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Les mercenaires ou plutot "armée régulière" de l'oligarchie financière

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  • Les mercenaires ou plutot "armée régulière" de l'oligarchie financière

    Mercenaires sans frontières, les « chiens de guerre » de la mondialisation financière

    28 juillet 2007
    Par Karel Vereycken
    « Si la cupidité est bonne, la guerre est meilleure » Forbes.com commentant les profits financiers de DynCorp en bourse.

    Prologue

    Le terme « mercenaire » évoque très souvent chez nos concitoyens l’image d’un Bob Denard, des « soldats de fortune » et autres « affreux ». Mais le grand public ignore souvent la nouvelle réalité, bien plus affreuse, celle des Sociétés militaires privées (SMP), les fameuses Private Military Contractors (PMC).

    Depuis l’effondrement du système soviétique en 1989, la donne a changé. Si, par le passé, les mercenaires vendaient, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, leur sale besogne à des dictateurs à la dérive, des entreprises en mal de milice patronales ou des services secrets en quête d’hommes de main pour des coups tordus dans l’ombre, aujourd’hui c’est au grand jour que des Etats dits « civilisés » et leurs institutions sont devenus les principaux donneurs d’ordre des SMP : Pentagone, Département d’Etat, ONU, UE, OSCE, OUA et même certaines ONG et la Croix Rouge !

    Le scandale de British Aerospace Systems, qui secoue actuellement le Royaume-Uni et les Etats-Unis, révélant une corruption financière et politique autour d’énormes contrats de vente d’armes de la société britannique BAE Systems à l’Arabie saoudite, a levé un coin du voile sur le véritable projet de société que tente d’imposer l’oligarchie financière internationale. Il s’agit d’un modèle d’empire inspiré de la Compagnie britannique des Indes orientales, qui, au XVIIe siècle dominait avec son monopole financier, son commerce et ses armées, les océans d’un « empire où le soleil ne se couche jamais ».

    Hier, comme aujourd’hui, il s’agit d’ériger un cartel de financiers, qui, en mariant pouvoir financier, puissance militaire, technologique et informatique imposent leur contrôle sur les ressources de la planète et ses habitants. Comme les pirates de jadis, les Sociétés militaires privées exécutent comme sous-traitants les basses œuvres de l’empire dont elles portent la gloire.
    Un bref examen des carrières des dirigeants actuels de BAE Systems, ainsi que leurs carnets d’adresses dans le monde politique, financier et des affaires, confirment sans ambiguïté qu’avec BAE nous n’avons plus affaire à une simple entreprise, mais à un cartel de producteurs d’armes high-tech dans l’informatique et le spatial (BAE Systems, United Defense Industries, Lockheed Martin), de financiers spéculateurs (Lazard, Goldman Sachs, Deutsche Bank), de gestionnaires de matières premières (British Petroleum, Shell Oil) avec sur le terrain, les SMP.

    La Société militaire privée DynCorp, qui forme des milliers de soldats et de policiers et dont nous parlerons plus loin, est également une caricature grotesque de ce mariage criminel entre grandes compagnies de mercenaires et grandes compagnies de spéculateurs. Le principal actionnaire de DynCorp a été pendant très longtemps Capricorn Holdings, une société dirigée par un certain Herbert S. Winokur Jr., qui siège à DynCorp tout en présidant le conseil financier de la société Enron, le géant texan de l’énergie connu pour ses malversations retentissantes. Récemment, DynCorp fut racheté par un fonds d’investissement, Veritas Capital, dirigé par Robert B. McKeon, ancien PDG de Wasserstein Perella Management Partners. L’ancien partenaire de McKeon est Bruce Wasserstein qui dirige aujourd’hui la banque synarchiste Lazard Frères...

    Si le cartel fascisant BAE a pu s’implanter aussi massivement dans les interstices du pouvoir américain, allant jusqu’à porter atteinte à sa souveraineté, c’est essentiellement à cause de l’anglophilie sans limites du vice-président américain Dick Cheney et de sa femme Lynne, têtes de proue de la secte des néo-conservateurs. Le scandale de la BAE a été un révélateur du vrai projet politique de cette faction. Sous couvert de « révolution dans les affaires militaires (RMA) », une politique systématique de « privatisations » et « d’externalisation » ainsi que de réduction massive des effectifs de l’armée américaine, doublée d’une course aux armements « miracles » (informatique, espace, etc.) confiés à quelques super professionnels opérant dans le plus grand secret, a créé le cadre de l’explosion fulgurante du marché des sociétés militaires privées.

    Aussi fou que ceci puisse paraître, cette vaste machine militaire, devenue instrument de chantage, leur permettrait l’instauration d’un « gouvernement mondial » tenant le monde en otage avec des armes positionnées dans l’espace, tout en gérant le chaos des populations avec des entités de mercenaires, une génétique sans éthique, une désinformation constante et des drogues régulatrices. Cette « dictature scientifique », l’utopie dangereuse dont rêvaient George Orwell dans 1984 et Aldous Huxley dans Le retour au meilleur des mondes, popularisée par tant de bandes dessinées, sera la réalité du monde de demain si nous réagissons pas.

    Introduction

    En 2004 s’est tenue au Middlebury College, dans l’Etat du Vermont aux Etats-Unis, une conférence sous les auspices du Centre Rohatyn pour les affaires internationales, sur le thème de « la privatisation de la défense nationale américaine. »
    Félix Rohatyn, ancien ambassadeur américain à Paris et ancien banquier de Lazard Frères, y partageait la tribune avec des géopoliticiens tel que Michaël Ignatief, un professeur d’Harvard qui affirme que l’Amérique devrait abandonner le républicanisme pour le « libéral-impérialisme », William Dobson, l’éditeur de la revue du Conseil des relations étrangères (CFR) Foreign Affairs, et un certain nombre d’anciens militaires habitués à effectuer des allers-retours entre le Pentagone et un secteur militaire privé en pleine croissance grâce au développement très lucratif des sociétés militaires privées.

