Le 21 mai 1996, sept moines trappistes du monastère de Tibéhirine, au sud d'Alger, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars, en pleine guerre entre islamistes armés et forces de sécurité, étaient assassinés. Quelques jours plus tard, le 30 mai, les têtes des sept religieux, décapités par leurs ravisseurs, étaient découvertes près de Médéa (90 km au sud d'Alger), à quelques kilomètres du monastère de Notre-Dame de l'Atlas, où ils vivaient. Leurs corps n'ont jamais été retrouvés.
Dix ans après la mort des moines, la lumière n'a pas encore été faite sur l'identité des ravisseurs et les conditions de leur séquestration et de leur assassinat. Le parquet de Paris a ouvert le 10 février 2004 une information judiciaire contre X après une plainte déposée par la famille de l'un des moines assassinés, Christophe Lebreton, et par Armand Veilleux, l'ancien procureur de l'Ordre des Cisterciens.
Les proches des sept moines ont "droit à la vérité", a réitéré le père Veilleux, fin mars à Paris, alors que l'avocat de la partie civile, Me Patrick Baudouin, dénonçait l'"opacité anormale" et la "lenteur excessive" dans l'instruction menée par le juge Jean-Louis Bruguière.
Le rapt des moines, qui étaient âgés de 45 à 82 ans et cultivaient les terres du monastère de Tibéhirine , situé en plein fief intégriste, avait été revendiqué par le GIA (Groupe islamique armé), qui menaça de les tuer, faute d'obtenir la libération de militants emprisonnés en Algérie, dont son ancien chef Abdelhak Layada. Accusant les autorités françaises d'avoir refusé de négocier, le GIA, alors dirigé par Djamel Zitouni, annonça avoir égorgé le 21 mai les sept religieux.
MESSES EN FRANCE ET EN ALGÉRIE
Selon un membre du GIA, arrêté en 2001, les corps des victimes, qui n'ont jamais été retrouvés, reposeraient à Bougara, dans la plaine agricole de la Mitidja, près d'Alger, où ils auraient été détenus et exécutés après le refus des autorités algériennes de procéder aux libérations demandées. Cette thèse rejetant l'entière responsabilité du drame sur le GIA a été battue en brèche par la suite : plusieurs anciens des services secrets algériens ont affirmé que les forces de sécurité auraient été impliqués dans l'affaire, manipulant le GIA pour pousser la France à prendre parti dans la guerre civile algérienne.
Pour célébrer le 10e anniversaire de leur mort, une messe doit être célébrée dimanche à la cathédrale Notre-Dame par Mgr André Vingt-Trois, l'archevêque de Paris, diocèse dont était originaire l'un des sept moines assassinés, le père Christian de Chergé, prieur du monastère.
A Alger, une messe a été célébrée vendredi en la Basilique Notre-Dame d'Afrique, lors d'un hommage commun aux sept moines et au Cardinal Léon-Etienne Duval, ancien archevêque d'Alger, rendu célèbre par son engagement contre la torture lors de la guerre d'Algérie (1954-1962), décédé précisément le 30 mai 1996, à l'âge de 92 ans, des suites d'une maladie.Dimanche, seuls l'archevêque d'Alger, Mgr Henri Teissier, et quelques prêtres doivent se recueillir dans la plus stricte intimité, comme ils le font chaque année, près des sépultures des victimes, les frères Paul, Bruno, Célestin, Michel, Christophe, Christian et Luc, dans le petit cimetière du monastère de Tibhirine.
L'archevêché d'Alger avait prévu d'organiser, pour la première fois, une cérémonie au monastère ce 21 mai en présence des familles des moines et de membres de leur Ordre Cistercien mais elle a été annulée en raison de la décision des autorités d'imposer des escortes pour se rendre au monastère. "Aux yeux du peuple, ces escortes vont nous identifier au gouvernement et aux militaires en donnant de nous un signe contraire à celui d'amitié, de confiance et de paix que nous souhaitons vivre dans cette démarche", avait expliqué l'ordre trappiste en annonçant l'annulation de la cérémonie, fin mars.
c'est le prix du traité d"amitié ?
http://www.lemonde.fr/web/article/0,...-774295,0.html
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