Le Soleil Noir de l’Occident se lève sur la Libye
L’intervention occidentale de 2011 en Libye, illustre, jusqu’à la caricature, à la fois l’impérialisme humanitaire dont peuvent faire preuve les démocraties et l’aveuglement plus ou moins volontaire des grands médias démocratiques sur les arrières-pensées géostratégiques, pourtant faciles à déceler, des puissances occidentales. Au moment où nous rédigeons ces lignes les informations sont encore parcellaires et il faut bien se garder de porter un jugement définitif sur les événements qui s’y déroulent. Mais, on peut déjà, à grands traits, et sur la base d’éléments factuels rendus publics, présenter une version des faits radicalement différente de celle qui nous est servie par les protagonistes occidentaux et leurs relais médiatiques.
Tout commence en 2006 quand Kadhafi réprime dans le sang (14 morts parmi les manifestants) une révolte islamiste à Benghazi, avec la bénédiction des Occidentaux qui ont œuvré, depuis 2004, pour faire du dirigeant libyen un homme fréquentable. Quelques années plus tard, mi février 2011, a lieu, toujours à Benghazi, une manifestation des parents des prisonniers ’politiques’ de la révolte de 2006 qui demandent leur libération. À cette occasion, des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre font une dizaine de morts. À partir de là tout s’enchaîne à merveille pour les Occidentaux, qui vont entrer en scène pour impulser le déroulement des événements en leur faveur, après avoir ’subi’ les révoltes arabes de Tunisie et d’Égypte qui ont fait tomber leurs amis autocrates (1).
Très vite on nous présente devant les caméras quelques ’foules’ clairsemées de rebelles qui, curieusement, ressemblent plus à des soldats et à des islamistes poussant à la guerre civile qu’à des étudiants pacifiques réclamant, comme on a pu le voir en Tunisie et en Égypte, la démocratie téléphones portables à la main. On fait illusion avec quelques centaines de personnes pour annoncer un soulèvement général qui n’a pas lieu. Le soulèvement est circonscrit à une ou deux villes (principalement Benghazi et Derna, toutes deux situées en Cyrénaïque) connues pour leur insoumission au pouvoir central et leur proximité avec les mouvements islamistes les plus extrémistes de la région (2). Al Jazeera, chaîne d’un émir du Qatar (précieux allié des États-Unis dans la péninsule arabique) qui avait pourtant couvert très largement les révoltes arabes en Tunisie et en Égypte, est incapable de nous montrer les foules en délires démocratiques à Benghazi ou ailleurs sur le territoire libyen. Au lieu de cela, on voit quelques rebelles de Benghazi maniant des armes lourdes ou conduisant des chars et l’ancien ministre du Protocole de Kadhafi, Nuri Mesmari, sur fond de Tour Eiffel, appelant à la révolution contre son ancien maître, au nom de droits de l’homme qu’il n’a jamais défendus : celui-ci s’est réfugié en France en novembre 2010, plusieurs mois avant que le vent de révolte ne porte le trouble dans les oligarchies arabes. La chaîne qatarie affirme que le 21 février des avions et des hélicoptères de Kadhafi auraient ouvert le feu contre des manifestants, sans, cependant, pouvoir fournir une seule image pour appuyer ses affirmations, en dépit de la présence sur place de ses journalistes. Pour prix de sa coopération avec les insurgés de Benghazi, Al Jazeera sera, quelques semaines plus tard, mandatée par les rebelles pour créer une nouvelle chaîne nationale libyenne.
