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La position de l'Algérie envers le conflit lybien vu par des experts

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  • La position de l'Algérie envers le conflit lybien vu par des experts

    Lors du conflit libyen, l’Algérie s’est entêtée à soutenir le «guide» de la révolution libyenne Mouammar El Gueddafi, une position qui signe l’échec de la diplomatie algérienne. Tiraillée à l’ouest par sa frontière avec le Maroc et maintenant à l’est avec la Libye, l’Algérie risque de connaître des troubles, selon les experts.

    - Antoine Basbous. Politologue libanais et fondateur de l’Observatoire des pays arabes : L’Algérie pas heureuse de ce changement ...

    «La première conséquence est que l’Algérie a, maintenant, deux voisins arabes qui ont fait la révolution et accédé à de nouvelles gouvernances ; et un troisième qui s’est engagé dans une réforme à froid», estime Antoine Basbous. «Les dirigeants algériens ne doivent pas être très heureux de ces changements qui les déclassent et qui montrent que la révolution algérienne entamée en 1988 n’a toujours pas abouti, plus de vingt ans après», poursuit-il. Y aura-t-il contamination pour autant ? «Pour l’instant, je vois que l’Algérie réagit à toutes les revendications en achetant la paix sociale, sans engager des investissements productifs», dénonce-t-il. «Est-ce suffisant ? Les citoyens n’ont pas gagné en libertés politiques, ni en droits», tranche-t-il. Les récents événements, survenus en Libye, «vont sans doute provoquer une onde de choc profonde, bien que toujours pas perceptible en Algérie», assure le politologue installé en France. «Une situation à méditer, alors que deux pays limitrophes ont changé de cap au moment où l’Algérie demeure inerte.» A ce propos, Antoine Basbous déclare : «Je sais que la population a déjà payé cher ses revendications en 1988 et pendant la décennie noire, mais il faudrait qu’il y ait de véritables réformes et non une distribution de devises à tous ceux qu’on voudrait calmer.»


    Par ailleurs, les tensions entre Alger et le Conseil national de transition sont exacerbées par les atermoiements d’Alger à le reconnaître à la tête de la Libye. Une situation qui «pèsera sans doute sur le ré-enclenchement des relations bilatérales qui ne sont franchement pas bonnes.» Selon lui, «c’est un chantier diplomatique, de voisinage et de fraternité à mettre en place au plus vite, estime-t-il, d’autant plus que les deux pays ont des sujets importants à traiter, notamment, ce qui se rapporte à AQMI».
    En effet, renforcée par ses provisions en Libye aux débuts de la révolution, Al Qaîda au Maghreb a de meilleurs moyens pour sévir. La recrudescence des actes terroristes revendiqués par cette dernière en Kabylie en témoigne, explique le politologue. «AQMI profite des zones de turbulences. Les deux pays doivent au plus vite se réconcilier», déclare-t-il.
    A l’échelle africaine, El Gueddafi était un véritable «rival» pour l’Algérie. «Je pense que sur le plan du rayonnement algérien en Afrique, la disparition d’El Gueddafi et de sa capacité de nuisance peut être une bonne occasion pour l’Algérie pour engager une politique dynamique, occuper le terrain et combler le vide laissé par ce dernier», conclut le fondateur de l’Observatoire des pays arabes.


    - Hasni Abidi. . Directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) : ... et a manqué d’anticipation et de vision

    Pour le politologue Hasni Abidi, la diplomatie algérienne a fait montre sur le cas libyen d’un amateurisme inquiétant. « La diplomatie n’a jamais été dictée par des principes moraux ou politiques et encore moins éthiques, mais elle s’appuie sur la préservation des intérêts de chaque Etat et dans le cas libyen, l’Algérie a été à contre-courant de ses intérêts.» Ce manque de discernement a fait perdre à l’Algérie la possibilité de jouer un rôle comparable à celui tenu par l’Arabie Saoudite lors des événements de Bahreïn. «L’Algérie avait la possibilité de devenir la locomotive du Maghreb et de jouer un rôle prépondérant et de devenir l’interlocuteur privilégié grâce à ses relations privilégiées avec le colonel El Gueddafi et les rebelles du CNT, qui ont, pour la grande majorité d’entre eux, servis l’ancien régime et qui connaissent bien l’Algérie. », analyse le directeur du Cermam.