    Mentionnons aussi, par exemple, le général Ed Soyster, annoncé au programme comme un « conseiller spécial auprès du ministère de la Défense ». Si Soyster a été réellement chef du service de contre-espionnage américain, la D.I.A. (Defense Intelligence Agency), il est aujourd’hui vice-président en charge des relations internationales de MPRI (Military Professionals Resources Inc.), une des plus importantes sociétés militaires privées du monde.

    Sept ans plus tôt la même D.I.A. avait déjà organisé un colloque à huis clos sur le thème de « la privatisation des fonctions de défense nationale en Afrique sub-saharienne », réunissant des SMP américaines et anglaises. En dehors des responsables de MPRI, il y avait aussi Eeben Barlow, directeur de la fameuse société de mercenaires Executive Outcomes, qui se faisait rémunérer en diamants en Sierra Leone, ainsi que celle de Timothy Spicer dont nous parlerons plus tard.

    Un mois après cette conférence, dans le Financial Times, Félix Rohatyn en personne livrait ses pensées sur la question. Depuis une décennie, dit Rohatyn, une révolution tranquille est en marche. Dans la première guerre du Golfe, « la proportion de troupes américaines sur le terrain par rapport au nombre de SMP était de 50 contre 1. Dans la guerre d’Irak en 2003, la proportion était de 10 contre 1, tout comme pendant l’intervention en Bosnie et au Kosovo, sous Clinton. (...) Pour donner un ordre de grandeur de cette évolution, le montant total des contrats d’Halliburton en Irak se chiffre à ce jour autour de 11 à 13 milliards de dollars, soit plus du double du coût payé par les Etats-Unis pour la première guerre du Golfe. (...) Dans l’histoire de la guerre, continue Rohatyn, la sous-traitance et le déploiement de mercenaires n’ont rien de neuf. L’empire anglais a été bâti avec des soldats mercenaires, et une armée de citoyens n’est apparue que dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Mais il y a deux différences structurelles entre l’empire anglais du XIXe et l’américain du XXe. D’abord, ce sont des compagnies cotées en bourse qui mènent des opérations militaires privées. Ensuite, le marché de cette nouvelle force possède aujourd’hui un caractère vraiment mondial, ce qui fait apparaître des nouvelles prérogatives de responsabilité et de régulation. »
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  • #2
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    Un marché de 100 milliards de dollars

    Lors de l’invasion américaine de l’Irak, en mars 2003, des hommes de la Navy pilotaient les bateaux de guerre américains. Mais à leurs côtés, opérait le personnel de quatre sociétés privées, pilotant quelques-unes des armes les plus sophistiquées du monde. Quand les drones prédateurs, les Hawks, et les bombardiers fantômes B2 entraient en action, leurs systèmes étaient également manoeuvrés par des sociétés privées.

    Le rôle des SMP a été encore plus important dans la période dite de « l’après-guerre ». En 2003, sur les 87 milliards dépensés par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, un tiers (30 milliards) l’a été pour les SMP. Rien qu’en Irak le General Accounting Office (GAO, équivalent américain de la Cour des Comptes en France) affichait en 2005 la présence de quelque 60 SMP employant environ 25.000 personnes, chiffre qui est passé en 2006 à 181 sociétés employant un peu plus de 48.000 personnes, soit plus de quatre fois les 11.000 soldats du contingent britannique !

    Les officiers de l’armée anglaise se plaignent presque quotidiennement du fait que leurs soldats qualifiés rejoignent le privé pour toucher des salaires généralement entre cinq à vingt fois plus élevés que ce qu’ils gagnent dans l’armée de sa glorieuse majesté. Un ancien commando du SAS britannique, des forces Delta américaines ou d’autres troupes d’élite, peut gagner jusqu’à 1000 dollars par jour en Irak. L’hémorragie est telle que même l’armée américaine a dû se résoudre à verser une prime de 150.000 dollars pour tout sous-officier qui renouvelle son engagement pour six ans de plus.

    « Révolution dans les affaires militaires » revue Inflexions N°5, janvier-mai 2007 Si cette « révolution dans les affaires militaires » (RMA), décrite dans le livre The Transformation of War de Martin van Creveld, où les Etats-nations sont remplacés par des « entités guerrières », est en marche depuis longtemps, son ampleur prend désormais une dimension plus qu’inquiétante.
    D’abord, en remontant un peu dans le temps, on constate que depuis la fin de la guerre froide, presque six millions de militaires ont été jetés sur le marché du travail avec comme unique qualification leur expérience militaire. Les effectifs considérables de l’Armée Rouge, ceux des armées de l’Allemagne de l’Est ou de l’Afrique du Sud ont été massivement réduits. Les armées des pays européens et des Etats-Unis n’ont pas résisté à la tendance générale. Ainsi, l’armée américaine est passée de 2,1 millions d’hommes sous les armes en 1990 à 1,4 million en 2003, soit un tiers de moins ! C’est cette réduction massive des effectifs de l’armée américaine sous Clinton, un « downsizing » ou rétrécissement accéléré massivement par l’administration Bush-Cheney, qui a fait exploser le marché du privé. Grâce à Donald Rumsfeld, qui arguait qu’on pouvait « externaliser toutes les fonctions militaires sauf les tirs », les contrats gouvernementaux avec les SMP ont conquis un marché pesant plus de 100 milliards de dollars par an, qui a englouti environ le quart des 439,3 milliards de dollars du budget de la défense des Etats-Unis en 2006. Dans la pure tradition du double langage orwellien, les SMP ont formé leur propre lobby pour défendre la profession, l’International Peace Operations Association.

