Il est traqué de toutes parts, sa tête mise à prix et son régime à l'agonie. Mais Mouammar Kadhafi n'est pas encore totalement isolé sur la scène internationale. Depuis la prise de Tripoli par les rebelles, le 21 août, les propositions de pays pour accueillir sur leur sol le dirigeant libyen et sa famille se sont multipliées. Les Etats qui dénoncent l'intervention de l'OTAN sont encore légion et tous les dirigeants sont loin d'avoir reconnu la légitimité du Conseil de transition national (CNT), l'organe politique de la rébellion libyenne.
Alors que l'ONU appelle Kadhafi à lâcher les rênes du pouvoir, quels sont les régimes qui soutiennent encore, ouvertement ou plus discrètement, l'ancien "Guide" ?
L'ANTIAMÉRICANISME DE L'ALLIANCE BOLIVARIENNE
Deux voix dissonantes se font entendre clairement depuis le début du conflit : celles des présidents vénézuélien et nicaraguéen, Hugo Chavez et Daniel Ortega, soutenus par l'ancien président cubain Fidel Castro. Tous trois dénoncent de concert la "guerre fasciste" menée par l'OTAN contre la Libye et appellent Mouammar Kadhafi à résister contre "l'agression impériale". Leurs frontières sont par ailleurs grandes ouvertes à un dirigeant libyen qui pourrait vouloir s'exiler.
"Hugo Chavez est, d'une certaine manière, fasciné par Kadhafi, explique Saïd Haddad, chercheur associé à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam) et spécialiste de la Libye.Ils se sont régulièrement rencontrés depuis dix ans et, comme lui, il s'est par exemple entouré d'une garde féminine officiellement chargée de veiller sur la révolution bolivarienne."
Mais dans ces pays de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques, c'est moins d'un soutien réel à Tripoli que d'une convergence idéologique dont il s'agit. Le Venezuela et le Nicaragua voient surtout dans le conflit libyen le moyen de critiquer la politique menée par les Etats-Unis et l'interventionnisme de l'Occident.
ATTENTISME DES ETATS AFRICAINS
En réalité, les soutiens indéfectibles de Kadhafi sont à chercher sur le continent africain. Là, aucun chef d'Etat n'a ouvertement pris position en faveur du colonel — à l'exception du dictateur zimbabwéen Robert Mugabe. Pourtant, le continent, par la voie de l'Union africaine notamment, a freiné des deux pieds lorsqu'il s'est agi d'intervenir en Libye.
Les dirigeants africains, qui n'ont jamais condamné fermement les agissements du dirigeant libyen, ont par contre vivement critiqué les opérations de l'OTAN. Par ailleurs, seuls deux pays — le Sénégal et la Gambie — ont reconnu dès le départ le CNT, tardivement suivis par une vingtaine d'autres, tandis qu'une trentaine d'Etats, ainsi que l'Union africaine (UA), manquent encore à l'appel. Enfin, l'Afrique du Sud, très influente au sein de l'UA, fait obstacle au déblocage des avoirs libyens gelés par une résolution de l'ONU.
Officiellement, cette politique attentiste des Etats africains a pour objectif de ne pas déstabiliser la Libye, et de facto, la région. L'UA redoute ainsi qu'une guerre civile ne se déclenche dans le pays, comme ce fut le cas en Irak.
QUAND KADHAFI DISTRIBUAIT SES PÉTRODOLLARS
Mais officieusement, ce sont avant tout des raisons économiques qui sont en jeu, tant les pays africains sont redevables, financièrement parlant, au "Guide". A travers le continent, on ne compte plus les hôtels, projets agricoles, centres culturels, écoles ou entreprises de télécommunications qui ont été financés, ces quarante dernières années, par la Jamahiriya libyenne, à coup de millions de "pétrodollars".