On reconnaît (dès le 10 mars 2011 pour la France (3)) un Conseil National de Transition, formation politique hétéroclite qui se divise en deux parties inconciliables : d’un côté, les anciens cadres de Kadhafi ayant senti le vent tourner et plutôt de tendance laïque (dont le Ministre de la Justice du dictateur jusqu’au 21 février 2011, Mustafa Abdel Jalil, Ministre qui avait supervisé, avec le Ministre de l’Intérieur, la torture des infirmières Bulgares libérées grâce à l’intervention de Nicolas Sarkozy et qui a été désigné par Amnesty International comme un homme particulièrement infréquentable ; et Abdul Fatah Younis, ancien Ministre de l’Intérieur de Kadhafi et auparavant chef de la police politique) ; de l’autre, des fondamentalistes (4) qui réclament la Charia (dont l’un des principaux dirigeants du Conseil, al-Hasidi) et dont les mouvements ont fourni les plus importants contingents de djihadistes en Irak de la part d’un pays étranger (5). Ni les uns ni les autres n’ont un passé de militants des droits de l’homme, mais qu’importe, les démocraties savent transformer le djihadiste en démocrate, l’islamiste terroriste en musulman modéré ami de l’Occident s’il le faut. D’une certaine manière, les rebelles libyens ressemblent aux rebelles kosovars, mafieux avérés et terroristes reconnus, mais amis providentiels instrumentalisés par l’Occident pour appuyer leurs guerres. Les Occidentaux semblent, en outre, rejouer en Libye le pari afghan : on s’allie avec l’ennemi de demain pour combattre l’ennemi d’aujourd’hui (sauf que l’ennemi de demain - les islamistes - c’est déjà l’ennemi d’aujourd’hui, du moins si l’on en croit les raisons de notre présence en Afghanistan !). Que des membres éminents du Conseil National de Transition aient des liens avec les mouvances terroristes islamistes et peut-être, même, avec al-Qaïda, ne semble guère émouvoir nos experts en géostratégie et spécialistes de la guerre contre le terrorisme.
On passe un marché avec certains membres de la Ligue des États Arabes (6) pour donner l’impression que le monde arabe est derrière l’intervention occidentale : on oublie de mentionner que la Ligue des États Arabes est un club de dictateurs dont l’Arabie Saoudite est l’un des membres les plus influents et que cette dernière, en échange d’une acceptation de principe, a été mandatée pour aller écraser dans le sang, au même instant, une autre révolte populaire, au Bahreïn, celle-ci réelle et de grande ampleur, avec la bénédiction des Occidentaux, dans le silence médiatique le plus total. Il était inconcevable pour les États-Unis et l’Arabie Saoudite de laisser les dirigeants sunnites du Bahreïn céder aux revendications des foules chiites -70% de la population- vues comme les alliées potentielles des Iraniens. Rappelons également que le Bahreïn est le port d’attache de la 5ème flotte américaine. Les militants des droits de l’homme du Bahreïn ont été arrêtés, torturés et exécutés. Les dirigeants de l’opposition et les principaux représentants des manifestations vont bientôt être jugés et sans doute condamnés à mort. Le 19 mai 2011, le prince régnant du Bahreïn était chaleureusement accueilli par le premier Ministre Britannique au 10 Downing Street pour parler des affaires du monde, comme si de rien n’était. On prend également soin de ne pas mentionner que seulement 9 des 22 membres de la Ligue des États Arabes ont donné leur accord pour ’une zone d’exclusion aérienne’ afin de protéger les populations civiles qui seraient la cibles des folies de son dirigeant (les autres membres étant absents lors du vote). Ils n’ont, par ailleurs, jamais donné leur accord pour une intervention au sol de l’OTAN (sans doute inévitable), ni pour armer la rébellion (une réalité dès le début du conflit (7)).
On sur-représente un soulèvement pour rendre nécessaire une intervention que l’on qualifie dans un premier temps d’humanitaire et que l’on prétend limitée à un pont aérien destiné à protéger les civils des bombardements du dictateur. On jure que ce seront les Nations unies qui interviendront et qu’il n’y aura pas de troupes au sol. On annonce et répète en boucle sur tous les médias que les bombardements de Kadhafi ont fait plus de 6000 morts en quelques jours (dont 3000 à Tripoli (8)). Le nombre de ’6000’ morts a été avancé dès le 2 mars 2011 par le tout nouveau porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l’Homme, Ali Zeidan, à ce point proche de la rébellion qu’il est également le porte-parole du Conseil National de Transition ! Quelques jours plus tôt (le 28 février), pressentant sans doute qu’un ’génocide’ serait en cours, on fait entrer en scène l’ONU, par l’intermédiaire de son Secrétaire Général, Ban Ki-moon, qui, à la sortie d’une visite du mémorial sur l’Holocauste à Washington, fait une déclaration dans laquelle il ose un parallèle entre les bombardements supposés du régime libyen sur son peuple et le génocide perpétré par les nazis (9). Il annoncera plus tard que le Conseil de Sécurité des Nations unies devra également poursuivre le tyran devant la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité (ce qui sera chose faite avant la fin du mois de mai 2011, le Conseil de Sécurité ayant saisi le Procureur de la Cour - Luis Moreno-Ocampo - à cet effet, Procureur qui s’exécutera immédiatement).
