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Sarkozy testait l’Hadopi... en Libye !

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  • Sarkozy testait l’Hadopi... en Libye !

    Ah, pour une découverte, c'est une découverte ! Faite en prime par des journalistes américains tendance droite dure, elle n'en est que plus savoureuse. Je vous ai déjà expliqué comment Kadhafi comptait s'en sortir, grâce à son réseau de bunkers (suisses). Figurez-vous que les journalistes du Wall Street journal qui ont mis le nez dans l'un d'entre eux sont tombés sur une chose qui risque fort de mettre à mal l'image de marque de notre bon président auto-bombardé sauveur des Libyens. S'il semble avoir réussi, pour l'instant, et avec les réserves d'usage (faudra qu'on m'explique comment on passe de procureur réclamant la mort des infirmières bulgares à responsable du soulèvement !) en revanche, on ne peut pas vraiment dire qu'il s'apprêtait à libérer les français, avec ce qu'on vient de trouver au fond d'un tunnel. On savait Sarkozy capable de duplicité, on le découvre machiavélique.


    L'étrange et singulière découverte des journalistes du Wall Street Journal tient dans une petite caisse. Oh, ce ne sont pas les lingots cachés de Kadhafi qui s'y cachaient, ni les piles de sa Fiat 500 spéciale "tunnels d'échappement" ou "d'échappatoire". Non, cette boîte contenait tout bêtement... un ordinateur. Pas un foudre de guerre, pourtant avec ces petits 16 Go de RAM et son processeur Dual Core bien classique. Mais un bidule "transportable", équipé de deux disques durs de 500 Go, ce qui en fait, au moment même de sa conception qui remonte à quelque temps un archiveur de première (oui, je sais, il existe du 1 et 2 To, etc, etc). D'autant plus que sur ce Téra d'archivage il ne devait y avoir que des pages HTML, voire des mails sans fichiers joints, qui, comme on le sait ne pèsent rien.. Le bidule, présenté façon militaire dans un emballage durci est bien un PC ordinaire, comme en atteste sa tranche visible avec cartes visibles et fond de panier à prise DB25. L'engin étant équipé d'un système sous Linux et attaquant une base de données sous Oracle. Le bazar portant le doux nom de SMINT, et contrairement aux apparences, il a bien été fabriquée en France.

    Sa puce centrale est une Eagle Core, de chez ARM, qui dévoilait au dernier Comdex ses nouveaux produits devenus Quad Core, citant ses utilisateurs comme Lenovo, Compaq-HP, Nokia, etc... l'ARM étant un processeur orienté vers les tablettes, associé à Mali, une carte graphique Open GL dédiée (elle aussi orientée Web), telle la "world fastest" Mali 400MP.. Bref, dans la caisse, un bouzin destiné à se bancher... sur le web. A savoir les mails, mais aussi les réseaux sociaux ou les tchats. D'ailleurs, le manuel du bazar le dit directement (en anglais, faut pas rêver, ça beau être fabriqué en France) : "Pluggable directly on IP network with appropriate TA P", "Can be combined w ith ADSL or WiFi or Satellite sensors", etc.... Mais elle ne fait pas que ça, la boîte renforcée grande comme un mini-haut-parleur de scène (dit "bain de pieds") : elle peut contenir des "jours de surveillance" ("Storage designed to record days of traffic") grâce à ses deux disques durs, car son boulot, effectivement, c'est bien ça : d'espionner le net. Et de suivre les gens, et pas n'importe qui : "Ideal for operators or investigations that need a close surveillance of your suspects". Des "suspects ?



    Oui mossieu, des suspects, des terroristes en puissance capables de renverser des dictateurs, voire de simples citoyens échangeant des avis sur le net sur les réseaux sociaux, voire même au téléphone, vu que la caisse à espionner sait aussi décrypter de la VOIP. Car ça aussi le bouzin sait le faire, avec sa base de données sous Oracle et ses jolis graphiques associatifs, ceux montrant quels sont les copains du copain qui a dit du mal de Sarkozy, pardon, de Kadhafi. De trouver ce genre d'engin au fond de la caserne d'Ali-Baba (la faute est voulue) de Kadhafi ne surprend pas trop. Ce qui surprend, c'est son constructeur, venu du sud de la France, et la façon dont il a été propulsé en avant dans les affaires depuis... 2007. Oui, l'année même ou Sarkozy est arrivé au pouvoir, et l'année même, tient, curieux hasard ou le fêlé du désert venait planter sa tente en plein Paris, invité par l'inventeur... de l'Hadopi. Avouez qu'il y a de quoi bondir !

    Pendant tout le temps où les sbires sarkoziens s'époumonaient à nous convaincre que la Loi Hadopi ne cachait aucun organisme de surveillance, les mêmes favorisaient l'éclosion d'une société fabriquant un appareil pour le faire, un engin testé discrètement au pays de la Liberté du colonel d'opérette ? Ah, il pouvait lui faire les yeux doux, le président du "tout est possible !", lui vendant (indirectement) un A-340 découvert intact (avec sa douche et ses lits incorporés) sur son tarmac et décoré de tout le mauvais goût dont est capable un inculte devenu dictateur, ou bien lui faire des pieds et des mains pour quelques semaine après tenter de lui récupérer son Yellow Cake finalement embarqué par les russes ! Sur l'aéroport, tous les avions avaient été bombardés. Sauf celui-là : admirons la "précision" légendaire de l'Otan...

