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La Suisse menacée par son propre franc

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  • La Suisse menacée par son propre franc

    Une économie solide, un gouvernement stable et un faible taux d'endettement : trois critères qui suffisent à rassurer les marchés. Depuis le début de l'année, le franc suisse qui, comme l'or, fait office de valeur refuge, connaît logiquement un fort succès auprès des investisseurs... ce qui commence à effrayer la Confédération.

    Comparée à des pays dont les dettes publiques atteignent des proportions records (85 % du PIB pour la France, 100 % pour les Etats-Unis, 120 % pour l'Italie, 144 % pour la Grèce...), la Suisse fait en effet figure de modèle avec une dette d'à peine 39 % du PIB. Ainsi, selon Jan-Egbert Sturm, responsable de l'institut de recherche économique KOF, les investisseurs placent leur argent en franc suisse parce que les autres devises "risquent tout simplement de subir un défaut [de paiement de dette publique] d'une manière ou d'une autre".


    Depuis le début de l'année, la monnaie helvétique a pris 13 % face à l'euro et 18 % face au dollar. Et, depuis le début de cette semaine – conséquence de l'abaissement de la note des Etats-Unis – le cours a même embrassé une courbe pratiquement exponentielle, avec une augmentation de 6,7 % entre le 5 et le 10 août, allant jusqu'à frôler la parité avec l'euro.


    TOURISME ET INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS AFFECTÉS


    Pourtant, cette situation risque plus de nuire que de profiter à la Confédération. Les entreprises helvétiques voient ainsi leurs marges et leur compétitivité se réduire au fur et à mesure que le franc grimpe. La majorité des sociétés suisses a déjà publié des résultats trimestriels affectés par le renchérissement du franc.


    L'entreprise suisse Nestlé, par exemple, a annoncé le 10 août une croissance du chiffre d'affaire au premier semestre 2011 de 7,5 %, mais tout de même en recul de 12,9 % par rapport au premier semestre 2010, principalement en raison de l'effet de change négatif.



    Mais c'est le secteur touristique qui a le plus à perdre dans une trop forte hausse du franc. Selon l'agence télégraphique suisse, principale agence de presse du pays, le tourisme a été fortement freiné par la cherté du franc pour la saison d'hiver 2010/2011. Si les hôtes suisses ont accru leurs réservations (+ 1,2 % à 7,1 millions de nuits), les voyageurs étrangers étaient beaucoup moins enthousiastes (- 2,2 % à 8,8 millions et - 5,1 % pour les seuls touristes européens).


    POSSIBILITÉ D'UN ARRIMAGE À L'EURO


    En conséquence, la peur du chômage gagne du terrain. Le 7 août, un responsable du secrétariat à l'économie suisse, Serge Gaillard, a déclaré à la presse que le chômage risque d'augmenter si le franc ne retrouve pas ses niveaux de début juillet, et que, même à de tels niveaux, une hausse est attendue à l'automne. "Si le taux de change reste à ce niveau, nous devons prévoir un grand nombre de délocalisations et des licenciements, principalement dans l'industrie des machines", a-t-il indiqué dans une interview accordée au journal suisse NZZ am Sonntag.


    La Banque nationale suisse (BNS), qui a accusé elle-même une perte nette de 10,8 milliards de francs au premier semestre 2011 (contre un résultat négatif de 2,78 milliards un an plus tôt) a donc dû prendre des mesures. Le 3 août, elle a ainsi abaissé ses taux directeurs. Mais l'impact sur le franc suisse a été de courte durée : deux jours après, Standard & Poor's abaissait la note des Etats-Unis et le franc suisse repartait à la hausse. Le 10 août, la BNS a donc pris la décision d'injecter des liquidités pour enrayer la progression de sa monnaie.


    Dans un communiqué, la BNS se montrait pour le moins alarmiste : "L'extrême surévaluation du franc suisse constitue une menace pour l'évolution de l'économie de la Suisse et a encore accru les risques à la baisse qui pèsent sur la stabilité des prix." Le lendemain, elle allait jusqu'à évoquer la possibilité d'un arrimage à l'euro. C'est à dire fixer le taux du franc suisse par rapport à celui de l'euro, comme le font déjà le Danemark, la Bulgarie, la Lituanie ou l'Estonie.


    PAYER TOUS LES SALARIÉS EN EURO ?


    "Nous vérifions (...) une série de mesures supplémentaires de politique monétaire", a déclaré le vice-président de la BNS, Thomas Jordan, dans un entretien au quotidien zurichois Tages-Anzeiger, évoquant ainsi à demi-mot la possibilité d'un arrimage du franc, réclamé par une partie de la classe politique et des acteurs économiques.


    Le franc suisse a fini par décrocher, jeudi 11 août. En fin d'après-midi, il accusait une baisse de 6 % par rapport à l'euro. Mais, malgré ce recul par rapport aux sommets atteints en début de semaine, les analystes demeuraient sceptiques quant à la pérennité de ces mesures.


    Des chefs d'entreprises, échaudés par le problème des embauches de travailleurs transfrontaliers, ont même évoqué l'idée de payer tous leurs employés en euros, ou en fonction des cours de l'euro. Car le droit suisse ne permet pas de faire de distinction entre frontaliers et travailleurs habitant en Suisse ; tous sont payés en franc suisse et les travailleurs français ou allemands gagnent largement au change quand le franc suisse est fort. Cependant, Blaise Matthey, directeur général de la Fédération des entreprises romandes, l'a reconnu lui-même : "Quand l'euro était au plus haut, personne ne pensait offrir des compensations aux frontaliers ..."


    Hélène Bekmezian

    le monde

  • #2
    travailleurs français ou allemands gagnent largement au change quand le franc suisse est fort.
    http://www.tsr.ch/video/info/journal-19h30/#id=3325331

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