Le « coup d'éclat » du président bolivien
NATIONALISATIONS EN AMÉRIQUE LATINE
(18 mai 2006)
Le 1er mai, à travers le décret suprême n° 28701, le
président bolivien Evo Morales a nationalisé les
hydrocarbures. A compter de cette date, les 26 compagnies
étrangères — dont Petrobras (Brésil), Repsol (Espagne),
Total (France), ExxonMobil (Etats-Unis) — présentes dans le
pays passent sous le contrôle de la compagnie nationale YPFB
(Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos), qui se
chargera du transport, du raffinage, de la commercialisation
et de la transformation du pétrole et du gaz. La répartition
des revenus pour les champs les plus productifs —
2 831 685 mètres cubes de gaz par jour — se fera
sur la base de 82 % pour l'Etat et 18 % pour l'entreprise
concessionnaire — exactement l'inverse du partage jusque-là
en vigueur — et, pour les champs moins importants, ne pourra
être inférieure à 51 % en faveur de l'Etat.
En opérant cette nationalisation sans confiscation ni
expulsion, le chef de l'Etat ne fait que traduire en actes,
ce pour quoi il a été élu, le résultat du référendum
organisé le 18 juillet 2004 : la population, à une large
majorité (70 % des voix), s'était alors prononcée pour
la « récupération de la propriété des hydrocarbures »,
après avoir chassé deux présidents — MM. Gonzalo Sánchez
de Lozada et Carlos Mesa — qui entendaient les brader.
Lors de son voyage en Europe, à quelques jours
de sa prise de fonctions, en janvier dernier, M. Morales
avait clairement indiqué : « Nous voulons des partenaires,
pas des patrons ! »
La mesure a provoqué un séisme — une surprise ! ont affirmé
certains — alors qu'elle avait été largement annoncée
pendant la campagne électorale de M. Morales. Soutenues à
des degrés divers par leurs gouvernements de centre gauche,
les multinationales brésilienne Petrobras (qui contrôlait
directement 25 % des réserves de gaz bolivien) et espagnole
Repsol, pour ne citer qu'elles, ont réagi très violemment,
menaçant de recourir aux accords internationaux de
protection réciproque des investissements pour défendre
leurs intérêts. Sur un autre plan, et fût-ce en termes
diplomatiques, les présidents Luiz Inácio Lula da Silva
(Brésil) et Nestor Kirchner (Argentine), dont les pays
importent du gaz bolivien à des tarifs scandaleusement
inférieurs aux prix internationaux — plus de 90 % de la
consommation brésilienne de gaz dépend de ces livraisons —,
s'émeuvent de l'augmentation annoncée des prix.
... Lire la suite de cet article inédit de Maurice LEMOINE :
NATIONALISATIONS EN AMÉRIQUE LATINE
(18 mai 2006)
Le 1er mai, à travers le décret suprême n° 28701, le
président bolivien Evo Morales a nationalisé les
hydrocarbures. A compter de cette date, les 26 compagnies
étrangères — dont Petrobras (Brésil), Repsol (Espagne),
Total (France), ExxonMobil (Etats-Unis) — présentes dans le
pays passent sous le contrôle de la compagnie nationale YPFB
(Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos), qui se
chargera du transport, du raffinage, de la commercialisation
et de la transformation du pétrole et du gaz. La répartition
des revenus pour les champs les plus productifs —
2 831 685 mètres cubes de gaz par jour — se fera
sur la base de 82 % pour l'Etat et 18 % pour l'entreprise
concessionnaire — exactement l'inverse du partage jusque-là
en vigueur — et, pour les champs moins importants, ne pourra
être inférieure à 51 % en faveur de l'Etat.
En opérant cette nationalisation sans confiscation ni
expulsion, le chef de l'Etat ne fait que traduire en actes,
ce pour quoi il a été élu, le résultat du référendum
organisé le 18 juillet 2004 : la population, à une large
majorité (70 % des voix), s'était alors prononcée pour
la « récupération de la propriété des hydrocarbures »,
après avoir chassé deux présidents — MM. Gonzalo Sánchez
de Lozada et Carlos Mesa — qui entendaient les brader.
Lors de son voyage en Europe, à quelques jours
de sa prise de fonctions, en janvier dernier, M. Morales
avait clairement indiqué : « Nous voulons des partenaires,
pas des patrons ! »
La mesure a provoqué un séisme — une surprise ! ont affirmé
certains — alors qu'elle avait été largement annoncée
pendant la campagne électorale de M. Morales. Soutenues à
des degrés divers par leurs gouvernements de centre gauche,
les multinationales brésilienne Petrobras (qui contrôlait
directement 25 % des réserves de gaz bolivien) et espagnole
Repsol, pour ne citer qu'elles, ont réagi très violemment,
menaçant de recourir aux accords internationaux de
protection réciproque des investissements pour défendre
leurs intérêts. Sur un autre plan, et fût-ce en termes
diplomatiques, les présidents Luiz Inácio Lula da Silva
(Brésil) et Nestor Kirchner (Argentine), dont les pays
importent du gaz bolivien à des tarifs scandaleusement
inférieurs aux prix internationaux — plus de 90 % de la
consommation brésilienne de gaz dépend de ces livraisons —,
s'émeuvent de l'augmentation annoncée des prix.
... Lire la suite de cet article inédit de Maurice LEMOINE :
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