Qu’importe que, quelques semaines plus tard, on apprenne que les bombardements contre les foules démocratiques n’ont pas eu lieu. Le spectre de Timisoara (les fameux faux charniers du dictateur roumain Ceauşescu) est de retour. Mais les médias dominants ne reprendront pas la nouvelle. On ne niera pas la répression sanglante, mais il convient d’en mesurer la portée : puisque Kadhafi était devenu l’ami des Occidentaux, c’est que nous avions pardonné son passé (à tort d’ailleurs). Ainsi, l’intervention de 2011 n’est pas basée sur ses crimes passés qui ont, en quelque sorte, été absous par les Occidentaux, mais sur la répression supposée de la rébellion de Benghazi et les ’6000’ victimes qui en ont résulté. Mais, on le sait, les chiffres ont été manipulés (10) et la répression peut, d’une certaine manière, être analysée comme une réponse à un défi militaire orchestré par des Occidentaux appuyant un clan non-démocratique dans le cadre d’une guerre civile provoquée. Face à deux mouvances non-démocratiques, toutes deux responsables de crimes de guerre (11), pourquoi les Occidentaux devraient-ils choisir l’un des deux camps ? Ne peuvent-ils pas se contenter d’appuyer des forces démocratiques crédibles sans vouloir en tirer un profit géopolitique pour eux-mêmes ? Les opinions publiques occidentales, sont, sans aucun doute, prêtes à aider les démocrates sincères des révoltes arabes, sans réclamer en échange autre chose qu’un peu de reconnaissance et le témoignage de l’amitié entre les peuples.
L’intervention occidentale de 2011 en Libye, illustre, jusqu’à la caricature, à la fois l’impérialisme humanitaire dont peuvent faire preuve les démocraties et l’aveuglement plus ou moins volontaire des grands médias démocratiques sur les arrières-pensées géostratégiques, pourtant faciles à déceler, des puissances occidentales. Au moment où nous rédigeons ces lignes les informations sont encore parcellaires et il faut bien se garder de porter un jugement définitif sur les événements qui s’y déroulent. Mais, on peut déjà, à grands traits, et sur la base d’éléments factuels rendus publics, présenter une version des faits radicalement différente de celle qui nous est servie par les protagonistes occidentaux et leurs relais médiatiques.
Tout commence en 2006 quand Kadhafi réprime dans le sang (14 morts parmi les manifestants) une révolte islamiste à Benghazi, avec la bénédiction des Occidentaux qui ont œuvré, depuis 2004, pour faire du dirigeant libyen un homme fréquentable. Quelques années plus tard, mi février 2011, a lieu, toujours à Benghazi, une manifestation des parents des prisonniers ’politiques’ de la révolte de 2006 qui demandent leur libération. À cette occasion, des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre font une dizaine de morts. À partir de là tout s’enchaîne à merveille pour les Occidentaux, qui vont entrer en scène pour impulser le déroulement des événements en leur faveur, après avoir ’subi’ les révoltes arabes de Tunisie et d’Égypte qui ont fait tomber leurs amis autocrates (1).