    DynCorp, un Etat dans l’Etat

    Examinons pour commencer le cas de la Société militaire privée DynCorp. Basée à Church Falls en Virginie, DynCorp (dont l’ancien patron de la CIA James Woolsey fut actionnaire) emploie 26.000 personnes dans des dizaines de pays. Racheté par un fonds d’investissement coté à la bourse de New York, Dyncorp est un véritable Etat dans l’Etat. La société se vante de ses performances en informatique qui lui ont valu les contrats de gestion des données comptables de plus de trente agences et ministères de l’Etat américain, y compris le FBI, le Département d’Etat, le Département de la Justice, le Département de la Défense, l’agence de répression contre les stupéfiants (DEA), le Bureau des Prisons et l’Office national de la politique contre la toxicomanie. C’est une des rares sociétés ayant accès au système PROMIS, qui permet un accès illimité à tous les comptes bancaires de la planète, système qui aurait servi pour « balayer » les comptes en banque de Manuel Noriega et de Ferdinand Marcos ! L’ancien poids lourd du ministère de la Sécurité intérieure américaine, Dwight. M. Williams, vient d’en être nommé vice-président pour les questions de sécurité tandis qu’un ancien haut responsable de BAE a été nommé directeur. Que demande le peuple ?

    Derrière cette honnêteté de façade se cache une réalité bien moins reluisante. Un mémorandum diplomatique américain affirme que « quelque 300 officiers de la police haïtienne ont obtenu une formation de gestion des foules ». Les experts de l’ambassade pensent que ce sera la tâche principale de la police haïtienne en 1997, puisque « la stagnation de l’économie engendre un fort sentiment de frustration dans la populace. »

    Le site internet CorpWatch souligne que certains contrats semblent formatés explicitement pour contourner la loi américaine. Après les guerres coloniales au Laos et au Cambodge, le Congrès américain a limité à 400 le nombre de soldats que le pays peut déployer à l’étranger et imposé l’autorisation du Congrès pour tout contrat au-dessus de 50 millions de dollars. En multipliant des contrats moindres rebaptisés « missions de la paix » et en faisant appel à des SMP ainsi qu’à des étrangers, le Congrès est mis hors du coup. Janice Shakowsky, une démocrate de l’Illinois, posait publiquement la question : « Est-ce que l’armée américaine privatise ses missions pour éviter toute contestation ou critique en soustrayant les cadavres au regard de l’opinion publique ? »

    Comme nous l’avons souligné au début de cet article, DynCorp est presque une caricature de la Compagnie des Indes orientales, mariage criminel entre grandes compagnies de mercenaires et grandes compagnies de spéculateurs. L’actionnaire principal de DynCorp a été pendant très longtemps Capricorn Holdings, une société dirigée par un certain Winokur, qui siège à DynCorp tout en étant président du conseil financier de la société Enron, le géant texan de l’énergie connu pour ses malversations. On pense que ce qui a permis à Winukur d’éviter la prison, ce sont les rapports intimes de DynCorp avec le système judiciaire américain. Au début de l’année 2007, DynCorp fut racheté par un fonds d’investissement, Veritas Capital, dirigé par Robert B. McKeon, ancien PDG de Wasserstein Perella Management Partners. L’ancien partenaire de McKeon est le sulfureux Bruce Wasserstein, qui dirige aujourd’hui la banque synarchiste Lazard Frères. Commentant les récents et fabuleux profits de DynCorp, qui « dépassent tous les espoirs de Wall Street », le site internet Forbes.com commentait que « Si la cupidité est bonne, la guerre est meilleure », affirmant que « puisque les conflits continuent à faire la une, les analystes anticipent de bonnes perspectives pour les sous-traitants militaires ».

    SMP et humanitaire

    Le déguisement en gardiens de la paix et en co-acteurs dans le domaine humanitaire a permis à certaines SMP d’empocher des contrats auprès de donneurs d’ordres parfaitement respectables : Pentagone, Département d’Etat, ONU, UE, OSCE, OUA, voir certaines ONG et même la Croix Rouge !

    Bernard Kouchner, dont l’esprit d’ouverture est désormais légendaire, y fait allusion dans un article récent publié dans une revue de référence, où il affirme que « la question majeure en effet n’est sans doute plus de savoir si l’espace humanitaire doit rester l’exclusivité des ONG (si tant est qu’il l’ait jamais été), mais bien plutôt de savoir comment un nombre croissant d’acteurs agissant aujourd’hui dans le secours aux victimes -ONG, organisations onusiennes, sécurité civile, forces militaires nationales et transnationales, acteurs privés, etc. - peuvent avoir des mandats, démarches et périmètres d’actions qui permettent de répondre le plus efficacement possible, et avec le meilleur rapport coût-efficacité aux besoins des populations touchées par les crises. » [1]

    On le voit, pour Kouchner il ne s’agit pas de combattre ce phénomène, mais de le réguler afin de profiter du « meilleur rapport coût-efficacité », c’est-à-dire du marché ! Pour faire passer la pilule amère à une opinion publique française jugée « trente ans en retard sur les Anglo-Saxons », certains plaident pour « adopter le vocable de société d’appui stratégique et opérationnel (SASO), de préférence à celui de société militaire privée (SMP) » Mais le message est clair : « Monsieur, nous ne sommes pas des mercenaires, détrompez-vous ! Nous faisons un travail professionnel, sérieux, quoique pour quelques poignées de dollars. » Comme d’habitude, la révolution des mots est en marche.
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    • #3
      suite ...

