Juste à côté du Club-des-Pins, cité interdite pour raison d’État, La Madrague est, depuis quelques jours, fermée à l’accès des visiteurs.
Au commencement une rixe qui se termine par l’homicide d’un jeune homme de la localité. Ce qui semblait être une réaction de vengeance, tournait à la razzia : une escouade de jeunes hommes munis d’armes improvisées délestait de leur argent, de leurs téléphones et autres bijoux tous les clients surpris dans les bars et les restaurants du village. La violence, en même temps qu’elle exprime la colère, soutient une opération de racket. Depuis, les restaurants de La Madrague, même ceux plus connus pour leur carte de poissons que pour les querelles d’ivrognes, sont fermés. Après le rançonnement, l’opération de salubrité morale, dans la même soirée et pour le même prétexte !
Des vigiles montent la garde pour s’assurer que l’activité de restauration et de débit de boissons ne reprennent dans “leur” village. Au petit havre de l’Algérois, devenue ville morte par la volonté de justiciers volontaires, l’ordre de l’abstinence règne.
Haro sur les lieux de débit et de consommation d’alcool. Une substance dangereuse et illicite. Sur la route, de sobres chauffards font bien plus de victimes, si, durant le mois de jeûne, les querelles font bien plus de dégâts que les rixes d’estaminets, mais, rigorisme de façade oblige, la consommation de l’alcool a quelque chose d’infamant. C’est l’État qui a montré la voie. De la même manière qu’il a désigné la femme à la vindicte intégriste, en lui demandant de… “s’abstenir de fumer pour ne pas heurter la sensibilité des repentis” ! C’est l’intégrisme d’État qui inspire la violence bigote et crée un ordre public parallèle et prépondérant sur l’ordre légal.
Sous prétexte de mise en conformité administrative, les autorités locales rivalisent de bilans de fermetures de bars et restaurants, au moment où le gouvernement interdisait aux fournisseurs de produits alimentaires d’exiger le registre du commerce aux grossistes clandestins. C’est à qui accrocherait les plus établis de ces établissements à son tableau de chasse. Un wali en fit un véritable programme de travail en s’engageant publiquement à “ne rater aucune occasion” de fermer un débit d’alcool.
En jetant un soupçon d’infamie sur le commerce et la consommation d’alcool, les pouvoirs ont livré les commerçants et les consommateurs concernés à la justice de l’intégrisme ordinaire qui sévit partout en dehors des zones “sécurisées”. C’est le feu vert tant attendu pour sévir contre une des libertés résiduelles du citoyen. Il va falloir qu’il se convertisse aux stupéfiants qui gagnent du terrain à mesure que le pouvoir, relayé par la délinquance habillée de rigorisme, réduit le commerce d’alcool. Alors que, dans les quartiers et les villages, le dealer du coin accède au statut de notable local, le marchand de bière manque de s’en excuser.
C’est à se demander s’il n’y a, finalement, pas un lien entre l’emprise grandissante des barons de la drogue et la guerre soutenue, sous le couvert d’assainissement, contre les boissons alcoolisées.
M. H.
Au commencement une rixe qui se termine par l’homicide d’un jeune homme de la localité. Ce qui semblait être une réaction de vengeance, tournait à la razzia : une escouade de jeunes hommes munis d’armes improvisées délestait de leur argent, de leurs téléphones et autres bijoux tous les clients surpris dans les bars et les restaurants du village. La violence, en même temps qu’elle exprime la colère, soutient une opération de racket. Depuis, les restaurants de La Madrague, même ceux plus connus pour leur carte de poissons que pour les querelles d’ivrognes, sont fermés. Après le rançonnement, l’opération de salubrité morale, dans la même soirée et pour le même prétexte !
Des vigiles montent la garde pour s’assurer que l’activité de restauration et de débit de boissons ne reprennent dans “leur” village. Au petit havre de l’Algérois, devenue ville morte par la volonté de justiciers volontaires, l’ordre de l’abstinence règne.
Haro sur les lieux de débit et de consommation d’alcool. Une substance dangereuse et illicite. Sur la route, de sobres chauffards font bien plus de victimes, si, durant le mois de jeûne, les querelles font bien plus de dégâts que les rixes d’estaminets, mais, rigorisme de façade oblige, la consommation de l’alcool a quelque chose d’infamant. C’est l’État qui a montré la voie. De la même manière qu’il a désigné la femme à la vindicte intégriste, en lui demandant de… “s’abstenir de fumer pour ne pas heurter la sensibilité des repentis” ! C’est l’intégrisme d’État qui inspire la violence bigote et crée un ordre public parallèle et prépondérant sur l’ordre légal.
Sous prétexte de mise en conformité administrative, les autorités locales rivalisent de bilans de fermetures de bars et restaurants, au moment où le gouvernement interdisait aux fournisseurs de produits alimentaires d’exiger le registre du commerce aux grossistes clandestins. C’est à qui accrocherait les plus établis de ces établissements à son tableau de chasse. Un wali en fit un véritable programme de travail en s’engageant publiquement à “ne rater aucune occasion” de fermer un débit d’alcool.
En jetant un soupçon d’infamie sur le commerce et la consommation d’alcool, les pouvoirs ont livré les commerçants et les consommateurs concernés à la justice de l’intégrisme ordinaire qui sévit partout en dehors des zones “sécurisées”. C’est le feu vert tant attendu pour sévir contre une des libertés résiduelles du citoyen. Il va falloir qu’il se convertisse aux stupéfiants qui gagnent du terrain à mesure que le pouvoir, relayé par la délinquance habillée de rigorisme, réduit le commerce d’alcool. Alors que, dans les quartiers et les villages, le dealer du coin accède au statut de notable local, le marchand de bière manque de s’en excuser.
C’est à se demander s’il n’y a, finalement, pas un lien entre l’emprise grandissante des barons de la drogue et la guerre soutenue, sous le couvert d’assainissement, contre les boissons alcoolisées.
M. H.
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