradé la note. Ni Fitch Rating ni Moodys, agences beaucoup plus importantes, n’ont suivi le mouvement. Mais on ne peut trop s’avancer actuellement sur ce qui va se passer. Les marchés ne semblent plus réagir à la théorie de l’efficience des marchés selon laquelle les places financières peuvent traiter les données en temps réel. Le meilleur exemple est celui de la réaction des marchés à la crise des dettes souveraines dans la zone euro : il y a eu sur-réaction par rapport à des données déjà connues concernant les dettes souveraines de l’Espagne et de l’Italie. C’est pour cela que je maintiens qu’il faudra attendre lundi pour analyser la réaction des marchés. Tout ce qui ce dit à l’heure actuelle n’est que pure spéculation.

    - Pourquoi Standard & Poors a-t-elle, selon vous, décidé de dégrader la note américaine ?

    Je suis profondément convaincu que les magnats de la finance veulent créer une certaine incertitude sur les marchés, pour faire main basse sur le marché boursier, le marché des devises et les titres souverains dans une moindre mesure.
    Je ne comprends pas cette notation, qui m’a surpris, d’autant que les chiffres de l’emploi américains, publiés hier, ont dépassé les prévisions les plus optimistes. On prévoyait la création de 85 000 emplois, et ce sont 117 000 postes qui ont été créés. Aussi, l’annonce de Standard & Poors est arrivée juste au moment où les places boursières commençaient à se reprendre. Mais juste à l’ouverture de Wall Street, marché leader, toutes les places ont dégringolé. On peut inventer n’importe quel prétexte, mais le résultat est le même : les places financières sont malmenées.

    - La Chine, principal créancier des Etats-Unis, a déjà exhorté l’Etat fédéral américain à revenir au bon sens et vivre selon ses moyens. Cette réaction virulente sème un doute au sein des pays disposant de bons du Trésor US quant à la sécurité de leurs placements. L’Algérie devra-t-elle craindre pour ses réserves de changes ?

    Pour ce qui est du cas de la Chine, il faut rappeler que l’Agence de notation gouvernementale chinoise a déjà dégradé la note souveraine américaine il y a de cela trois jours. Toutefois, les bons du Trésor ne sont pas directement menacés. Ils restent liquides et très attractifs. Aussi, au cas où les incertitudes sur les marchés financiers perduraient, la Réserve fédérale américaine (FED) serait dans l’obligation d’intervenir avec un desserrement monétaire et en baissant le taux d’intérêt grâce au rachat des T-Bonds. Nos bons du Trésor demeurent donc convoités et on peut les vendre, d’autant que la FED peut les racheter. Si l’indice SP arrive en dessous de 1000 points, la FED interviendra automatiquement avec un plan de sauvetage et de stimulation économique. Il n’y pas de quoi trop s’inquiéter. Il n’y a que la presse financière qui entretient un certain sensationnel sur les marchés et en tire énormément profit.

    - Mais est-ce que la FED a les capacités financières nécessaires pour un plan de sauvetage ?

    Ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est que la FED procède tous les trois mois à une vente d’actifs et de bons du Trésor. Elle dispose d’assez de liquidités. Les T-Bonds sont, et je le répète, très liquides.

    Melissa Roumadi - El Watan.
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay
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