      La loi française et la Convention de Genève

      Mais une opposition réelle aux SMP existe dans notre pays. Le 3 avril 2003, les députés français ont voté - à l’unanimité des différents partis - un nouveau texte de loi sur « la répression de l’activité mercenaire ». A l’occasion, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, entre autres, a exprimé toute la réticence que la France ressent instinctivement à l’encontre de ces SMP : « De véritables entreprises de guerre, souvent d’origine anglo-saxonnes, ont, sur ce terreau, pu apparaître et fructifier. Elles fournissent à des Etats à la dérive des produits guerriers "clés en main" et à des oppositions peu soucieuses du respect des procédures légales, les moyens de parvenir à leurs fins. Il est à noter, d’ailleurs, qu’il ne s’agit plus du mercenariat traditionnel, individuel, mais de véritables entreprises commerciales, d’autant plus redoutables qu’elles disposent de moyens importants. »
      La loi adoptée est presque identique au protocole I du 8 juin 1977, additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949, article 47, 2. Ce dernier est plus qu’explicite sur la question : « Le terme "mercenaire" s’entend de toute personne : a) qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour combattre dans un conflit armé ; b) qui en fait prend une part directe aux hostilités ; c) qui prend part aux hostilités essentiellement en vue d’obtenir un avantage personnel et à laquelle est effectivement promise, par une Partie au conflit ou en son nom, une rémunération matérielle nettement supérieure à celle qui est promise ou payée à des combattants ayant un rang et une fonction analogues dans les forces armées de cette Partie ; d) qui n’est ni ressortissant d’une Partie au conflit, ni résident du territoire contrôlé par une Partie au conflit ; e) qui n’est pas membre des forces armées d’une Partie au conflit ; et f) qui n’a pas été envoyée par un Etat autre qu’une Partie au conflit en mission officielle en tant que membre des forces armées dudit Etat. »

      Il est à noter ici que beaucoup de pays, y compris les Etats-Unis, ne sont pas signataires du Protocole additionnel (APGC77), définissant le statut de mercenaire. Mais, compte tenu du fait que les six critères doivent s’appliquer en même temps, ce texte manque de sévérité. Malheureusement, la nouvelle loi française ne fait qu’intégrer au code pénal français cette qualification juridique de « mercenaire » telle qu’elle se trouve déjà définie par la Convention de Genève. Sur le terrain, la loi s’avère inopérante car elle se limite à des mercenaires individuels et pas à des entreprises. Par exemple, en Côte d’Ivoire, la France a été incapable d’inculper les « mercenaires » slaves ou sud-africains, auteurs du bombardement de Bouaké sur les forces militaires françaises, car juridiquement ils étaient employés par les forces armées du pays. Juridiquement, cette attaque était un acte de guerre de la Côte d’Ivoire contre la France, qui, dès lors, ne pouvait plus s’appuyer sur la Convention de Genève pour poursuivre les mercenaires en question. Plus grave encore, aucune loi n’empêche pour l’instant une société de droit français de « contracter » avec l’armée américaine ou avec des organismes humanitaires en Irak ou en Afghanistan, afin de mettre à leur disposition les compétences d’un vivier d’anciens soldats français dans des missions de protection.

      Notons aussi que certains en France veulent se mettre à l’heure anglo-saxonne. Ainsi, l’ancien patron de la direction du renseignement militaire, le général Heinrich, a créé sa propre société Géos qui connaît une forte croissance et dispose déjà de quelque 120 anciens de la DGSE. Elle a décroché le contrat pour la sécurité du pipeline Tchad-Cameroun. Bien qu’elle refuse de traiter « des missions qui reviennent en principe aux pouvoirs publics », elle peut dans l’urgence, intervenir, avec le feu vert du Quai d’Orsay, tout en évitant « toute participation directe ».

      De Machiavel à Eisenhower

      Comme les généraux romains à la fin de l’empire, qui se faisaient couronner empereur à Rome en achetant les voix de la plèbe avec le butin des conquêtes impériales, l’élection de la dynastie Bush a largement bénéficié des contributions des compagnies mercenaires et des fonds d’investissements qui les contrôlent. Impossible de chiffrer avec précision les millions de dollars versés par les SMP aux candidats sur le devant de la scène politique. Ce qui est connu, c’est que Blackwater USA a versé 2,4 millions à des candidats républicains, tandis que DynCorp, Bechtel et Halliburton leur ont allongé plus de 2,2 millions de dollars, ainsi qu’à la candidature de George W. Bush.

      Sommes-nous prêts à vendre notre liberté et nos âmes aux diables de la guerre en acceptant la privatisation des dernières fonctions régaliennes de nos Etats-nations souverains ?

      A un étudiant qui lui demandait, lors d’un débat à l’université John Hopkins, s’il envisageait une législation pour ramener les SMP sous le coup de la loi, le président Bush répliqua, en rigolant, qu’il « allait décrocher le téléphone et dire, Monsieur le Ministre, j’ai une question intéressante », déclenchant un éclat de rire général.

      Deux voix plus sages du passé nous mettent en garde contre tout pouvoir excessif d’un complexe militaro-industriel, devenu aujourd’hui militaro-financier. D’abord celle de Machiavel, l’homme d’Etat florentin et ami de Léonard de Vinci, s’adressant au duc Sforza dans Le Prince, en 1532. Ensuite, plus proche de nous, celle du grand ami du général de Gaulle, le général et président Dwight Eisenhower, lorsqu’il prononça son allocution de départ en janvier 1961.

