Faut les comprendre les pôvres papas !

[keazy]

Finalement, pourquoi s’étonner de l’embarras «ambigu» de nos dirigeants face à l’affaire libyenne, et ses effets collatéraux, notamment l’ouverture de cliniques d’accouchement d’urgence dans les bandes frontalières ? Pourquoi froncer les sourcils au spectacle de notre diplomatie reléguée au rang arrière de repentance sur une photo de «famille» recomposée à Paris, photo où un Comité transitoire trône en meilleure place qu’un gouvernement officiel ? Moi, je ne peux plus faire semblant d’étonnement. Pour une raison toute simple qu’il faudra bien un jour mettre brutalement sur la table, poser avec fracas, bien en évidence, sous les pifs en alerte de l’opinion. N’étant pas d’un naturel particulièrement patient, et préférant ne pas remettre au lendemain ce que je peux faire aujourd’hui, je m’en vais ici même, dans les lignes qui suivent, encombrer la table de quelques questions abruptes : peut-on me jurer qu’aucun ministre de l’actuel gouvernement n’a d’enfants étudiant en ce moment dans des universités françaises ? Peut-on m’assurer que sur les dernières semaines, des ministres en poste ne se sont pas déplacés en France, pas seulement à Paris pour y suivre personnellement l’inscription ou la réinscription de leurs chérubins en graduation universitaire, puis une fois cela fait, ont entamé la location ou la relocation de logements pour leur progéniture ? Mieux encore ! Peut-on me confirmer que l’un des ministres qui a mené la plus féroce des charges contre la loi française du 23 février vantant les mérites du colonialisme, celui-là même qui, à cor et à cri, a exigé des excuses de la France sarcozyste n’a pas d’enfant installé en France et détenteur de la… nationalité française ? Que l’on me dise que cela est faux. Juste ça ! Sinon, on peut aisément ensuite comprendre que les chemins vers Paris et la conférence sur la Libye deviennent aussi faciles et rapides à emprunter. On peut aussi comprendre que tenus à la patte de la sorte, on évite de trop remuer la queue ensuite, de peur de voir, par exemple, le Canard Enchaîné publier le bulletin scolaire de votre enfant, ou l’extrait de naturalisation, avec vidéo vachement sympa du chant de la Marseillaise entamé en salle de cérémonie, pour bien montrer son intégration et son amour pour la Gaule. Alors, Allah yerham babakoum, avec des boulets pareils, comment voulez-vous discuter, dialoguer, négocier ou refuser quoi que ce soit à la patrie de vos enfants ? Faut les comprendre, les pauvres papas ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.