Très vite on nous présente devant les caméras quelques ’foules’ clairsemées de rebelles qui, curieusement, ressemblent plus à des soldats et à des islamistes poussant à la guerre civile qu’à des étudiants pacifiques réclamant, comme on a pu le voir en Tunisie et en Égypte, la démocratie téléphones portables à la main. On fait illusion avec quelques centaines de personnes pour annoncer un soulèvement général qui n’a pas lieu. Le soulèvement est circonscrit à une ou deux villes (principalement Benghazi et Derna, toutes deux situées en Cyrénaïque) connues pour leur insoumission au pouvoir central et leur proximité avec les mouvements islamistes les plus extrémistes de la région (2). Al Jazeera, chaîne d’un émir du Qatar (précieux allié des États-Unis dans la péninsule arabique) qui avait pourtant couvert très largement les révoltes arabes en Tunisie et en Égypte, est incapable de nous montrer les foules en délires démocratiques à Benghazi ou ailleurs sur le territoire libyen. Au lieu de cela, on voit quelques rebelles de Benghazi maniant des armes lourdes ou conduisant des chars et l’ancien ministre du Protocole de Kadhafi, Nuri Mesmari, sur fond de Tour Eiffel, appelant à la révolution contre son ancien maître, au nom de droits de l’homme qu’il n’a jamais défendus : celui-ci s’est réfugié en France en novembre 2010, plusieurs mois avant que le vent de révolte ne porte le trouble dans les oligarchies arabes. La chaîne qatarie affirme que le 21 février des avions et des hélicoptères de Kadhafi auraient ouvert le feu contre des manifestants, sans, cependant, pouvoir fournir une seule image pour appuyer ses affirmations, en dépit de la présence sur place de ses journalistes. Pour prix de sa coopération avec les insurgés de Benghazi, Al Jazeera sera, quelques semaines plus tard, mandatée par les rebelles pour créer une nouvelle chaîne nationale libyenne.
On reconnaît (dès le 10 mars 2011 pour la France (3)) un Conseil National de Transition, formation politique hétéroclite qui se divise en deux parties inconciliables : d’un côté, les anciens cadres de Kadhafi ayant senti le vent tourner et plutôt de tendance laïque (dont le Ministre de la Justice du dictateur jusqu’au 21 février 2011, Mustafa Abdel Jalil, Ministre qui avait supervisé, avec le Ministre de l’Intérieur, la torture des infirmières Bulgares libérées grâce à l’intervention de Nicolas Sarkozy et qui a été désigné par Amnesty International comme un homme particulièrement infréquentable ; et Abdul Fatah Younis, ancien Ministre de l’Intérieur de Kadhafi et auparavant chef de la police politique) ; de l’autre, des fondamentalistes (4) qui réclament la Charia (dont l’un des principaux dirigeants du Conseil, al-Hasidi) et dont les mouvements ont fourni les plus importants contingents de djihadistes en Irak de la part d’un pays étranger (5). Ni les uns ni les autres n’ont un passé de militants des droits de l’homme, mais qu’importe, les démocraties savent transformer le djihadiste en démocrate, l’islamiste terroriste en musulman modéré ami de l’Occident s’il le faut. D’une certaine manière, les rebelles libyens ressemblent aux rebelles kosovars, mafieux avérés et terroristes reconnus, mais amis providentiels instrumentalisés par l’Occident pour appuyer leurs guerres. Les Occidentaux semblent, en outre, rejouer en Libye le pari afghan : on s’allie avec l’ennemi de demain pour combattre l’ennemi d’aujourd’hui (sauf que l’ennemi de demain - les islamistes - c’est déjà l’ennemi d’aujourd’hui, du moins si l’on en croit les raisons de notre présence en Afghanistan !). Que des membres éminents du Conseil National de Transition aient des liens avec les mouvances terroristes islamistes et peut-être, même, avec al-Qaïda, ne semble guère émouvoir nos experts en géostratégie et spécialistes de la guerre contre le terrorisme.
On passe un marché avec certains membres de la Ligue des États Arabes (6) pour donner l’impression que le monde arabe est derrière l’intervention occidentale : on oublie de mentionner que la Ligue des États Arabes est un club de dictateurs dont l’Arabie Saoudite est l’un des membres les plus influents et que cette dernière, en échange d’une acceptation de principe, a été mandatée pour aller écraser dans le sang, au même instant, une autre révolte populaire, au Bahreïn, celle-ci réelle et de grande ampleur, avec la bénédiction des Occidentaux, dans le silence médiatique le plus total. Il était inconcevable pour les États-Unis et l’Arabie Saoudite de laisser les dirigeants sunnites du Bahreïn céder aux revendications des foules chiites -70% de la population- vues comme les alliées potentielles des Iraniens. Rappelons également que le Bahreïn est le port d’attache de la 5ème flotte américaine. Les militants des droits de l’homme du Bahreïn ont été arrêtés, torturés et exécutés. Les dirigeants de l’opposition et les principaux représentants des manifestations vont bientôt être jugés et sans doute condamnés à mort. Le 19 mai 2011, le prince régnant du Bahreïn était chaleureusement accueilli par le premier Ministre Britannique au 10 Downing Street pour parler des affaires du monde, comme si de rien n’était. On prend également soin de ne pas mentionner que seulement 9 des 22 membres de la Ligue des États Arabes ont donné leur accord pour ’une zone d’exclusion aérienne’ afin de protéger les populations civiles qui seraient la cibles des folies de son dirigeant (les autres membres étant absents lors du vote). Ils n’ont, par ailleurs, jamais donné leur accord pour une intervention au sol de l’OTAN (sans doute inévitable), ni pour armer la rébellion (une réalité dès le début du conflit (7)).