      Machiavel, qui voyait dans les condottieres et leurs mercenaires la principale cause de la ruine de l’Italie à son époque, écrit : « Le Prince dont le pouvoir n’a pour appui que des troupes mercenaires ne sera jamais aussi assuré ni tranquille ; car de telles troupes sont désunies, ambitieuses, sans discipline, infidèles, hardies envers les amis, lâches contre les ennemis ; et elles n’ont ni crainte de Dieu, ni probité à l’égard des hommes. Le Prince ne tardera d’être ruiné qu’autant qu’on différera de l’attaquer. Pendant la paix, il sera dépouillé par ces mêmes troupes ; pendant la guerre, il le sera par l’ennemi. La raison en est que de pareils soldats servent sans aucune affection, et ne sont engagés à porter les armes que par une légère solde ; motif sans doute incapable de les déterminer à mourir pour celui qui les emploie. Ils veulent bien être soldats tant qu’on ne fait point la guerre ; mais sitôt qu’elle arrive ils ne savent que s’enfuir et déserter. » (...) « Les capitaines mercenaires sont ou ne sont pas de bons guerriers : s’ils le sont, on ne peut s’y fier, car ils ne tendent qu’à leur propre grandeur, en opprimant, soit le prince même qui les emploie, soit d’autres contre sa volonté ; s’ils ne le sont pas, celui qu’ils servent est bientôt ruiné. Si l’on dit que telle sera pareillement la conduite de tout autre chef, mercenaire ou non, je répliquerai que la guerre est faite ou par un prince ou par une république ; que le prince doit aller en personne faire les fonctions de commandant ; et que la république doit y envoyer ses propres citoyens : que si d’abord celui qu’elle a choisi ne se montre point habile, elle doit le changer ; et que s’il a de l’habilité elle doit le contenir par les lois, de telle manière qu’il n’outrepasse point les bornes de sa commission. »

      Enfin, le général Dwight Eisenhower, le 17 janvier 1961, trois jours avant la fin de son mandat présidentiel, avertissait contre le danger de ce qu’il appelait le complexe militaro-industriel en ces termes : « Dans les allées du pouvoir, nous devons nous protéger contre l’obtention d’influence injustifiée, délibérément recherchée ou pas, par le complexe militaro-industriel. Le potentiel pour un accroissement désastreux ou déplacé du pouvoir existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés ou le processus démocratique... »

      FIN

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      • #4
        Dix cas d’espèce

        ANGOLA : à la recherche du diamant vert et de l’or noir en Angola

        Le blason des brigades spéciales d’Executive Outcomes

        Avant la fin de la guerre froide, les Américains armaient discrètement les combattants de l’UNITA cherchant à renverser le régime angolais pro-soviétique. L’UNITA occupait une vaste région où sont localisées les richesses minières du pays. En 1992, l’Angola embauche la société britannique Executive Outcomes (EO), une SMP formée par un petit millier d’anciens du SAS britannique et membres des forces spéciales sud-africaines. Comme Roger Moore l’a documenté dans Executive Intelligence Review, EO « se payait sur la bête » en se faisant rémunérer, dans le pur style colonial, par des concessions de pétrole et de diamants accordées à Tony Buckingham, un des dirigeants d’EO. Ses débordements entraînent sa dissolution en 1998 et l’adoption d’une loi anti-mercenaire en Afrique du Sud. (Sources : Inflexions n°5, janv.-mai 2007 ; « Privatizing War » de Ken Silverstein, The Nation, 28 juillet 1997)


        CROATIE : Aider les Croates à joindre l’OTAN : « Opération Tempête »
        Le général Ed Soyster, ancien directeur de la DIA qui assista à la conférence de Rohatyn mentionnée plus haut, est vice-président de Military Professional Resources Inc. MPRI compte parmi ses dirigeants 22 anciens hauts gradés, dont le général Carl Vuono, chef de l’état-major américain pendant l’invasion du Panama et la première guerre du Golfe. Selon ses dires, MPRI dispose d’un fichier de plus de 10.000 officiers et sous officiers, dont 340 généraux disponibles à tout moment pour des missions. S’il ne travaillent pas tous en permanence, ils peuvent être sollicités pour des « piges », comme cefut le cas en Irak. Dans le secteur, on raconte que chez MPRI, il y a « plus de généraux au mètre carré qu’au Pentagone ». MPRI a aussi écrit de nombreux manuels pour l’armée américaine... « Les Croates espéraient joindre l’OTAN, disait le général Soyster, et si vous désirez rejoindre le club, il faut avoir l’air de membres. » Malgré l’embargo voté à l’ONU en 1991 contre toute livraison d’armes aux pays de l’ex-Yougoslavie, MPRI fut embauché en 1994 par le département d’Etat américain pour former de toute urgence l’armée croate, jugée trop amateur. Après quelques mois d’entraînement, l’armée croate lançait « Opération Tempête » dans la région de Krajina, provoquant le départ d’au moins 100.000 Serbes en quatre jours. Les enquêteurs du TPI ont inculpé plusieurs officiers croates pour « meurtres et autres actes inhumains ». Soyster affirme qu’aucun employé de MPRI ne participa à l’opération, mais avoue que quelques Croates avaient assisté aux sessions de formation. Lors du débat parlementaire en 2003, le député français Paul Quilès, pour le groupe socialiste, dénonça le fait que des SMP « permettent à certains Etats d’intervenir sans apparaître ouvertement. C’est ainsi que les Etats-Unis ont pu contourner l’embargo décrété par l’ONU au Rwanda en payant une société, Ronco, pour faire le déminage et livrer du matériel militaire, et intervenir en Croatie en 1995, à travers MPRI, pour former, entraîner et équiper l’armée croate. » En Bosnie, un responsable de l’armée confiait qu’il y avait « un conflit d’intérêt. Moi, je représente l’intérêt national, mais eux ce sont des hommes d’affaires. J’aurais préféré une coopération directe avec les organisations des Etats telles que l’OTAN ou l’OSCE. Mais on ne nous a pas laissé le choix, il fallait employer MPRI. » (Sources : Ken Silverstein, « Privatizing War », The Nation, 28 juillet 1997 ; Leslie Wayne, “America’s For-Profit Secret Army”, New York Times, Octobre 13, 2002 ; résumé du livre de John Geddes (ancien du SAS) « L’autoroute vers l’enfer », sur armees.com)