"Nombre de dirigeants se sentent redevables de Kadhafi, d'autant que beaucoup de projets de développement sont encore en cours et risquent d'être stoppés, analyse Saïd Haddad. Sans compter que la Libye a aussi financé les fins de mois difficiles de certains Etats des plus fragiles, comme le Tchad, le Burkina Faso, le Niger, le Mali ou la République Centrafricaine, leur assurant ainsi de pouvoir maintenir leur administration."
Alors que l'ONU appelle Kadhafi à lâcher les rênes du pouvoir, quels sont les régimes qui soutiennent encore, ouvertement ou plus discrètement, l'ancien "Guide" ?
L'ANTIAMÉRICANISME DE L'ALLIANCE BOLIVARIENNE
Deux voix dissonantes se font entendre clairement depuis le début du conflit : celles des présidents vénézuélien et nicaraguéen, Hugo Chavez et Daniel Ortega, soutenus par l'ancien président cubain Fidel Castro. Tous trois dénoncent de concert la "guerre fasciste" menée par l'OTAN contre la Libye et appellent Mouammar Kadhafi à résister contre "l'agression impériale". Leurs frontières sont par ailleurs grandes ouvertes à un dirigeant libyen qui pourrait vouloir s'exiler.
"Hugo Chavez est, d'une certaine manière, fasciné par Kadhafi, explique Saïd Haddad, chercheur associé à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam) et spécialiste de la Libye.Ils se sont régulièrement rencontrés depuis dix ans et, comme lui, il s'est par exemple entouré d'une garde féminine officiellement chargée de veiller sur la révolution bolivarienne."
Mais dans ces pays de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques, c'est moins d'un soutien réel à Tripoli que d'une convergence idéologique dont il s'agit. Le Venezuela et le Nicaragua voient surtout dans le conflit libyen le moyen de critiquer la politique menée par les Etats-Unis et l'interventionnisme de l'Occident.
ATTENTISME DES ETATS AFRICAINS
En réalité, les soutiens indéfectibles de Kadhafi sont à chercher sur le continent africain. Là, aucun chef d'Etat n'a ouvertement pris position en faveur du colonel — à l'exception du dictateur zimbabwéen Robert Mugabe. Pourtant, le continent, par la voie de l'Union africaine notamment, a freiné des deux pieds lorsqu'il s'est agi d'intervenir en Libye.
Les dirigeants africains, qui n'ont jamais condamné fermement les agissements du dirigeant libyen, ont par contre vivement critiqué les opérations de l'OTAN. Par ailleurs, seuls deux pays — le Sénégal et la Gambie — ont reconnu dès le départ le CNT, tardivement suivis par une vingtaine d'autres, tandis qu'une trentaine d'Etats, ainsi que l'Union africaine (UA), manquent encore à l'appel. Enfin, l'Afrique du Sud, très influente au sein de l'UA, fait obstacle au déblocage des avoirs libyens gelés par une résolution de l'ONU.
Officiellement, cette politique attentiste des Etats africains a pour objectif de ne pas déstabiliser la Libye, et de facto, la région. L'UA redoute ainsi qu'une guerre civile ne se déclenche dans le pays, comme ce fut le cas en Irak.
QUAND KADHAFI DISTRIBUAIT SES PÉTRODOLLARS
Mais officieusement, ce sont avant tout des raisons économiques qui sont en jeu, tant les pays africains sont redevables, financièrement parlant, au "Guide". A travers le continent, on ne compte plus les hôtels, projets agricoles, centres culturels, écoles ou entreprises de télécommunications qui ont été financés, ces quarante dernières années, par la Jamahiriya libyenne, à coup de millions de "pétrodollars".
"Nombre de dirigeants se sentent redevables de Kadhafi, d'autant que beaucoup de projets de développement sont encore en cours et risquent d'être stoppés, analyse Saïd Haddad. Sans compter que la Libye a aussi financé les fins de mois difficiles de certains Etats des plus fragiles, comme le Tchad, le Burkina Faso, le Niger, le Mali ou la République Centrafricaine, leur assurant ainsi de pouvoir maintenir leur administration."
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