    Manque de vision et d’anticipation de la part de l’Algérie

    L’Algérie n’a plus la capacité d’agir, elle va plutôt subir les conséquences de ses positions lors du conflit Libyen. Pour le politologue Hasni Abidi, l’Algérie va y laisser des plumes et va se retrouver rapidement en concurrence directe avec le nouveau régime libyen dans la région. «Le changement de régime en Libye ne peut que favoriser les intérêts de tous les autres pays, au détriment de ceux de l’Algérie. Il ne faut pas perdre de vue que la Libye a les mêmes atouts qu’utilisent l’Algérie depuis de nombreuses années, pour s’imposer en tant qu’interlocuteur privilégie de l’Europe et des Etats-Unis. A moyen terme, la Libye va ravir cette position stratégique à l’Algérie. .»

    L’Algérie a l’arrêt

    L’Algérie, qui était le pays le plus avant-gardiste dans la région en termes de transition démocratique, va devenir le pays le plus en retrait. Vingt ans plus tard, l’Algérie est le dernier de la classe. «Cette régression est déjà visible avec les événements du printemps arabe», confirme Hasni Abidi.


    Et maintenant…


    La grande maladresse de la diplomatie algérienne durant la crise libyenne a été l’entêtement du régime à refuser d’entreprendre des négociations avec le CNT sous prétexte qu’il n’était qu’un mouvement de rebellion «Je comprends la position algérienne mais en même temps rien n’empêchait le pouvoir algérien d’ouvrir une fenêtre de négociation avec les rebelles. Il suffit de voir comment la diplomatie marocaine a réagi avec l’arrivée au pouvoir de la CNT, elle a immédiatement envoyé une délégation à Benghazi.»


    - Mohamed Chafik Mesbah, politologue et ancien officier supérieur de l’Armée populaire nationale (ANP). : Les intérêts du régime algérien ont prévalu sur ceux de l’Algérie


    L’entêtement solitaire de Bouteflika

    Pour expliquer l’entêtement du régime algérien à vouloir sauver le leader libyen, le politologue Mohamed Chafik Mesbah estime : «Certains pôles de pouvoir, influents dans le système algérien, ont toujours considéré – à tort plus qu’à raison – que le colonel El Gueddafi et son régime étaient des alliés stratégiques de l’Algérie. Peut-être ces pôles de pouvoir ont-ils influencé la décision du chef de l’Etat, mais c’est lui, probablement, qui a pesé de tout son poids dans ce qui aura constitué l’attitude des autorités algériennes vis-à-vis de la crise libyenne. Plutôt que les impératifs de sécurité nationale ou les exigences de solidarité contre l’intervention de puissances étrangères brandis par les pouvoirs publics algériens pour justifier de leur attitude, c’est la volonté de faire reculer l’échéance du changement en Algérie qui aura été déterminante. « A défaut de pouvoir parler, avec des preuves formelles, d’appui logistique au régime libyen», Mohamed Chafik Mesbah «considère qu’il suffit de prendre acte de la bienveillance diplomatique discrète mais déterminée et affichée en faveur du Colonel El Gueddafi. Cette position, poursuit l’ancien officier supérieur de l’ANP, semble résulter moins d’une position doctrinale vraiment élaborée que d’une peur masquée par rapport à l’effet de contagion que pourrait exercer la chute du régime libyen.

    Risque de troubles aux frontières

    Il n’en reste pas moins, selon l’ancien officier supérieur de l’ANP, que l’effondrement du régime libyen risque, certainement, de placer l’Algérie face à de grandes difficultés au niveau de ses frontières, par rapport à son espace sécuritaire vital. «Une implosion de la situation en Libye, perspective peu souhaitable mais envisageable, pourrait entraîner, en effet, des troubles sérieux pour l’Algérie, à ses frontières avec ce pays, mais aussi dans l’espace sahélien et même dans certaines régions du territoire national. Flux migratoires incontrôlés, dissémination d’armements modernes lourds et recrudescence du terrorisme sont des menaces réelles. La dynamique de la victoire pourrait, également, donner des idées aux islamistes activistes à travers l’Algérie et même tout le Maghreb».
    «C’est, tient à préciser Mohamed Chafik Mesbah, faire preuve de duplicité, cependant, que de laisser imaginer que le maintien à la tête de la Libye du colonel El Gueddafi conforterait les intérêts de l’Algérie. Il existe bien des exemples, du conflit du Sahara occidental à l‘activation des irrédentismes targuis, où le colonel El Gueddafi a, ouvertement, encouragé des projets hostiles à notre pays.».