        BOSNIE : Esclavage sexuel
        Comme préalable à la signature des accords de paix de Dayton qui scellait la fin de la guerre, le gouvernement bosniaque exigeait légitimement une aide internationale afin de mettre sur pied une armée nationale. Le contrat fut accordé à MPRI, qui a raflé des milliers de dollars provenant de pays musulmans donateurs, Arabie saoudite, Brunei, Emirats arabes unis et Malaisie, qui déposaient l’argent sur un compte spécial du Trésor américain ! Sur place, un observateur remarqua : « Si en Bosnie un GI américain utilise son arme pendant une bagarre de bistro, il est soumis à la loi militaire américaine. Si un vigile américain privé qui protège ITT à Tuzla fait la même chose, il est jugé selon la loi bosniaque. » Cependant, par la nature des choses, les SMP opèrent dans des pays défaillants, où la loi est souvent purement notionnelle. La tentation de se faire plaisir dans ce flou légal semble avoir eu son effet pour une autre SMP, DynCorp, chargée de former la police bosniaque. Certains employés de la société y furent accusés de viol et de trafic de jeunes filles âgées d’à peine 12 ans. Les deux personnes qui dénoncèrent l’affaire furent licenciées, mais DynCorp ne fut jamais condamné. Dans son procès contre son employeur, l’un des deux accusateurs relate comment ses supérieurs vendaient et achetaient des femmes pour leur satisfaction personnelle, vantant l’âge et les talents divers des personnes achetées. Madeleine Rees, principale responsable pour l’ONU des droits de l’homme à Sarajevo, fut abasourdie qu’après ce scandale, DynCorp ait encore pu obtenir un gros contrat pour former la police Irakienne. ( Sources : Ian Traynor, « The privatisation of War”, The Guardian, 10 décembre 2003 ; l’ancien responsible du Parti Républicain Catherine Fitts, “Enron, the anatomy of a cover-up” ; Eric Leser, “L’armées américaines fait de plus en plus appel au secteur privé”, Le Monde, 10 février 2003)

        COLOMBIE : guerre à la drogue ?
        A de nombreuses reprises, les Etats-Unis ont voulu aider les pays d’Amérique latine, notamment la Colombie, le Pérou ou la Bolivie, à détruire les cultures de coca. DynCorp fut donc embauché pour ce travail payé 170 millions de dollars (entre 1996 et 2001). Petit détail : DynCorp Aerospace Technology sous-traite depuis une dizaine d’années l’épandage des herbicides à une autre société : Eagle Aviation Services and Technology (EAST). Autre petit détail : EAST et son fondateur Richard Gadd ont aidé le colonel américain Oliver North à fournir des armes aux « Contras » qui combattaient le régime pro-communiste du Nicaragua. En échange, et pour payer les armes, ces derniers chargeaient les avions avec de la cocaïne... Dernier petit détail : Dick Cheney a toujours été un supporter inconditionnel d’Oliver North et a financé sa campagne sénatoriale (ratée). (Source : Ken Guggenheim, « Drug Fight in Colombia questioned », Associated Press, 5 juin 2001.)

        LIBERIA : Enlèvement à gages
        En décembre 2003, une SMP Britannique, Northbridge Services Group, se propose d’enlever l’ancien président libérien Charles Taylor pour bénéficier de la récompense de 2 milliards de dollars promise par le Congrès américain. Charles Taylor, recherché par une cour internationale de l’ONU en Sierra Leone, avait obtenu l’asile politique au Nigeria, malgré un mandat d’arrêt international d’Interpol. En novembre 2003, le président George Bush avait débloqué 87,5 milliards de dollars pour les opérations en Irak et en Afghanistan, dont 2 milliards de récompense pour l’arrestation d’un inculpé recherché par une cour de Sierra Leone soutenue par l’ONU... (Source : BBC, « Firm seeks Charles Taylor Bounty », le 11 décembre 2003)
        Dernière modification par Gandhi, 05 septembre 2011, 12h11.
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        • #5
          GUINEE : Tentative de putch


          Simon Mann, dirigeant d’EO proche de Mark Thatcher, jeté en prison au Zimbabwe
          En mars 2004, un avion en provenance d’Afrique du Sud est arraisonné au Zimbabwe. A bord, une centaine d’hommes et leurs dirigeants : le britannique Simon Mann et le sud-africain Nick Du Toit, deux ex-dirigeants d’Executive Outcomes. But de l’opération : renverser le régime de la Guinée équatoriale, pays qu’on surnomme le « Koweit de l’Afrique » à cause de ses immenses réserves d’hydrocarbures. Instigateur de l’opération : Mark Thatcher, fils de l’ancien Premier ministre britannique, arrêté le 15 août 2004 en Afrique du Sud. Une entreprise de son associé en affaires et co-instigateur de la tentative de coup, le conservateur anglais Gary Hart, aurait bénéficié de 20 millions d’euros provenant de BAE Systems. (Source : Philippe Leymarie, Le Monde Diplomatique, « En Afrique, une nouvelle génération de "Chiens de guerre"« , novembre 2004)

          OURAGAN KATRINA : buvez-vous du Blackwater ?

          Les mercenaires de Blackwater USA "sécurisent" la Nouvelle Orléans après l’Ouragan Katrina
          Quelque 150 hommes de Blackwater USA, armés jusqu’aux dents, ont débarqué à la Nouvelle-Orléans juste après l’ouragan Katrina pour se « joindre à l’effort humanitaire ». Il s’agissait de « sécuriser » les quartiers et d’« affronter les criminels » en exhibant les grosses mitraillettes et les cartouches de munition. D’autres étaient dans les starting-blocks, comme la SMP israélienne Instinctive Shooting International (sic). En Louisiane, en moins de quinze jours, le nombre de sociétés de sécurité privées passa de 185 à 235. Certaines étaient au service du gouvernement fédéral, mais la plupart étaient là pour le privé. Si chacun se payait sa propre police, ça serait moins cher, non ? (Source : Jeremy Scahill, « Blackwater Down », The Nation, 10 octobre 2005)

