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    Le jazz est né au XIXe siècle dans les bas-fonds de la Nouvelle-Orléans. A l’époque, il a été considéré comme un genre mineur fait uniquement par et pour les Noirs. Aujourd’hui, il est devenu une musique universelle très appréciée à travers toute la planète. Dans le même sillage est apparu au XXe siècle, dans l’Ouest algérien, un genre musical considéré alors à tort comme vulgaire.



    Dès l’indépendance, il était interdit à la radio et à la télévision algériennes. Pourtant, le raï va exploser dans les années 1980 au point de prendre une dimension internationale. C’est à partir de la France, et non de l’Algérie, qu’il s’est épanoui. Et il a fallu que le monde se mette à danser à son rythme pour que l’Algérie officielle finit par l’admettre dans ses médias. Le raï avait un créateur : il s’appelait cheikha Remitti. Tous les raïmen se reconnaissent en elle. C’est à elle qu’ils doivent d’être devenus des vedettes internationales. Elle est devenue une diva que le terrorisme islamiste a obligé à s’expatrier. A partir de Paris, elle a porté haut les couleurs de son pays. Il y a à peine une dizaine de jours, elle a donné un concert retentissant au Zenith, une salle qui n’accueille que les stars. Durant la guerre de Libération, elle s’était déjà distinguée en célébrant la Révolution avec des chansons comme Oued Chouli, vantant le courage du chahid Raïs Benallel lors d’une bataille près de Maghnia, ou encore Naouri ya el ghaba wa dargui el moudjahidine. Cette « pasionaria terrible », comme l’a surnommée la presse française, vient de s’éteindre. Un hommage particulier et émouvant lui a été rendu par le ministre français de la Culture. Etrangement, et jusqu’à hier soir, aucune réaction officielle algérienne n’a été enregistrée. On savait nos officiels peu enclins à manifester du respect pour la culture nationale. On les a vus après l’assassinat de Matoub Lounès. On a été étonné de leur silence après l’entrée de Assia Djebbar à la prestigieuse Académie française alors qu’on aurait dû lui dérouler rapidement le tapis rouge et exprimer notre fierté. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Est-ce dû à l’inculture du pouvoir algérien ? Il est vrai aussi que ce dernier accepte difficilement d’encenser des lauriers s’ils ne viennent pas de lui. Depuis l’Indépendance, il a fait la chasse aux hommes et aux femmes de culture parce qu’il estimait qu’ils pouvaient lui faire de l’ombre, voire le gêner dans sa politique. Kateb Yacine, Mouloud Mammeri et d’autres encore ont connu l’ostracisme. Cheikha Remitti ne pouvait échapper à la règle.

    Tayeb Belghiche (edito de El Watan du 17 mai 2006)

    CHEIKHA REMITI

  • #2
    rabi yarhamha wa yaghfralha


    "Il y a bien moins d'ingrats qu'on ne croit, car il y a bien moins de généreux qu'on ne pense," Charles-Denis de Saint-Evremond, 1613-1703
    « Puis-je rendre ma vie
    Semblable à une flûte de roseau
    Simple et droite
    Et toute remplie de musique »

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