Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Erraguene (Jijel) panorama.

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Erraguene (Jijel) panorama.


















    Dernière modification par born_hittiste, 04 septembre 2011, 19h56.
    There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

  • #2
    L'enfant d'Erraguène raconte ce qu'il a retrouvé de sa région

    Natif du village d’El Oueldja, près d’Erraguène, petite commune enserrée au cœur des Babors, dans la wilaya de Jijel, connue notamment pour son fameux barrage d’Erraguène, Slimane Zeghidour ne manque jamais d’aller en pèlerinage en terre de ses ancêtres chaque fois qu’il vient en Algérie.

    Le témoignage de notre confrère en dit long sur la mort programmée de nos montagnes jadis glorieuses, aujourd’hui livrées à leur souveraine solitude. «C’est la mort sociale de cette région. Et d’abord celui du nom du chef-lieu de mon terroir. Erraguène s’appelle Merj Izzerraguène, le ‘‘Pré aux cours d’eau sinueux’’ en arabo-berbère. L’administration française l’a simplifié en «Erraguène» et l’arabisation, loin de lui restituer son intégrité, l’a encore aliéné en arabisant le sobriquet français en ‘‘Iraqen’’ ! Mon village, El Oueldja, est complètement mort, il n’y a plus personne qui y vit. Il y a une soixantaine de villages entre Babor et Jijel qui sont définitivement abandonnés par leurs habitants depuis l’époque de l’AIS. Je viens de faire le tour de tous ces villages : Beni Zounday, H’dabla, Kouarta, Souassa, M’chachda, Q’maha, Oualil, Lahbal, Aghedou, Aghalen, Afernou, Beni Ighzer, Béni Ouarzeddine, Selma, Texenna.


    A part les hameaux proches de Texenna, tout le reste est complètement déserté. Des villages entiers sont à l’état d’abandon, avec leurs arbres gorgés de fruits que personne ne vient cueillir. Nulle part ailleurs je ne ressens un tel sentiment d’abandon, de rage impuissante, d’inutilité de la protestation ou même du simple signalement du désastre. Je l’ai fait sur tous les tons, y compris par un long reportage sur place pour le magazine Géo, en vain. On assure qu’il y a des fonds pour ramener les gens chez eux, mais en vérité, il n’y a rien qui se passe. En plus, les villageois n’ont toujours pas de papiers. Moi-même je n’ai aucun papier qui atteste que la maison où je suis né nous appartient. On demande à voir le chef de daïra de Ziama-Mansouriah. Cela fait dix-ans que j’essaie de le voir, peine perdue ! Notre maison familiale à El Oueldja est à moitié détruite. Je n’y ai pas mis les pieds depuis 18 ans. Je vais à Erraguène mais pas au village parce qu’il n’y a pas de retour à la normale. Il n’y a pas âme qui vive là-bas. Erraguène comptait 15 000 habitants en 1962, elle en fait 750 en incluant les débris de hameaux environnants. Le chef-lieu de la commune compte à peine 250 habitants. Le barrage jauge 230 000 de m3 d’eau, soit un million par tête d’habitant.

    Et pourtant, le précieux liquide ne coule des robinets que deux heures par jour ! A l’heure où nous parlons, il n’y a pas de pharmacie là-bas. Il y a un médecin qui vient trois fois par semaine de Jijel ou de Ziama. Il n’y a pas de maternité, pas de dentiste. C’est un état d’abandon hallucinant. J’ai fait la route Babor-Erraguène qui est pourtant un axe assez important. Il y a tout de même ce fameux barrage qui est un ouvrage stratégique. La route est totalement délabrée. Sur les 20 km qui séparent la ville de Babor d’Erraguène, on nage en pleine piste. C’est ahurissant de ne pas se donner la peine de bitumer une route comme celle-là. Je ne comprends pas…». De son regard pénétrant, Slimane Zeghidour relève le décalage entre, d’un côté, la glorification du djebel dans le discours officiel et la mythologie de la guerre d’indépendance comme en témoigne le fameux chant des combattants de l’ALN, Min djibalina talaâ sawtou el ahrar younadina lil Istiqlal (De nos montagnes s’est élevée la voix des hommes libres pour répondre à l’appel de l’indépendance), et la déchéance de la condition montagnarde de l’autre, et dont le déclin de la vie paysanne dans les Babors est la parfaite illustration : «Il y a une telle contradiction dans le discours officiel algérien. Quand on entend Min djibalina, on se dit que le djebel est considéré comme la matrice anthropologique du pays.