          SOUDAN : Génocide pour le pétrole
          En 1983, sous la direction de John Garang, le SPLA lance une rébellion au Sud-Soudan, riche en pétrole. Entraîné par DynCorps pour 3 millions de dollars en 2001, le SPLA, sous pression des Etats-Unis, est intégré dans le gouvernement soudanais et contrôlera la région semi autonome du Sud Soudan. En récompense de ces services, le SPLA n’hésite pas à octroyer le « Bloc B », qui est exploité par le groupe français Total, au pétrolier anglais White Nile... En 2006, DynCorp renouvelle le contrat pour faire du SPLA une armée régulière. Plusieurs sources pensent qu’à travers le SPLA, DynCorp alimente les rébellions du Darfour où d’autres champs pétroliers les attendent. Au Darfour en 2004, alors que débarquent 4500 soldats nigérians et rwandais de l’Union Africaine, le département américain signe un contrat d’une valeur de 20,6 millions dollars avec deux SMP : DynCorp et Pacific Architects & Engeneers (PAE), connu pour avoir grossièrement surfacturé ses services en RDC. Notez que le budget total de l’OUA pour 2004 se chiffrait à 43 millions de dollars, l’équivalent misérable d’un demi Airbus A320... En 2005, DynCorp fut chargé d’organiser le déplacement des rebelles àla conférence de paix de Nairobi, grâce à un staff spécial établi à Washington. « Pourquoi utilisons-nous des SMP pour conduire des négociations de paix au Soudan ? » La réponse est simple, répond un haut responsable du gouvernement américain : « La loi américaine nous interdit de financer un parti politique ou un agenda. En utilisant des SMP, on peut contourner ce dispositif de la loi. Considérez cela comme quelque chose située entre une opération sous couverture de la CIA et un programme public de l’agence américaine de développement international. C’est une façon d’échapper au droit de regard du Congrès. ». (Source : Pratap Chatterjee, « Darfur diplomacy : Enter the Contractors », 21 octobre 2004, CorpWatch)

          USA : Vive les prisons !
          Halliburton et DynCorp sont déjà aujourd’hui de gros acteurs sur le marché carcéral privé. Le 24 janvier 2006, KBR, une filiale d’Halliburton, obtient un contrat de 385 millions de dollars du service en charge de l’immigration au Departement of Homeland Security. Il s’agit de prévoir la détention « éventuelle » des 400.000 travailleurs clandestins présents sur le territoire « en cas d’urgence ». La construction de ces prisons fait partie d’un plan décennal baptisé « Endgame », qui prévoit l’internement de tous les clandestins et terroristes potentiels. Dans les années 1980, Cheney et Rumsfeld travaillaient sur des plans secrets classés sous la rubrique « Continuité de gouvernement » (COG) en cas de catastrophe nucléaire. Ce plan, qui projetait la suspension de la Constitution, fut activé après le 11 septembre.
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          • #6
            IRAK : racket de guerre et torture
            Torture à la prison d’Abu Graîb. Les services de renseignement ont sous-traité les interrogatoires, confiés à des "conseillers culturels" formés par des SMP. Leurs contrats furent renouvellés en fonction des résultats obtenus...


            Bien avant l’invasion de l’Irak, les SMP vautours encerclent le cadavre annoncé. Halliburton, une compagnie texane de pétrole et de BTP qui emploie plus de 20.000 personnes dans plus de 100 pays, a été dirigée par Dick Cheney qui en reste le plus gros actionnaire individuel avec 45,5 millions de dollars. Bien qu’elle soit officiellement un fournisseur de l’armée, Halliburton ne sous-traite sa sécurité qu’à des SMP. Avant l’invasion, Halliburton emploie 1800 personnes pour monter des villages de tentes au Koweit, restauration et service de blanchisserie compris, pendant que des gardes de DynCorp patrouillent les environs pour repousser des villageois furieux. En même temps, dans les bases américaines du Koweit, des instructeurs de MPRI forment des militaires à l’utilisation des armes. Loin du front, en Californie, deux autres SMP prépareront des opérations plus délicates : Titan Corporation recrute des espions et traducteurs kurdes, ses fameux « conseillers culturels » qui ont fait si bonne réputation à la prison d’Abou Graïb. Les agences de renseignement ont sous-traité le délicat travail des interrogatoires. Les « soldats » privés ne sont pas redevables devant les tribunaux militaires et leur contrat est renouvelé en fonction des résultats obtenus... Entre-temps, Science Applications International Corp est payé pour monter de toute urgence un gouvernement d’Irakiens en exil et Richard Perle, ancien président du Defense Policy Board et néo-conservateur de la première heure, conseille les clients de Goldman Sachs sur le potentiel des futurs contrats de la reconstruction. Après la « victoire » de la coalition, le général Jay Garner est promu proconsul à Bagdad. Il songe à employer d’anciens soldats de l’ex-armée irakienne pour des tâches de maintien de l’ordre dans un pays qu’il croit finalement libéré. Le rapport du GAO de juin 2005 rapporte que les sociétés de reconstruction « avaient prévu des mesures de sécurité minimales dans leurs contrats, comme l’emploi de vigiles pour prévenir les vols sur leurs chantiers. » Le Pentagone rejette la proposition de Garner et Paul Bremer est désigné comme son remplaçant le 6 mai 2003. Pas question d’employer des Irakiens ! Paul Bremer est l’ancien assistant d’Alexander Haig et l’un des directeurs de Kissinger Associés. La décision américaine plonge le pays dans le chaos et l’insécurité. Erreur ou politique délibérée, cette décision tragique permettra aux SMP d’ouvrir ce qu’ils ont fièrement appelé « une mine d’or ». On en sera pas étonné d’apprendre que Paul Bremer est lui-même un responsable de Marsh McLellan, propriétaire de Kroll Inc., une société de sécurité qui travaille pour le gouvernement américain et l’industrie de l’armement. Sans surprise aussi : la première décision de Bremer consiste à rendre les SMP non redevables devant la loi irakienne ! Kellogs, Brown & Roots (KBR), autre filiale d’Halliburton, obtient le quasi-monopole de la logistique de l’armée américaine en Irak. Un contrat de 200 millions de dollars, signé en décembre 2001, quelques mois après le 11 septembre, charge KBR de loger et nourrir environ 100.000 soldats. KBR doit aussi réparer les installations pétrolières (28,2 millions de dollars) et construire des centres de détention. Notons ici qu’elle a également touché 40,8 millions de dollars pour héberger l’Iraqi Survey Group, déployé pour trouver les armes de destruction de masse. Déjà, à la fin de la première guerre du Golfe, Dick Cheney, alors ministre de la Défense américain, avait payé 8,9 millions dollars à Brown & Root services pour étudier comment les SMP pourraient appuyer l’effort de guerre américain dans les zones de combat. Inutile de lire le rapport pour connaître les recommandations. KBR décrocha un contrat de 7 milliards de dollars pour éteindre les incendies de puits pétroliers et rétablir la production pétrolière. Quand on regarde qui étaient les conseillers de Paul Bremer, on comprend mieux, car leur figure centrale était Philip J. Carroll, ancien grand patron de Shell Oil et actuellement un des directeurs de BAE Systems. Bremer a aussi offert à Blackwater USA un contrat de 7,1 millions de dollars pour lui fournir des gardes du corps. Avec DynCorp, Blackwater protège le président afghan Kharzai. La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie dénonça leur agressivité lors de sa visite en Afghanistan. Fondée en 1997 en Caroline du Nord par l’ancien commando des forces navales, le millionnaire « chrétien » Erik Prince, Blackwater assure la formation de l’armée et de la police irakienne. Un film documentaire met fortement en cause sa responsabilité dans le scandale d’Abou Graïb. Mais il y a pire : Un nouveau contingent de Marines s’étant installé à Falloudja en 2004, ils comptaient y établir une cohabitation cordiale, se limitant à faire du « soft patrolling ». Par inadvertance, 4 simples logisticiens de Blackwater sont tués dans une embuscade en traversant le centre ville. Leurs corps brûlés et mutilés sont pendus sous un pont sur l’Euphrate. Ces images firent le tour du monde, et tout espoir de cohabitation tomba à l’eau. Ce qui n’a pas empêché le magazine américain Fast Company d’inscrire Blackwater USA sur la liste des 50 sociétés offrant les perspectives les plus prometteuses, car sa croissance cumulée entre 2002-2005 était de 600 % !