    Une position diplomatique qui isole un peu plus l’Algérie

    «Les hésitations de la diplomatie algérienne face à la crise libyenne, affirme l’ancien officier supérieur de l’ANP, mettent encore plus en relief l’impression de flottement qui caractérise, désormais, la démarche diplomatique algérienne. Certes, l’Algérie n’a plus la même influence que celle dont elle a pu disposer de par le passé, tant au niveau régional qu’au plan international. Les diplomates algériens ne sont pas, nécessairement, en cause. Ils sont, parfois, d’une grande compétence et ils ne manquent pas de convictions patriotiques. Seulement voilà, ces diplomates ne disposent pas de visibilité stratégique par rapport à la démarche diplomatique de l’Algérie. Ils ont, au surplus, pieds et mains ligotés par l’appropriation de toute l’initiative au niveau du chef de l’Etat directement. Naturellement, cette politique étrangère, qui devrait être le lieu du consensus national, par excellence, ne l’est plus du tout. Et pour cause, un consensus interne fort, c’est le reflet d’une osmose parfaite gouvernants-gouvernés. C’est dire, que quelque part, cet échec de la diplomatie algérienne est celui du système algérien tout entier. Il fut un temps, en effet, fait-il rappeler, ou jamais un événement régional de cette importance n’aurait pu se produire sans que l’Algérie, forte de son consensus interne, servie par la diligence de ses services de renseignement et à la présence effective de sa diplomatie, soit au cœur de l’actualité avec des objectifs clairs et profitables à la nation.


    (à suivre)

  • #2
    (suite et fin)

    Un âge d’or révolu», reconnaît-il amèrement.

    Tout en concédant que cette réforme ne peut intervenir en vase clos, sans remise en cause de toute la gouvernance du pays, Mohamed Chafik Mesbah plaide pour ce qu’il appelle «un véritable aggiornamento de la diplomatie algérienne destinée à adapter corps et doctrine diplomatiques à l’ère nouvelle de la mondialisation. La diplomatie algérienne, soutient-il, sous l’influence de responsables qui, de par l’âge même, en sont restés aux schémas éculés de la guerre froide – se déploie comme si le mur de Berlin n’était pas tombé ! Le régime algérien se cramponne à l’idée que sa participation affichée à la lutte contre le terrorisme va le prémunir contre tous les facteurs du changement, qu’ils puissent émaner de l’exaspération populaire ou d’une volonté étrangère affirmée. C’est une démarche infantile. L’ancien officier supérieur de l’ANP soutient que «la diplomatie algérienne, par-delà ses positions timorées face aux exigences démocratiques des peuples arabes, ne fait qu’exprimer, en fait, la crainte du régime algérien qui refuse de prendre acte que le cours puissant de l’histoire pousse à la démocratisation des systèmes actuels dans les pays arabes, processus que caractérise, notamment, deux paramètres essentiels, la participation incontournable du courant islamiste aux nouveaux processus politiques en cours et la neutralité bienveillante des armées nationales».

    évolution des relations entre l’Algérie et le CNT

    L’ancien officier supérieur de l’ANP, qui exprime, volontiers, son scepticisme sur l’homogénéité, la cohésion et l’autonomie de décision du CNT libyen, affirme, néanmoins, que « les autorités algériennes seront obligées, après une période d’expectative, de renouer le contact avec les nouvelles autorités libyennes. Il faut se résoudre à l’idée que, désormais, même les conflits localisés, d’intérêt régional, s’inscrivent dans une logique internationale qui gomme les souverainetés nationales».



    El Watan
    Nesrine Sellal, Lamia Tagzout, Salim Mesbah

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    • #3
      L'algérie aurait pu s'impliquer davantage ça c'est clair.

      PS aux marocains : vous voyez bien que la presse algérienne n'est pas aux ordres comme vous n'arrêtez pas de l'accuser. Ca vous décois certes mais c'est un fait. Ces articles que vous pensez nous faire découvrir, on les lit avant vous et sur support papier.

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      • #4
        evidemment, la Presse Algerienne sans être sans defaut est bien plus diverse que celle de ses 2 voisins Est et Ouest ....et ce depuis 1988
        Dernière modification par Sioux foughali, 27 août 2011, 13h27.

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        • #5
          c'est votre façon pour ne pas parler du sujet ou quoi????


          au cas vous seriez intéressé par le classement des cancres :


          http://www.freedomhouse.org/template...=251&year=2010

          cliquez sur les pays que vous voulez ou sélectionnez dans la liste, et vous serez surpris, ni 88 ni 2010, que des cancres et des états autoritaire...
          Dernière modification par overclocker, 27 août 2011, 13h20.

