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Avec la chute programmée du régime de Kadhafi s’envole le dernier soutien d’envergure internationale des mouvances indépendantistes réunionnaises. Une relation entamée à la fin des années 1970, lorsque nos nationalistes allaient chercher du soutien à Tripoli.
“L’intervention de l’Otan en Libye, c’est une tentative de recolonisation”. Pour Aniel Boyer et ses camarades du parti Nasyon Rénioné, l’épilogue du régime Kadhafi a un goût amer. Car avec la chute du Guide s’envole en effet le dernier soutien d’envergure internationale à la cause nationaliste péi. La victoire programmée des insurgés à Tripoli marque en effet la fin d’une relation de 30 ans, parfois soutenue, parfois plus lâche, entre les indépendantistes réunionnais et le dictateur libyen. À la fin des années 1970, le Guide multiplie en effet les condamnations à l’égard de l’Etat “colonial” français. Il s’insurge tour à tour contre “l’occupation militaire de la Réunion” et la “la souffrance des peuples colonisés (…) dans l’océan Indien et le Pacifique”. Officiellement, Kadhafi justifie ses propos par la position géographique de notre île. Pour lui, ce territoire doit être rattaché à l’Afrique et décolonisé comme d’autres pays du continent. En réalité, il agit essentiellement par opportunisme et cherche surtout à déstabiliser la France qui entrave ses velléités de conquête au Tchad. Les tentatives de manipulation des mouvements indépendantistes se multiplient, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane et donc à la Réunion. Ainsi s’exprime-t-il en ces termes le 15 février 1978, à la tribune de l’Organisation de l’Unité Africaine : « Nous les appelons [ndlr : les Réunionnais] à s’affranchir et à former un mouvement de libération qui serait à même de combattre le colonialisme en leur promettant toute notre aide… ».
Des explosifs saisis à Saint-Paul
L’appel de Kadhafi est semble-t-il entendu sur l’île. Le 21 juillet 1979, le JIR cite le magazine VSD qui signale la découverte par la police réunionnaise de documents en provenance de Libye. Des tracts qui incitent alors les « révolutionnaires » réunionnais à engager la lutte armée pour que la Libye les soutienne ensuite auprès de l’OUA. Cette découverte se serait même prolongée le 19 septembre suivant par une perquisition dans une villa de Saint-Paul. C’est le journal Minute qui révèle alors la saisie d’explosifs et d’un lance-roquettes à proximité de l’antenne Omega. Le lien avec la Libye n’est pas garanti et aucun activiste n’est arrêté. Pour autant, les soupçons se portent rapidement sur un certain Serge Sinamalé, indépendantiste virulent. Le militant sera en effet le premier à établir directement le contact avec le régime libyen et à s’y rendre au tout début de la décennie 1980. Il y enverra ensuite des émissaires, puis y retournera jusqu’à rencontrer le colonel Kadhafi en personne en mai 1987 (voir par ailleurs). L’Express de Maurice ira même jusqu’à affirmer l’envoi par Sinamalé d’une dizaine de militants réunionnais dans des camps d’entraînement.
La Réunion “sous occupation étrangère”
La Libye est alors une vaste salle d’instruction pour tous les mouvements révolutionnaires et indépendantistes de la planète (y compris basques, corses ou néo-calédoniens). Des déplacements en Libye sont également portés au crédit de deux autres militants turbulents, Jean-Baptiste Ponama et Tristan Souprayenmestry, avec qui Serge Sinamalé a fondé le Mouvement indépendantiste réunionnais, le MIR en 1981. La décennie suivante marque ensuite une pause dans les relations libyo-réunionnaises à mesure que l’aspiration indépendantiste s’essouffle dans le département. Mais Kadhafi n’en a cure et continue les déclarations fracassantes. En 2004, alors qu’il vient de prendre la présidence de l’Union africaine, il va jusqu’à réintégrer officiellement la Réunion dans la liste des pays et territoires africains sous occupation étrangère*. En 2011, avant le début de l’insurrection, et en dépit de ses bonnes relations diplomatiques provisoires avec la France, le dictateur libyen renoue avec la provocation. “Qui trouverait à redire si les Caraïbes rejoignent l’Afrique, vu que les Iles Mayotte de l’Archipel des Comores et l’Ile de la Réunion dans l’océan Indien font partie de la France ?” déclare-t-il lors d’une conférence internationale. Une telle constance lui vaut donc légitimement l’admiration des indépendantistes locaux actuels, dans la droite ligne de leurs prédécesseurs. “Pour rester 42 ans au pouvoir, il n’a pas dû être si mauvais avec son peuple”, estime notamment Aniel Boyer. “Tout ce qui est dit à la télévision et dans les journaux n’est que de la désinformation”. À l’image de certains communistes staliniens dans les années 50, les troupes de Nasyon Rénioné digèrent difficilement la chute de leur mentor