    Philippe Vannier, déboulé "il y a cinq ans" chez Amesys, ayant intégré le groupe Buil, une société à "25% de croissance", grâce selon lui à ses "ingénieurs", mais aussi sur son "positionnement" en "marché de niches"... disait-il en interview en butant très nettement sur le contenu exact de ce fameux "marché", visiblement du domaine du "no comment'. Cinq ans disait son PDG ? C'est faux ; la boîte date juridiquement de 2007. "C'est une filiale du groupe Crescendo Industries dirigé par Philippe Vannier, créée début 2007 par fusion de deux filiales du groupe, I2E et Artware". Rapidement dira-t-on : la preuve, le site de Crescendo est resté depuis "en construction" ! Le MAGIt nous l'avait bien dit : l'arrivée de Vannier à la direction de Bull, le 11 mai 2010 s'était elle aussi faite au pas de charge. "Ce qui n'empêchera pas Philippe Vannier de jouer les cumulards, un communiqué de presse de Bull précisant qu'il préservera son poste au sein de la holding d’investissements. Tout les pouvoirs donc après une ascension fulgurante liée au rachat d'Amesys - qu'il dirigeait et déjà propriété de Crescendo - par Bull en janvier dernier." A ce stade avancée de l'économie, on n'hérite pas d'une telle casquette, celle de l'ancien fleuron de l'informatique française sans soutien politique, on le sait. Les syndicats redoutant un "coup" financier, pour une société désormais "sous la coupe d'une holding financière, ce qui lui fait craindre pour l'avenir de l'activité serveur et de certaines activités conjoncturellement déficitaire".



    Vannier, un vieil abonné des livraisons lybiennes : au plein moment de la bagarre féroce entre Chirac tet Sarkozy (lire ici *) pour décrocher des contrats, ce dernier avait bénéficié d'un coup de pouce du sulfureux Ziad Takieddine. Ce dernier, venant d'échouer face à l'équipe de Chirac, raconte Mediapart, "continue de s’appuyer sur l’équipe Sarkozy, (et) ne s’avoue pas vaincu pour autant. En avril 2006, il introduit en Libye un groupe spécialisé dans la guerre électronique, I2e, basé à Aix-en-Provence, et son patron Philippe Vannier, actuel PDG du groupe Bull. « M. Vannier a compris que le pays possède un système de radar fait par Electronica, écrit M. Takieddine dans une note personnelle datée février 2006. Les communications transitant par ces systèmes ne sont pas suffisamment protégées, voire écoutées ou brouillées ». Objectif : « sécuriser ces installations » et « mettre en place un système émetteur-récepteur crypté ». Cryptowall, le système de cryptage vendu par I2e, basé sur ses propres algorythmes, est particulièrement efficace et « difficile à casser ». Car la boîte de Vannier, déjà, avant de surveiller les gens, s'amusait déjà à narguer la concurrence : les documents préparés par I2e vantent ainsi sa capacité à contrer le système d’écoute et d’interception américain Echelon : « Nos procédés sont complètement uniques et offrent une solution inviolable au système d’espionnage anglo-américain. Les intérêts vitaux de la Libye ne seront pas épargnés par le système Echelon. Le ministre de l’Intérieur français dispose d’une réelle connaissance corroborée par une collaboration avec la société spécialisée dans ce domaine. Il nous appartient par conséquent de vous assister à mener une investigation approfondie sur la nature des informations risquant d’être obtenues par Echelon." Un Vannier alors en train de présenter via Takieddine un moyen de résister... aux américains ! On compend soudain un peu mieux les hésitations du PDG face à l'intervieweur, même celui devant, pas du genre intrusif pour deux sous ! Cryptowall, mais aussi "Eagle" le nom du logiciel de surveillance découvert hier à Tripoli : vaudrait mieux que ça ne se sache pas trop en effet.

    En France, une société de Montpellier s'est donc vantée de faire mieux qu'Echelon. Finalement, avec Giscard d'Estaing et ses avions renifleurs, on n'était pas encore allé aussi loin dans la vantardise. Giscard s'était fait enfler par un projet grotesque de détections de nappes de pétroles par avion. Le procédé n'avait même pas pu être testé, car il reposait sur du vent. Sarkozy, lui, s'est fait fourguer autre chose, mais il a pensé à en connaître les effets avant. En se servant de son ex-grand ami comme testeur de populations. Il y a des jours où je préfère la sufffisance de Giscard : au moins, avec lui, on se doutait tout de suite de son dédain de la populace. Au 14 juillet 2011, croyez-moi si vous voulez, il n'y a pas eu que Jean-Michel Jarre, bombardé dj-animateur sur le Rocher, qui a grappillé une médaille. Philippe Vannier a ce jour-là décroché sa légion d'honneur, au titre de "chevalier", une récompense proposée par "le Ministère de la défense et des anciens combattants" , et non par le "Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie". Préparer avec autant de soin "militaire" l'application de la loi Hadopi n'a pas de prix, on le sait. Les USA ont eu leur Watergate, aura-t-on l'EagleGate ou le BullGate ?

    Agoravox
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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