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les chrétiens syriens redoutent la « dérive islamiste de la rébellion »

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    les chrétiens syriens redoutent la « dérive islamiste de la rébellion »

    Mgr Younan et Benoït XVI : une mise en garde très claire - et oubliée - à Juppé et à l'Union européenne

    Intéressant article que celui que publie, ce 15 août, l’envoyé spécial de Radio France International à Damas – tiens, encore un journaliste étranger en Syrie ? – et qui pointe l’inquiétude croissante des quelque deux millions de chrétiens de Syrie face à « la tournure religieuse de certaines manifestations ». En effet, comme l’écrit Paul Khalifeh, ceux-ci « soupçonnent une dérive islamiste du mouvement de contestation », mouvement qu’un certain nombre d’entre eux jugent cependant « légitime ».

    Des raisons objectives et immédiates de s’inquiéter
    Mais les chrétiens de Syrie, pro ou anti-Bachar, sont bien obligés de voir que le gros de la mobilisation se fait « à la sortie des mosquées », et d’entendre « certains slogans » en effet inquiétants. Comme le dit Nabil Haddad, commerçant de Damas : « Malheureusement, nous sommes confrontés à un mouvement qui montre son visage. Quand tous ces mouvements sortent des mosquées après la prière du vendredi en disant « Il n’y a de Dieu que Dieu », c’est un mouvement qui a une connotation très troublante, confessionnelle. » Et Nabil Haddad de dire que cette connotation confessionnelle « prend de plus en plus un visage menaçant » qui fait que les chrétiens « commencent à avoir peur qu’il y ait une prise de pouvoir d’un mouvement intégriste ». Haddad indique que cette crainte fait l’objet de nombreuses conversations au sein de sa communauté à Damas. Dont certains mettent tout leur espoir dans une sorte de conjonction des bonnes volontés : pour Samia Khanji, autre chrétienne damascène, il faudrait que la contestation essaye « d’être plus modérée et le régime moins violent », ce « pour rapprocher les deux parties ».

    Evidemment, l’ombre plus que portée des Frères musulmans sur le mouvement anti-Bachar, l’existence de nombreux groupes salafistes assez bien armés et affrontant les forces de l’ordre aux cris de « Allahou akbar ! », les provocations et violences interconfessionnelles à Homs et Hama, l’exemple si proche dans l’espace et le temps de l’Irak ne peuvent qu’alarmer une communauté qui ne voudrait pas un jour être contrainte de quitter un territoire où elle est quand même présente depuis 2 000 ans.

    La mise en garde de Mgr Younan à Juppé
    Le 12 mai dernier, le patriarche syriaque catholique Ignace Younan avait, à l’occasion d’un déplacement en France, rencontré Alain Juppé et lui avait très clairement fait part de son inquiétude quant à l’avenir des chrétiens de Syrie. Voici ce que Mgr Younan avait déclaré aux journalistes à l’issue de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères :

    « L’Europe doit faire attention : on ne peut pas exporter n’importe où la démocratie telle qu’elle est vécue en France ou en Europe occidentale. A mon sens, l’Union européenne ferait mieux de favoriser entre opposants, notamment en Syrie. J’ai expliqué (à Alain Juppé) que nous attendions une évolution raisonnable du régime, avec des réformes concrètes, plutôt qu’une révolution qui risquerait de déclencher une guerre civile atroce, dont on ne mesure pas toutes les répercussions que cela pourrait avoir, notamment au Liban et en Irak. » Et le chef spirituel catholique syrien d’ajouter, pour que les choses soient bien claires :

    « Si Bachar al-Assad est renversé, je crains que le pays ne soit livré au chaos et que la frange sunnite fondamentaliste prenne les rênes du pouvoir (…) Nous qui comprenons l’arabe, nous entendons bien que les prêches des imams hostiles à Bachar al-Assad se réfèrent trop souvent à des versets du Coran qui dénotent une violence envers les autres croyants. »
    Mgr Younan rappelait encore que la Syrie était le pays qui accueillait le plus grand nombre de réfugiés chrétiens irakiens et posait la question – déjà posée évidemment à Juppé : « En cas de chaos, que va-t-il se passer pour ces réfugiés ? » On ne peut pas dire qu’à l’époque (mai), les inquiétudes et mises en garde du patriarche aient été beaucoup relayées par la presse française, qui entamait déjà sa retranscription politiquement correcte des événements de Syrie.
    Bref, il n’y a là rien que nous ne sachions – et n’écrivions – à Infosyrie.fr, depuis le début. Mais on ne peut que féliciter un grand média comme RFI de se faire l’écho d’une question qui n’a apparemment pas encore effleuré le cerveau atlantiste – ou reptilien – d’Alain Juppé.
    Melkite Greek Catholic Church, Damascus, Syria.



    InfoSyrie.fr
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