Entretien avec Guma Al-Gamaty, représentant du CNT à Londres :
"Le gouvernement algérien doit présenter ses excuses au peuple libyen"
"Le gouvernement algérien doit présenter ses excuses au peuple libyen"
L’Algérie a annoncé officiellement la fermeture de ses frontières avec la Libye. Comment le CNT a‑t‑il accueilli cette décision ?
Nous accueillons avec satisfaction la décision de fermeture des frontières. Cette décision d’Alger va empêcher Kadhafi et ses partisans de l’ancien régime de fuir vers l’Algérie à travers les frontières. Si Kadhafi venait à entrer sur le territoire algérien, le peuple libyen chercherait à le juger pour les crimes qu’il a commis contre lui. L’Algérie serait alors obligée de le livrer aux autorités libyennes.
Quelle est la situation sécuritaire aux frontières avec l’Algérie ?
Les frontières sont très bien sécurisées.
Comment avez-vous accueilli la décision de l’Algérie d’offrir l’asile à la famille Kadhafi ?
La décision de l’Algérie d’accueillir une partie de la famille de Kadhafi est une démarche très négative. Une autre décision de ce genre serait considérée comme une provocation et un acte hostile à l’égard du peuple libyen.
Le CNT va-t-il demander l’extradition de la famille de Kadhafi refugiée en Algérie ?
Nous allons évoquer le sujet au moment opportun pour demander officiellement au gouvernement algérien d’extrader Mohamed et Hannibal (Kadhafi, NDR) pour leur implication dans la fuite à l’étranger de sommes colossales et la dilapidation de milliards. Nous voulons les juger en Libye.
L’Algérie a affirmé avoir accueilli la famille de Kadhafi pour des raisons purement humanitaires…
On peut comprendre l’accueil de la fille, de la femme et des neveux de Kadhafi. On ne vise pas les enfants et les femmes. Mais on ne peut pas comprendre l’accueil de Mohamed et Hannibal. On ne considère pas cela comme une action humanitaire. C’est une décision contraire aux intérêts du peuple libyen et à nos relations bilatérales.
L’Algérie a exprimé ses inquiétudes au sujet du transit d'armes vers les groupes armés activant dans la région du Sahel…
Il n’y a pas de terroristes en Libye. Al‑Qaïda n’est pas présente en Libye. C’est une fausse accusation. On ne peut pas laisser les armes quitter la Libye.
L’Algérie avait livré par le passé des éléments terroristes à Libye. Que sont‑ils devenus ?
Je le répète encore une fois : il n’y a pas de terroristes en Libye. Tous les révolutionnaires sont des nationalistes modérés qui n’ont aucune relation avec les organisations terroristes. Ceux qui ont été livrés par l’Algérie à Kadhafi étaient des opposants politiques. L’Algérie n’aurait pas dû les livrer parce qu’elle savait que leur sort était la torture, la prison et parfois la mort.
Pensez‑vous que l’hésitation de l’Algérie à reconnaître le CNT est due au fait qu’elle s’inquiète de l’arrivée probable d’extrémistes au pouvoir en Libye ?
Aucun pays n’a le droit d’intervenir dans les affaires internes de la Libye. Le peuple libyen a le droit de choisir ses dirigeants, via des élections libres et transparentes. Les Libyens sont contre l’extrémisme. Ils choisiront des dirigeants nationalistes capables de défendre les intérêts libyens.
Comment avez‑vous accueilli l’annonce par Alger de son intention de reconnaître le futur gouvernement libyen ?
C’est l’Algérie qui a intérêt à reconnaître le CNT. La position algérienne sur le conflit libyen a été très négative. Le gouvernement algérien a soutenu Kadhafi. Il ne faut pas oublier que le CNT a été reconnu par plus de 60 pays, la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique, l’Union européenne et les grandes puissances.
Des informations font état de l’exécution de Touaregs présents en Libye….
Ces informations sont fausses. Elles sont destinées à déformer l’image de la Libye en disant que ce pays est confronté à la violence et au racisme. Les Touaregs, les Arabes et les Amazighs qui se trouvent en Libye sont des citoyens libyens. Aucun n’a été expulsé. Aucun étranger n’a été tué en Libye, qu'il soit Touareg ou d’une autre nationalité.
Quel est l’avenir des relations entre la Libye et l’Algérie ?
Les relations algéro‑libyennes étaient et demeurent excellentes. Nous demandons au gouvernement algérien de respecter la volonté du peuple libyen et de son futur gouvernement. Nous faisons la différence entre la position du gouvernement algérien, qui était fausse, et celle du peuple algérien durant les six derniers mois. Notre position vis‑à‑vis du peuple algérien reste fraternelle et n’a pas changé. Le gouvernement algérien doit justifier son soutien à Kadhafi durant les six derniers mois et présenter des excuses au peuple libyen pour le soutien qu’il a offert à Kadhafi pour tuer le peuple libyen.
Quel est le sort des investissements algériens en Libye après la décision du CNT de revoir tous les accords conclus sous le règne de Kadhafi ?
Désolé, je n’ai pas suffisamment d’éléments pour répondre à cette question.
TSA
Propos recueillis par Ratiba Bouadma
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