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          • #6
            La diplomatie algérienne, soutient-il, sous l’influence de responsables qui, de par l’âge même, en sont restés aux schémas éculés de la guerre froide – se déploie comme si le mur de Berlin n’était pas tombé !
            C'est aussi mon impression, place a la generation suivante.

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            • #7
              c'est votre façon pour ne pas parler du sujet ou quoi????


              Rien à dire de l'article. On peut être pour ou contre.

              au cas vous seriez intéressé par le classement des cancres :

              La blague. J'ai essayé de faire comme vous en lisant en ligne votre presse et ça m'a vite fait rappeler "El-moujahid" algérien. Aucun quotidien ne mérite de retenir son nom. Une presse non seulement aux ordres mais à la musélière.

              Le mec parle de classement.

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              • #8
                La blague. J'ai essayé de faire comme vous en lisant en ligne votre presse et ça m'a vite fait rappeler "El-moujahid" algérien. Aucun quotidien ne mérite de retenir son nom. Une presse non seulement aux ordres mais à la musélière.

                Le mec parle de classement.

                oh mais tu ne penses quand même pas que je vais te croire toi et tes "on a dit" au lieux de gens sérieux comme freedomhouse ou rsf, va falloir revenir par terre zozo, et voir la réalité de votre presse en face...

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                • #9
                  Ces classements reprochent surtout le manque de professionalisme de certaine presse algérienne et c'est ce qu'explique son classement. Sinon elle est bien libre et des fois elle en abuse.

                  Je te l'ai dit, vos quotidiens ne sont qu'une multiplication d'"El-moujahid" algérien. Rien à mettre sous la dent et je compatis avec vous.

                  Je ne peux pas imaginer un journal marocain critiquer le pouvoir marocain de cette manière par exemple :


                  http://www.algerie-dz.com/forums/sho...d.php?t=218167

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                  • #10
                    antoine basbous est un chretien libanais me semble t il.

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                    • #11
                      Ces classements reprochent surtout le manque de professionalisme de certaine presse algérienne et c'est ce qu'explique son classement. Sinon elle est bien libre et des fois elle en abuse.

                      freedomhouse ou rsf s'en foutent du professionnalisme de la presse, il classe les pays selon la liberté de presse les contraintes imposées par les autorités etc etc, pas la peine de te voiler la face, les deux presses font partie des cancres et d'ailleurs ne sont pas loin l'une de l'autre....donc ton blabla de moujahid ou je ne sais quoi, tu peux te le garder

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                      • #12
                        La référence à l'Ouest, c'est la MAP, c'est dire...Sinon je confirme, la presse algérienne, à l'opposé du propagandiste El Moujahid, fait montre de qualité d'analyse et de critique pertinente à l'encontre du gouvernement...

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                        • #13
                          Antoine Besbous ne fait pas que des constatations, il fait des recommandations et entre autre la reconnaissance du CNT
                          Antoine Besbous n'est pas neutre il travaille pour la france
                          reconnaitre le CNT c'est reconnaitre un hold up commis par l'otan sur la libye
                          l'Algerie s'honore de ne pas reconnaitre le CNT

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                          • #14
                            salam

                            antoine Basbous depuis qu il est invite dans les plateau television Francaise il se dis expert dans le monde arabe quelle foutaise expert chez google depuis quand les libanais cretien immigre ou connaise la culture magrhebine il ont tous immigre en afrique noire ou dans les pays occidentaux quelqu un peut me dire si cette homme a deja mis les pieds en Algerie

                            Commentaire


                            • #15
                              freedomhouse ou rsf s'en foutent du professionnalisme de la presse, il classe les pays selon la liberté de presse les contraintes imposées par les autorités etc etc, pas la peine de te voiler la face, les deux presses font partie des cancres et d'ailleurs ne sont pas loin l'une de l'autre

                              Ecoute, ca ne m'étonne pas du tout que tu sois de mauvaise foi. Ta fierté mal placée t'empêche de l'avouer. C'est dégradant pour toi de l'avouer.

                              Je te précise qu'une presse aux ordres n'a pas le droit de critiquer le choix du maitre comme c'est le cas d'"El-moujahid". Le présent article t'as démontré que les journalistes algériens critiquent et d'une manière violente les choix politiques pris.
                              Si tu veux un autre article je te laisse lire celui-là et je t'ai choisi les plus récents car je peux te trouver des articles très incendiaires en remontant plus. En lisant votre presse, on a l'impression que c'est une symphonie accordée par le makhzen. Quand vous critiquez, vous critiquez l'algérie et ses choix. Allons, soyez honnête ca ne serait-ce qu'un jour. Cela vous rendra plus respectables.



