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Libye : passons aux choses sérieuses...

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  • Libye : passons aux choses sérieuses...

    Kadhafin de partie, ouverture d'un souk pétrolier

    Kadhafi est tombé, parce qu'en face de lui ne s'était pas seulement dressé son peuple, mais aussi l'OTAN, et que si son armée faisait, comme l'armée syrienne face au peuple syrien, le poids face à un peuple désarmé, elle ne pesait guère face à la seule alliance militaire transcontinentale encore existante. « L'avenir de la Libye est entre les mains de son peuple », a claironné Barack Obama -mais des mains guidées par d'autres : la rebellion libyenne n'est pas ce que furent les révoltes qui vainquirent sans aucune aide extérieure les régimes au pouvoir en Tunisie et en Egypte. Le Conseil National de transition a promis des élections au printemps prochain, mais avant cela, c'est de choses plus importantes qu'on va le sommer de s'occuper : du pétrole, et des migrants. Il y avait un million et demi de travailleurs étrangers en Libye, au début de l'année : où sont-ils, maintenant ?


    « La guerre est faite par des gens qui se tuent sans se connaître, aux ordres de gens qui se connaissent mais ne se tuent pas »

    Kadhafi avait pris le pouvoir au nom de l'unité arabe. Il était alors quelque chose comme nassérien, ou baassiste. Il a nationalisé le pétrole libyen, soutenu tous les mouvements de libération possibles et imaginables, et même quelques inimaginables, il a été d'abord tiers-mondiste, puis panafricaniste. Il a fini en chef de mercenaires, en cacique de tribu et en garde-frontière de la forteresse Europe, avant de tomber sous les coups de cette même forteresse. Sans l'OTAN, sans ses frappes aériennes qui ont détruit l'appareil militaire du régime et permis aux insurgés de progresser de ville en ville, avec l'appui au sol de forces spéciales françaises, britanniques et sans doute aussi américaines, les « rebelles » auraient été vaincus. Ils ont été vainqueurs, en recrutant au passage des caciques du régime déchu (le Premier ministre du Conseil national de transition fut ministre de la Justice de Kadhafi), et quelques djhadistes du Groupe islamique combattant, lié à Al Qaïda, comme le nouveau «gouverneur militaire de facto » (l'expression est du Temps) de Tripoli. Les « rebelles » libyens ayant gagné, il va leur falloir rembourser à leurs soutiens de l'OTAN la dette contractée à leur égard. Ils n'ont pas d'argent, la Libye n'en a plus ? Peu importe, ce n'est pas cela qui compte. Ce qui compte, c'est le pétrole et la garde de la rive sud de la Méditerranée pour empêcher les migrants africains de poser le pied en Europe. Et le pétrole, la Libye en a, beaucoup : les premières réserves d'Afrique, la quatrième production du continent.. Elle en tirait de 85 à 95 % de ses ressources en temps normaux (quand le régime Kadhafiste ouvrait le robinet, ou qu'il n'était pas sous embargo). Alors on débattra de tout, avec les « rebelles » et leur Conseil national de transition : de la démocratie, des droits humains, du jugement de Kadhafi et de son clan, mais pas du pétrole. On ne rigole pas avec le pétrole. Et on évoque déjà la remise à la France de plus du tiers des futurs nouveaux contrats pétroliers. Du coup, l'action Total a pris d'un coup 4 % à l'annonce de la chute de Kadhafi. Le carburant des bombardiers et du porte-avion Charles-de-Gaulle n'aura pas été brûlé en vain. L'intervention de l'OTAN contre le régime de Kadhafi n'était certes pas seulement motivée par l'odeur de la meilleure huile d'Afrique : il s'agissait aussi de se débarrasser d'un clan incontrôlable. Mais s'il n'y avait pas seulement le pétrole dans les motivations occidentales, il y pesait lourd, et la soif mondiale de pétrole est telle que, les réserves étant limitées, celles de Libye ont sans nul doute favorisé le passage à l'acte contre Kadhafi. L'OTAN est intervenue pour le faire tomber. Elle n'interviendra pas en Syrie, contre le régime Assad: la Syrie n'occupe que le 29ème rang mondial des producteurs de pétrole, et n'a plus que dix ans de réserves. On peut s'en passer, on s'en passera, dût le peuple syrien en trépasser.

    blog tribune de geneve
    There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.
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