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l y a quelque malaise à entendre la partie algérienne organisatrice du tout dernier forum international sur la lutte contre le terrorisme insister à chaque prise de parole sur le «rôle pionnier de l’Algérie» en la matière, sur le fait qu’Alger a depuis belle lurette alerté les capitales mondiales sur l’urgence d’une alliance mondiale contre l’intégrisme armé ou encore sur le fait que l’Algérie n’ait pas été convenablement aidée à l’époque dans sa traque des maquis islamistes. Ces remontées d’acide gastrique me font toujours penser aux nations arabes en décadence avancée, prises en défaut de hamac douillet, allongées sur des tapis d’or noir et qui rappellent aujourd’hui encore à ceux qui leur font reproche de son farniente et de son immobilisme l’âge des lumières arabes, l’invention de la montre, l’essor des sciences expérimentales, l’étude des astres, la culture de l’hygiène corporelle ou la promotion des arts de tous genres. Jusqu’à quand allons-nous devoir brandir notre esseulement face aux intégristes dans les années rouges comme seul argument à la face d’un monde réuni autour de cette cause ? Et surtout, peut-on ne se prévaloir que de notre primauté dans la lutte contre les terroristes islamistes et escamoter le reste. Quel reste ? Mais celui qui a pris forme depuis 99 et qui a transformé l’Algérie en sanctuaire de lessivage à échelle industrielle des crimes intégristes. Celui qui a fait réadmettre avec force de loi amnistiante, réconciliatrice les bouchers dans les travées des notabilités du pays, au premier rang de la respectabilité redonnée aux égorgeurs. Oui ! Nous avons été pionniers dans la traque des bouchers. Mais oui encore ! Oui aussi ! Nous avons été encore plus pionniers dans le pardon honteux aux assassins. Nous avons été encore plus pionniers dans le déculottage face aux poilus en attente ferme de réinsertion mafieuse. C’est comme ça ! Quand on brandit sa carte de pionnier, on montre les deux faces de cette carte. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
H. L.