clicanoo.re
“L’intervention de l’Otan en Libye, c’est une tentative de recolonisation”. Pour Aniel Boyer et ses camarades du parti Nasyon Rénioné, l’épilogue du régime Kadhafi a un goût amer. Car avec la chute du Guide s’envole en effet le dernier soutien d’envergure internationale à la cause nationaliste péi. La victoire programmée des insurgés à Tripoli marque en effet la fin d’une relation de 30 ans, parfois soutenue, parfois plus lâche, entre les indépendantistes réunionnais et le dictateur libyen. À la fin des années 1970, le Guide multiplie en effet les condamnations à l’égard de l’Etat “colonial” français. Il s’insurge tour à tour contre “l’occupation militaire de la Réunion” et la “la souffrance des peuples colonisés (…) dans l’océan Indien et le Pacifique”. Officiellement, Kadhafi justifie ses propos par la position géographique de notre île. Pour lui, ce territoire doit être rattaché à l’Afrique et décolonisé comme d’autres pays du continent. En réalité, il agit essentiellement par opportunisme et cherche surtout à déstabiliser la France qui entrave ses velléités de conquête au Tchad. Les tentatives de manipulation des mouvements indépendantistes se multiplient, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane et donc à la Réunion. Ainsi s’exprime-t-il en ces termes le 15 février 1978, à la tribune de l’Organisation de l’Unité Africaine : « Nous les appelons [ndlr : les Réunionnais] à s’affranchir et à former un mouvement de libération qui serait à même de combattre le colonialisme en leur promettant toute notre aide… ».
Des explosifs saisis à Saint-Paul
L’appel de Kadhafi est semble-t-il entendu sur l’île. Le 21 juillet 1979, le JIR cite le magazine VSD qui signale la découverte par la police réunionnaise de documents en provenance de Libye. Des tracts qui incitent alors les « révolutionnaires » réunionnais à engager la lutte armée pour que la Libye les soutienne ensuite auprès de l’OUA. Cette découverte se serait même prolongée le 19 septembre suivant par une perquisition dans une villa de Saint-Paul. C’est le journal Minute qui révèle alors la saisie d’explosifs et d’un lance-roquettes à proximité de l’antenne Omega. Le lien avec la Libye n’est pas garanti et aucun activiste n’est arrêté. Pour autant, les soupçons se portent rapidement sur un certain Serge Sinamalé, indépendantiste virulent. Le militant sera en effet le premier à établir directement le contact avec le régime libyen et à s’y rendre au tout début de la décennie 1980. Il y enverra ensuite des émissaires, puis y retournera jusqu’à rencontrer le colonel Kadhafi en personne en mai 1987 (voir par ailleurs). L’Express de Maurice ira même jusqu’à affirmer l’envoi par Sinamalé d’une dizaine de militants réunionnais dans des camps d’entraînement.
La Réunion “sous occupation étrangère”
La Libye est alors une vaste salle d’instruction pour tous les mouvements révolutionnaires et indépendantistes de la planète (y compris basques, corses ou néo-calédoniens). Des déplacements en Libye sont également portés au crédit de deux autres militants turbulents, Jean-Baptiste Ponama et Tristan Souprayenmestry, avec qui Serge Sinamalé a fondé le Mouvement indépendantiste réunionnais, le MIR en 1981. La décennie suivante marque ensuite une pause dans les relations libyo-réunionnaises à mesure que l’aspiration indépendantiste s’essouffle dans le département. Mais Kadhafi n’en a cure et continue les déclarations fracassantes. En 2004, alors qu’il vient de prendre la présidence de l’Union africaine, il va jusqu’à réintégrer officiellement la Réunion dans la liste des pays et territoires africains sous occupation étrangère*. En 2011, avant le début de l’insurrection, et en dépit de ses bonnes relations diplomatiques provisoires avec la France, le dictateur libyen renoue avec la provocation. “Qui trouverait à redire si les Caraïbes rejoignent l’Afrique, vu que les Iles Mayotte de l’Archipel des Comores et l’Ile de la Réunion dans l’océan Indien font partie de la France ?” déclare-t-il lors d’une conférence internationale. Une telle constance lui vaut donc légitimement l’admiration des indépendantistes locaux actuels, dans la droite ligne de leurs prédécesseurs. “Pour rester 42 ans au pouvoir, il n’a pas dû être si mauvais avec son peuple”, estime notamment Aniel Boyer. “Tout ce qui est dit à la télévision et dans les journaux n’est que de la désinformation”. À l’image de certains communistes staliniens dans les années 50, les troupes de Nasyon Rénioné digèrent difficilement la chute de leur mentor
clicanoo.re
même moi veux plus entendre parler de tout ça, j'en fais des cauchemars:22:
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