On sur-représente un soulèvement pour rendre nécessaire une intervention que l’on qualifie dans un premier temps d’humanitaire et que l’on prétend limitée à un pont aérien destiné à protéger les civils des bombardements du dictateur. On jure que ce seront les Nations unies qui interviendront et qu’il n’y aura pas de troupes au sol. On annonce et répète en boucle sur tous les médias que les bombardements de Kadhafi ont fait plus de 6000 morts en quelques jours (dont 3000 à Tripoli (8)). Le nombre de ’6000’ morts a été avancé dès le 2 mars 2011 par le tout nouveau porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l’Homme, Ali Zeidan, à ce point proche de la rébellion qu’il est également le porte-parole du Conseil National de Transition ! Quelques jours plus tôt (le 28 février), pressentant sans doute qu’un ’génocide’ serait en cours, on fait entrer en scène l’ONU, par l’intermédiaire de son Secrétaire Général, Ban Ki-moon, qui, à la sortie d’une visite du mémorial sur l’Holocauste à Washington, fait une déclaration dans laquelle il ose un parallèle entre les bombardements supposés du régime libyen sur son peuple et le génocide perpétré par les nazis (9). Il annoncera plus tard que le Conseil de Sécurité des Nations unies devra également poursuivre le tyran devant la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité (ce qui sera chose faite avant la fin du mois de mai 2011, le Conseil de Sécurité ayant saisi le Procureur de la Cour - Luis Moreno-Ocampo - à cet effet, Procureur qui s’exécutera immédiatement).
Qu’importe que, quelques semaines plus tard, on apprenne que les bombardements contre les foules démocratiques n’ont pas eu lieu. Le spectre de Timisoara (les fameux faux charniers du dictateur roumain Ceauşescu) est de retour. Mais les médias dominants ne reprendront pas la nouvelle. On ne niera pas la répression sanglante, mais il convient d’en mesurer la portée : puisque Kadhafi était devenu l’ami des Occidentaux, c’est que nous avions pardonné son passé (à tort d’ailleurs). Ainsi, l’intervention de 2011 n’est pas basée sur ses crimes passés qui ont, en quelque sorte, été absous par les Occidentaux, mais sur la répression supposée de la rébellion de Benghazi et les ’6000’ victimes qui en ont résulté. Mais, on le sait, les chiffres ont été manipulés (10) et la répression peut, d’une certaine manière, être analysée comme une réponse à un défi militaire orchestré par des Occidentaux appuyant un clan non-démocratique dans le cadre d’une guerre civile provoquée. Face à deux mouvances non-démocratiques, toutes deux responsables de crimes de guerre (11), pourquoi les Occidentaux devraient-ils choisir l’un des deux camps ? Ne peuvent-ils pas se contenter d’appuyer des forces démocratiques crédibles sans vouloir en tirer un profit géopolitique pour eux-mêmes ? Les opinions publiques occidentales, sont, sans aucun doute, prêtes à aider les démocrates sincères des révoltes arabes, sans réclamer en échange autre chose qu’un peu de reconnaissance et le témoignage de l’amitié entre les peuples.
Des milliers de morts à Benghazi ou une centaine ? : « Je suis arrivée fin février, ce n’était pas encore la guerre mais c’était le plus fort de la répression des manifestations. A Al-Baïda, une soixantaine de personnes sont mortes et à Benghazi, entre 100 et 110 personnes ont été tuées. C’est beaucoup, c’est grave mais ce ne sont pas les milliers de morts annoncés ».
Donatella Rovera, conseillère sur la réaction aux crises à Amnesty International, 16 juin 2011, Rue89 (12)
Guillaume DE ROUVILLE
Donatella Rovera, conseillère sur la réaction aux crises à Amnesty International, 16 juin 2011, Rue89 (12)
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