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            Quand les « pitbulls préférés de Tony Blair » travaillent pour BAE

            Avec autant de tireurs à vue aux lunettes à verre teinté dans les parages, l’on comprend aisément que l’Irak soit devenu un endroit fort dangereux. Les SMP elles-mêmes se préoccupent d’ailleurs de plus en plus de la proportion inquiétante de tirs dits « amis » (« friendly fire »).


            Si, officiellement, seulement 9 % des morts proviennent de tirs amis, le site internet Iraq Casualties Org, affiche que 31,9 % des décès parmi le personnel des SMP proviennent d’attaques de convois (embuscades avec ou sans échanges de coups de feu, tir de lance-roquettes, etc.) contre seulement 23,7 % résultant d’explosions d’engins explosifs improvisés...
            Puisque la cohabitation entre SMP et entre les SMP et l’armée américaine s’avère souvent exécrable, pour tenter de diminuer le « friendly fire », les Etats-Unis ont eu la bonne idée, depuis 2004, de mettre en place un Centre d’opération et de reconstruction (COR). Ce COR fonctionne sur une base purement volontaire et l’on n’y partage pas forcément toutes les informations. On le comprend. Le gouvernement américain a confié la gestion du centre à la SMP britannique Aegis Defense Services, les héritiers d’Executive Outcomes et de Sandline International, dirigé par l’ami personnel de Tony Blair, Tim Spicer et présidé par Lord Peter Inge, un conseiller de BAE ! Aegis figure en excellente position pour devenir, à la grande stupéfaction des grosses SMP américaines, la plus puissante SMP du monde. Le contrat en Irak, selon une source diplomatique, fut attribué après que Tony Blair se fut plaint que les Anglais obtenaient peu d’avantages en échange de leur engagement militaire en Irak... « Les compagnies américaines sont furieuses. Spicer ne sera pas leur patron, mais il aura accès à des informations sensibles provenant du renseignement militaire et sera chargé de coordonner certaines de leurs activités », disait un consultant britannique sur place. « Etre obligé de passer par cet Anglais, avec sa réputation d’aventurier, afin de pouvoir parler au Pentagone leur semble une hérésie... »

            Un correspondant du Monde commentait ainsi la situation : « Après l’attaque sur les convois de Blackwater, le Pentagone décida d’offrir une protection aérienne aux convois de SMP. Il proposa de mettre en place une agence de coordination dans ce but. Ainsi, aujourd’hui, c’est Tim Spicer qui coordonne le soutien aérien pour toutes les SMP dûment enregistrées dans son service. Le nom du programme est « Quarterback ». C’est incroyable ! C’est le Far West ! Des hélicoptères Apache et des troupes terrestres vont “sécuriser” les routes pour les sociétés privées. » Aboutissement fatal d’une logique infernale : pourtant jugés périmées, les troupes des Etats-nations, « qui coûtent cher », sont appelées en renfort pour protéger les sociétés militaires privées « rentables » !

            Fin


            Notes:

            Bernard Kouchner, « Humanitaire et militaire », dans « Mutations et invariants, Partie III, Humanitaire et militaire, nouveaux mercenariats », Inflexions N°5, janvier-mai 2007, publié à la Documentation française.
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