Par Othmane ZAKARIA
Jeudi, 04 Août 2011 10:00
Nos réserves de changes s’effritent, c’est désormais un fait. Elles sont descendues sous la barre inquiétante des six mois d'importations. Et tout semble indiquer que cette descente (aux enfers ?) est loin d’être finie. Une tendance qui d’ailleurs touche directement le système bancaire national, et dans une mesure encore plus lourde, pour le moins sur le papier.
La dégradation des réserves des autres institutions de dépôt, banques en tête, est effectivement plus marquée comme ce qui transparaît dans la dernière publication de Bank Al-Maghrib sur les statistiques monétaires. À fin juin 2011, les avoirs extérieurs nets des autres institutions de dépôt ont accusé une chute de 76,4%, relativement au même mois de 2010. Encore plus inquiétant, la dégradation de ce poste s’est accélérée. 31,6% d’avoirs extérieurs nets en moins sur un seul mois, de mai à juin 2011, soit plus de la moitié de la dégradation observée depuis le début de l’année en cours (-60%).
Le solde est ainsi passé de près de 8,6 milliards de dirhams en juin 2010 à 2 milliards à peine une année plus tard ! Encore plus parlant, sur les seuls dépôts en devises, la détérioration s'est élevée à -42,9% sur la même période, mais elle s’est toutefois redressée entre mai et juin 2011.
Il faut également dire que cette variation est d’autant plus significative que les dépôts en devises auprès des banques ont connu un trend nettement haussier depuis 2001, malgré une volatilité caractéristique de cet agrégat. Depuis cette date, jamais une baisse aussi importante n’a été enregistrée en glissement annuel.
L'assouplissement en question ?
Mise à part les pressions grandissantes sur les réserves, notamment induites par le déficit budgétaire s'accentuant ainsi qu’un déficit commercial se creusant inexorablement, n’oublions pas les nouveautés de taille apportées par la loi de finances 2011, et assouplissant la politique de change pratiquée. La première concerne le plafond des sommes que les entreprises sont autorisées à investir au-delà des frontières qui sont désormais de 100 MDH quand l’investissement est réalisé en Afrique et 50 millions de dirhams lorsque l’investissement est réalisé ailleurs. De même, la dotation annuelle en devises accordée aux entreprises par l’Office des changes est passée à 200.000 dirhams.
Aussi, au lieu des 50% autorisés de leurs recettes d’exportations rapatriées, les exportateurs ont vu cette quotité monter à 70%. Les particuliers pour leur part ont vu leur dotation touristique annuelle doublée à 40.000 dirhams. Cet assouplissement a-t-il contribué à la dégradation des indicateurs de changes, aussi bien nationaux que bancaires en particulier ?
Ces aménagements qui, il est vrai, ont été très bien accueillis aussi bien par les professionnels que par les particuliers, tombent néanmoins mal, compte tenu de la conjoncture budgétaire et monétaire. Mais est-ce au point de les remettre en question dans la loi de finances de 2012 ? Ce sera le cas si l’accélération de la dégradation de nos réserves en devises se poursuit au point d’atteindre un degré critique, menaçant la sécurisation des approvisionnements, notamment en énergie, incontestablement le plus gros poste à l’import. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là, et l’exercice périlleux de la future loi de finances devra apporter des réponses d’urgence, tout autant que les banques devront ajuster leurs stratégies de gestion des actifs en devises.
Les Echos
Jeudi, 04 Août 2011 10:00
Nos réserves de changes s’effritent, c’est désormais un fait. Elles sont descendues sous la barre inquiétante des six mois d'importations. Et tout semble indiquer que cette descente (aux enfers ?) est loin d’être finie. Une tendance qui d’ailleurs touche directement le système bancaire national, et dans une mesure encore plus lourde, pour le moins sur le papier.
La dégradation des réserves des autres institutions de dépôt, banques en tête, est effectivement plus marquée comme ce qui transparaît dans la dernière publication de Bank Al-Maghrib sur les statistiques monétaires. À fin juin 2011, les avoirs extérieurs nets des autres institutions de dépôt ont accusé une chute de 76,4%, relativement au même mois de 2010. Encore plus inquiétant, la dégradation de ce poste s’est accélérée. 31,6% d’avoirs extérieurs nets en moins sur un seul mois, de mai à juin 2011, soit plus de la moitié de la dégradation observée depuis le début de l’année en cours (-60%).
Le solde est ainsi passé de près de 8,6 milliards de dirhams en juin 2010 à 2 milliards à peine une année plus tard ! Encore plus parlant, sur les seuls dépôts en devises, la détérioration s'est élevée à -42,9% sur la même période, mais elle s’est toutefois redressée entre mai et juin 2011.
Il faut également dire que cette variation est d’autant plus significative que les dépôts en devises auprès des banques ont connu un trend nettement haussier depuis 2001, malgré une volatilité caractéristique de cet agrégat. Depuis cette date, jamais une baisse aussi importante n’a été enregistrée en glissement annuel.
L'assouplissement en question ?
Mise à part les pressions grandissantes sur les réserves, notamment induites par le déficit budgétaire s'accentuant ainsi qu’un déficit commercial se creusant inexorablement, n’oublions pas les nouveautés de taille apportées par la loi de finances 2011, et assouplissant la politique de change pratiquée. La première concerne le plafond des sommes que les entreprises sont autorisées à investir au-delà des frontières qui sont désormais de 100 MDH quand l’investissement est réalisé en Afrique et 50 millions de dirhams lorsque l’investissement est réalisé ailleurs. De même, la dotation annuelle en devises accordée aux entreprises par l’Office des changes est passée à 200.000 dirhams.
Aussi, au lieu des 50% autorisés de leurs recettes d’exportations rapatriées, les exportateurs ont vu cette quotité monter à 70%. Les particuliers pour leur part ont vu leur dotation touristique annuelle doublée à 40.000 dirhams. Cet assouplissement a-t-il contribué à la dégradation des indicateurs de changes, aussi bien nationaux que bancaires en particulier ?
Ces aménagements qui, il est vrai, ont été très bien accueillis aussi bien par les professionnels que par les particuliers, tombent néanmoins mal, compte tenu de la conjoncture budgétaire et monétaire. Mais est-ce au point de les remettre en question dans la loi de finances de 2012 ? Ce sera le cas si l’accélération de la dégradation de nos réserves en devises se poursuit au point d’atteindre un degré critique, menaçant la sécurisation des approvisionnements, notamment en énergie, incontestablement le plus gros poste à l’import. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là, et l’exercice périlleux de la future loi de finances devra apporter des réponses d’urgence, tout autant que les banques devront ajuster leurs stratégies de gestion des actifs en devises.
Les Echos
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