                              Vécu hier soir sur une plage à Mostaganem : debout sur le sable, face à la mer nocturne, le chroniqueur sera violemment interpellé par un jeune: «Vous ne pouvez pas rester là si vous ne louez pas une table et des chaises». La discussion dégénère vite vers le congrès de la Soummam. La plage est publique, non ? «Non, je l'ai achetée à la mairie et j'ai acheté le sable et la vue». C'est une concession simplement. «Non, on m'a vendu toute la surface pour quelques mois». Ailleurs, c'était la même chose : la plage était privatisée. On ne pouvait même pas y regarder la mer, debout sur la plante de ses propres pieds. Conclusion ? Le jeune homme avait «raison» dans le cadre du bien-vacant global. On a pris les caves, les villas coloniales, les terres, ensuite les trottoirs et donc les plages. La terre appartient au plus fort. La raison profonde est que le Pouvoir craint aujourd'hui la grosse émeute au point d'accepter l'illégalité comme une réalité. C'est parce qu'il est illégitime qu'il se retrouve dans le compromis et la compromission. Parce qu'illégitime, le Pouvoir accepte, concède et cède de plus en plus sur le périmètre de l'Etat. Jamais de mémoire de client, il n'y a eu autant de vendeurs sur le trottoir dans ce pays que cette année. Ailleurs, le printemps arabe donne donc des révolutions et des promesses de démocratie, ici, il multiplie le commerce informel et les vols de terre, de logements, d'espaces publics.

                              C'est parce que lui aussi illégitime que le Pouvoir est obligé d'accepter l'illégitimité d'un voleur de sable, d'un jeune qui privatise une plage publique et d'un autre qui squatte un espace vert. Le jeune aujourd'hui sait que le Pouvoir a volé quelque chose et donc réagit de même, face à lui. Que se passera-t-il si le Pouvoir essaye d'imposer les règles de l'Etat ? Il y aura émeutes, casse et menace de révolution totale. Cette grosse majorité ira rejoindre l'opposition qui manque de troupe et l'équation basculera. Si le Pouvoir frappe, tout le monde le condamnera aussi. «Pourquoi est-ce licite de voler un Etat, une histoire nationale, l'argent de tous et avoir le droit de frapper celui qui vole une poignée de sable ou un morceau de trottoirs ?», conclura l'opinion. «Dans quelques années, ces jeunes nés du faux printemps arabe seront l'armée d'une véritable maffia russe», dira un ami. Et c'est vrai.

                              La clé donc ? La légitimité. A Londres, des centaines d'émeutiers sont en prison suite à des émeutes que l'opinion a condamnées avec vigueur et émotion. Le «Pouvoir local», le gouvernement de David Cameroun a réagi avec rigueur et force : des centaines sont en prison mais le fait n'a pas conduit à chasser le Premier ministre ni à critiquer outre mesure son action. Elle est légitime et le pouvoir de David Cameroun est légitime. C'est cette légitimité qui lui donne de la force. Ce n'est pas le cas d'Ouyahia et compagnie. Ces gens-là sont illégitimes et tout ce qu'ils peuvent oser faire pour redresser la situation par la force est frappé de suspicion et condamné comme abus.

                              Autre exemple ? Lu hier sur le Quotidien d'Oran, avec le rire qu'il faut : le racket fait rage sur les aires de stationnement, les trottoirs aux Andalouses, station balnéaire d'Oran, pendant qu'à Oran, la direction du contrôle des prix annonce le contrôle de plus de mille commerçants ce Ramadhan. Les deux papiers parlaient du même pays. De quoi faire rire donc. L'Etat est un rite pendant que le Pouvoir est une question de force.

                              La légitimité. C'est la grosse différence entre la gouvernance par Cameroun et la gouvernance par Ouyahia. Kadhafi, le Rat de Tripoli a beau crier que c'est bien fait pour les Anglais et appeler au départ de David Cameroun, la différence est là : l'un est élu, l'autre s'est imposé depuis 43 ans. L'un est légitime, l'autre ne l'est pas. Le «plagiste» de Mostaganem le savait d'instinct. Il est plus proche du Pouvoir que les autres.





                              par Kamel Daoud
                              Le Quotidien d'Oran

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