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Libye, Tunisie, Egypte: une force alternative dans le monde arabe

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    Libye, Tunisie, Egypte: une force alternative dans le monde arabe

    par Sarah Diffalah
    Trois régimes autoritaires voisins qui s'effondrent et c'est toute la donne géopolitique du monde arabe qui pourrait être bouleversée. Interview de Vincent Geisser, spécialiste du monde musulman, par Sarah Diffalah.





    La chute du régime du colonel Kadhafi va-t-elle avoir des répercussions sur les révolutions arabes en cours ?
    - Cela va forcément renforcer le processus démocratique en Tunisie et en Egypte et isoler tous les autres pays arabes qui sont encore sous le principe du régime fort comme source de stabilité. Certes le changement ne va pas être radical, mais jusqu'à présent la Libye était un facteur d'instabilité et pour certains un exemple de révolution ratée. Désormais, elle va donner un argument politique à ceux qui veulent aller plus loin dans la transition démocratique.

    Les relations libyennes avec ses pays voisins vont-elles être bouleversées ?
    - Sur le plan économique, l'amorce d'une transition démocratique en Libye aura des effets bénéfiques directs sur son voisin immédiat, la Tunisie.
    L'arrêt de la guerre et la stabilisation du pays va alléger la part des réfugiés économiques qui étaient arrivés sur le territoire tunisien – plus de 200.000 – et qui étaient en train de créer encore plus d'instabilité en Tunisie et menaçaient à moyen terme son processus démocratique.
    La Libye était le poumon économique d'une main d'œuvre égyptienne importante et du tourisme tunisien. Il y a toujours eu des relations commerciales formelles et informelles entre ces trois pays. Aujourd'hui, les immigrés tunisiens et égyptiens vont pouvoir revenir très vite travailler en Libye, l'un des plus gros employeurs de la région. La stabilité régionale va tout simplement venir renforcer les liens préexistants. Comme une fenêtre, un soulagement et une opportunité énorme pour les relations économiques futures qui seront bien plus fortes qu'avant. Une continuité territoriale va se créer, comme une petite communauté économique de pays en voie de transition démocratique.

    De nouveaux rapports de force peuvent-ils se créer ?
    - L'Algérie voit d'un très mauvais œil la chute du colonel Kadhafi. D'abord, c'est l'un des pays qui a soutenu Kadhafi, même discrètement. Et puis, cette zone pourrait constituer désormais une menace économique. La Libye est un pays puissant économiquement disposant de l'arme pétrolière et qui en plus inscrit dans son calendrier sa volonté d'aboutir à un Etat démocratique. De quoi attirer beaucoup d'investisseurs. La Tunisie et l'Egypte vont bien sûr bénéficier de cette force.
    Dans le monde arabe d'aujourd'hui la puissance économique est du côté des dictatures du Golfe. Ce pôle d'attractivité pourrait se déplacer vers ces démocraties adolescentes qui ensemble vont affronter les mêmes défis au même moment. Ce qui ne fait pas les affaires des pays du Golfe non plus.

    Le regard de l'Union européenne se tournerait alors davantage vers ce Maghreb...
    - Oui. Ce pôle alternatif est une menace pour l'Algérie à l'échelle du Maghreb et une menace pour les pays du Golfe à l'échelle du monde arabe.
    Aussi, les injonctions des Occidentaux à l'égard des dictatures du Golfe sont restées relativement faibles lors des révoltes avortées du Barheïn, du Yemen et de l'Arabie Saoudite en raison de leurs richesses pétrolières que ces dernières brandissaient comme un chantage. Peut-être que cela va changer aussi.

    Et sur le volet de la lutte anti-terroriste ?
    - Je ne suis pas assez spécialiste de la question, mais je pense que la possibilité pour la Libye de financer les groupes terroristes –même si Kadhafi a été dans les dernières années l'un des plus grands soutiens de la lutte anti terroriste des Etats-Unis - va s'affaiblir.
    Le nouveau gouvernement va continuer à collaborer avec les services occidentaux. Les frontières seront plus sécurisées même si certains vont profiter du chaos de la transition. Mais il est certain que ces pays seront un pôle de lutte contre le terrorisme beaucoup plus stable.
    Interview de Vincent Geisser, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, par Sarah Diffalah.
    (le jeudi 25 août 2011)


    nouvelobs
    "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)
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