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Tout pour favoriser la reconduction de l’Alliance présidentielle

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  • Tout pour favoriser la reconduction de l’Alliance présidentielle

    Pour diverses raisons qui restent à élucider, le vent de révolte qui souffle depuis le début de l’année en cours sur les pays arabes a, à l’évidence, eu très peu d’effets sur l’Algérie où le pouvoir en place continue à camper sur ses certitudes et à manœuvrer pour rester aux commandes du pays durant de longues années encore.

    Avec plus de 10 000 émeutes populaires recensées durant l’année 2010, l’Algérie paraissait pourtant être le pays le plus vulnérable aux revendications à caractère politique et social, notamment celles portées par les syndicats autonomes, quelques partis politiques et certaines organisations de défense des droits de l’homme. Favorisées par la prodigieuse manne financière dont elles disposent, les autorités politiques algériennes ont toutefois su répondre favorablement à toutes les revendications à caractère social (relèvement des salaires, mise à niveau des statuts, soutien des prix de certains produits de première nécessité, attributions de logements sociaux, etc.), réduisant du coup le poids des turbulences sociales que certains partis avaient vainement tenté d’exploiter à des fins politiques. Pour empêcher que le vent du printemps arabe ne l’atteigne, le gouvernement algérien a clairement opté pour le traitement suivant, d’une part, répondre rapidement et favorablement aux doléances de nature sociale pour désamorcer l’action syndicale et empêcher qu’elle ne prenne une tournure politique, d’autre part, empêcher violemment, si nécessaire, toute velléité de manifestation à caractère politique, au moyen du dispositif de répression disponible (plus de 170 000 policiers très bien équipés pour réprimer les émeutes).

    Les partis et organisations de défense des droits de l’homme, qui avaient eu le courage d’organiser à Alger et dans d’autres grandes villes du pays des manifestations réclamant davantage de démocratie et des changements systémiques, l’ont appris à leurs dépens.
    Un moment déstabilisé, le gouvernement a repris, dès le rétablissement de l’ordre, l’initiative du pilotage du destin politique du pays, en tentant de proposer un train de réformes aux contours imprécis, vaguement formulées à la faveur de communiqués des Conseils des ministres, mais aussi et surtout à l’occasion du discours prononcé le 15 avril dernier par le président Bouteflika. Il était question de changements, mais on ne sait toujours pas lesquels, à apporter à la Constitution, de nouvelles lois en matière d’élections et de partis politiques, ainsi qu’une éventuelle ouverture, qui n’a du reste pas été effectuée à ce jour, des médias lourds à tous les courants politiques agréés.

    La commission politique, créée à l’effet de recueillir les points de vue des partis et d’un large pan de la société civile algérienne, a fini, il y a quelques semaines, son travail, sans que rien de nouveau eut filtré, mais plus grave encore, sans qu’on eut la certitude que le pouvoir en tiendra compte dans la formulation des réformes qui s’élaborent en vase clos dans les plus hautes sphères du pouvoir. De mauvaises surprises sont donc à craindre, notamment pour tous ceux qui espèrent des ouvertures démocratiques significatives et des changements systémiques importants.

    La morosité ambiante qui prévaut en Algérie, notamment depuis la fin des travaux de la commission Bensalah, peut être interprétée comme un signe de désillusion pour tous ceux qui avaient un moment espéré que les changements souhaités pouvaient être opérés de l’intérieur de ce système à bout de souffle et qui a pourtant intérêt à effectuer de rapides changements, ne serait-ce que pour éviter que les manifestations populaires ne l’emportent.

    La lenteur excessive du gouvernement à mettre en œuvre ne serait-ce que les réformes déjà promises (ouverture des médias lourds à l’opposition, le droit de manifester dans la rue après la levée de l’état d’urgence, etc.), commence déjà à être interprétée par certains partis politique, mais également par de nombreux citoyens, comme une ruse du pouvoir visant, notamment, à ne donner de chance aux prochaines législatives, qui auront lieu dans à peine 9 mois, qu’aux trois partis de l’Alliance présidentielle (FLN, RND, MSP) qui disposent de moyens financiers colossaux et de l’aide multiforme de l’Etat.

    Le but recherché serait, selon des cadres de deux partis de l’opposition que nous avons interrogés sur la question, est de reconduire ce même type d’alliance pour le quinquennat à venir, l’objectif étant de sauver le système politique en place en lui donnant une nouvelle légitimité, quand bien même les partis de l’opposition viendraient à boycotter comme il est du reste très probable cette élection pour laquelle ils ne sont du reste pas préparés. Une fois reconduite, nous affirme un de ces cadres, «le premier geste fort de la nouvelle alliance consistera à exhorter, à grands renforts médiatiques et avec l’aide des organisations satellisées, Abdelaziz Bouteflika à rester aux commandes du pays jusqu’a la fin de son mandat présidentiel».

    A la question de savoir si cette alliance reconstituée pourrait aller jusqu’à demander à Abdelaziz Bouteflika de briguer un 4e mandat présidentiel, un de ces militants nous a répondu par un ironique, «et pourquoi pas, si Dieu lui prête vie». Les trois partis de l’Alliance présidentielle ayant exprimé à l’occasion des échanges de points de vue avec la commission Bensalah une certaine froideur, voire même une franche réticence (cas du FLN et du RND), à l’égard d’une limitation des mandats présidentiels, une telle éventualité ne serait, à l’évidence, pas du tout à exclure.

    Nordine Grim
    Si la vie n'est pas une partie de plaisir, l'alternative est pire.
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