    Mais quand on voit l’ampleur des incendies de forêts, quand on voit la disparition d’arbres sublimes comme le Aza’rour, l’Azérolier, un arbre qui prospérait à Erraguène, on réalise le fossé sidérant qui sépare le discours de la réalité. L’Azérolier est en train de disparaître. La vie villageoise disparaît. Les usages villageois disparaissent, les dialectes, les charades, les devinettes… C’est un pays entier qui est en train de foutre le camp dans l’indifférence générale. Je ne sais pas si l’on peut appeler cela de l’indifférence, de l’inculture, de la désinvolture, du suicide inconscient. En parallèle, nous avons… je ne dirais pas de l’urbanisation, je dirais plutôt que c’est un camping de camps de réfugiés. Les Algériens bivouaquent dans leur propre patrie. Ils peuplent leur pays, mais ils ne l’habitent pas. Le littoral algérien est devenu un immense quai d’embarquement. Tout le monde attend de partir. Celui qui est dans le village veut aller dans la ville, celui qui est dans la ville veut aller dans la capitale, et celui qui est dans la capitale veut partir à l’étranger. L’Algérie est un énorme bivouac et tout le littoral est un quai d’embarquement.»

    Mustapha Benfodil elwatan



    Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994

    Commentaire


    • #3
      merci Khaly pour l'article.

      il a tout dit...

      Le littoral algérien est devenu un immense quai d’embarquement. Tout le monde attend de partir. Celui qui est dans le village veut aller dans la ville, celui qui est dans la ville veut aller dans la capitale, et celui qui est dans la capitale veut partir à l’étranger. L’Algérie est un énorme bivouac et tout le littoral est un quai d’embarquement.»
      une autre découverte.


      There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

      Commentaire


      • #4
        Ha les Babors et Erraguene.
        Royaume des Kotamas qui ont rayonné sur toute l'Afrique du nord,un paradis naturel abandonné et interdit d'accès ( terrorisme).
        Je ressens la meme chose que mr Zeghidour lorsque je foule ses terres chargées d'histoire.
        Dernière modification par snake78, 05 septembre 2011, 20h52.
        "When I saw the Hoggar Mountains, my jaw dropped. If you think of Bryce, or Canyonlands National Park, you're close, but the Hoggar Mountains are more spectacular." David Ball, Empire of sands

        Commentaire


        • #5
          belles photos

          Commentaire


          • #6






            Commentaire


            • #7












              Commentaire


              • #8
                voilaaaaaa born elhit t'as pas laissé bouger





                Commentaire


                • #9
                  saha lamosta, merci pour les photos

                  la corniche jijelienne est tres connue. frequentée par les touristes toute l'année.
                  mais les montagnes sont presque desertes a cause de l'insecurité et la misere. elles cachent des vestiges et des sites naturels insoupçonnables.
                  There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

                  Commentaire


                  • #10
                    Azul.

                    Merci à vous pour ce voyage et ce cours plein d'enseignements, quoi que pas étonnant. On dit que l'Algérie et riche, mais lorsque nous constatons cet abandon à tous points de vue, l'Algérie n'est pas aussi riche que ça, par la faute de certains. Un triste constat qui me fait d'ailleurs penser à d'autres régions, dont la mienne. Sommes-nous condamnés à rester dans cette voie? Je ne saurais répondre. Pourtant, l'espoir existe.

                    Commentaire


                    • #11
                      je ne peu pas voir les photos mais le nom d'erraguene me projette dans mes souvenirs un peu lointains .... une region paradisiaque ... je garde en memoire les senteurs de la foret et surtout la fraicheur "frigiderique" d'une source d'eau ..

                      liyam elli m'dat materdja3 hiyhet
                      The Sea is Woman, the Sea is Wonder, her other name is Fate!

                      Commentaire


                      • #12
                        Cette région a beaucoup souffert et souffre encore du terrorisme/banditisme.
                        Ceux qui ont l'on connu avant les années 90 ne peuvent être que tristes.
                        En plus depuis les années 2000 cette région subit une nouvelle forme de terrorisme sur sa corniche, qu'on appelle le tourisme de masse et anarchique,qui lui fait subir des dégradations importantes.
                        "When I saw the Hoggar Mountains, my jaw dropped. If you think of Bryce, or Canyonlands National Park, you're close, but the Hoggar Mountains are more spectacular." David Ball, Empire of sands

                        Commentaire


                        • #13
                          Tout a fait Snake et c'est tres dommage ... l'absence de culture est "desertifiante"
                          The Sea is Woman, the Sea is Wonder, her other name is Fate!

                          Commentaire


                          • #14
                            salut mezzo-morto, comment ça va ?

                            J'attend toujours les photos du cratere d'el Ou'ar.
                            Quand est ce qu'on va faire un circuit 4*4 làs bas ?
                            "When I saw the Hoggar Mountains, my jaw dropped. If you think of Bryce, or Canyonlands National Park, you're close, but the Hoggar Mountains are more spectacular." David Ball, Empire of sands

                            Commentaire


                            • #15
                              saha sidib, mezzo et snack.

                              On dit que l'Algérie et riche, mais lorsque nous constatons cet abandon à tous points de vue, l'Algérie n'est pas aussi riche que ça, par la faute de certains.
                              par la faute de tout le monde...
                              un simple exemple, mes parent me racontaient avant l'independance les gardes forestiers avaient un pouvoir redoutable, personne n'avait le courage de couper un arabre ou de laisser errer son betail dans la foret. aujourd’hui c'est eux qui n'osent plus monter a la montagne par peur d'etre lynché par les pilleurs de chene...
                              There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

                              Commentaire

                              Chargement...
                              X