Dans quel sens les relations maroco-américaines évoluent-elles ? Il s’agit d’une évolution complexe que le Reporter a pu analyser de plus près, lors d’un séjour aux USA. Décryptage.
NI les infatigables détracteurs, ni les incurables laudateurs n’ont raison. Les relations maroco-américaines ne sont pas déséquilibrées à en désespérer. Elles ne sont pas excellentes, à en pavoiser. Elles se construisent. Cela n’est pas facile parce qu’il faut tenir compte de tant de données : les enjeux internationaux, les enjeux nationaux, les différences d’intérêts et de priorités, les impondérables...
Il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier. Mais une chose est sûre, à la construction de cette relation, le Maroc travaille avec bien plus de professionnalisme et de détermination qu’il ne l’a jamais fait. Et pour cause ! Fini le temps où le royaume pouvait se contenter de se prévaloir de son rôle de gendarme du monde libre dans la région (notamment aux portes de l’Afrique et dans le détroit de Gibraltar). Cet argument a perdu de sa force lorsque le mur de Berlin est tombé. Fini aussi le temps où il était le seul pays arabe à vouloir (et à entreprendre de) jeter des passerelles de paix entre ses pairs arabes et Israël. La donne a tellement changé dans le monde et dans cette région... Et lorsqu’on sait qu’en diplomatie, comme ailleurs, les intérêts priment et que le baril de pétrole à plus de 70 dollars met bien plus de poids dans la balance qu’un demi-siècle de bonne conduite, on peut se demander comment le Maroc réussit toujours à réaliser des succès diplomatiques ? Lui qui n’a plus les mêmes atouts géostratégiques et pas (encore) de pétrole...
Il n’y a pas de secrets. En règle générale, là où il y a succès, il y a idées et travail (selon la célèbre formule : 10% d’inspiration, 90% de transpiration). Les succès diplomatiques auprès des Etats-Unis, le Maroc en a connu de non négligeables ces quatre dernières années (voir les faits et chiffres donnés par l’ambassadeur du Maroc aux USA, Aziz Mekouar, dans l’entretien qui suit). Cela n’est pas tombé du ciel.
Certes, le Maroc a plus d’atouts que ses détracteurs ne lui en prêtent et les Etats-Unis - qui savent faire les vraies évaluations - ne l’ignorent pas. Sur le plan géostratégique, par exemple, si la fin de la guerre froide lui a fait perdre quelques points, il en a vite regagné avec la montée du terrorisme. Le rôle du Maroc est capital dans la lutte contre le terrorisme dont il a fait les frais le 16 mai 2003, avec les attentats de Casablanca. Il ne fait pas barrage au terrorisme sur son territoire uniquement, ou dans la région du Sahel dont il a été le premier à dénoncer les dangers, mais bien au-delà... Les Américains le reconnaissent et en tiennent compte.
Il y a aussi les atouts classiques. Les eaux territoriales du royaume sont, au besoin, utilisées par les navires des flottes américaines (notamment la 2ème, stationnée dans l’Atlantique et la 7ème, stationnée dans la Méditerranée), tout autant que par ceux de l’OTAN. Certaines bases militaires sont prêtes à servir, le cas échéant (pour les besoins de la NASA, par exemple)...
Mais ceci n’a rien de nouveau. Ce qui a changé ces dernières années et qui a valu au Maroc la plupart de ses succès diplomatiques auprès des Etats-Unis, ce sont sa stratégie diplomatique et sa politique intérieure. La stratégie diplomatique, d’abord. Longtemps décrié pour sa diplomatie molle, le Maroc a récemment pris un nouveau cap. Il met désormais en œuvre une approche intégrée. Ainsi, un dossier où les intérêts du Maroc sont en jeu n’est plus l’apanage d’un seul intervenant (un seul département, un seul responsable, ou même le seul palais royal). Tous ceux qui sont concernés par le dossier ou pouvant être utiles à sa défense y sont associés : ministères, ambassades et représentations marocaines (mission du Maroc auprès de l’ONU), société civile, lobbying (un lobbying plus professionnel et plus actif depuis deux ans)... De l’avis de ceux qui sont sur le terrain, le Maroc a beaucoup gagné depuis qu’il a opté pour cette approche, au point que certains d’entre eux regrettent qu’il y ait eu autant de temps perdu, avant... Le dossier du Sahara est celui où cette approche intégrée s’illustre le mieux.
NI les infatigables détracteurs, ni les incurables laudateurs n’ont raison. Les relations maroco-américaines ne sont pas déséquilibrées à en désespérer. Elles ne sont pas excellentes, à en pavoiser. Elles se construisent. Cela n’est pas facile parce qu’il faut tenir compte de tant de données : les enjeux internationaux, les enjeux nationaux, les différences d’intérêts et de priorités, les impondérables...
Il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier. Mais une chose est sûre, à la construction de cette relation, le Maroc travaille avec bien plus de professionnalisme et de détermination qu’il ne l’a jamais fait. Et pour cause ! Fini le temps où le royaume pouvait se contenter de se prévaloir de son rôle de gendarme du monde libre dans la région (notamment aux portes de l’Afrique et dans le détroit de Gibraltar). Cet argument a perdu de sa force lorsque le mur de Berlin est tombé. Fini aussi le temps où il était le seul pays arabe à vouloir (et à entreprendre de) jeter des passerelles de paix entre ses pairs arabes et Israël. La donne a tellement changé dans le monde et dans cette région... Et lorsqu’on sait qu’en diplomatie, comme ailleurs, les intérêts priment et que le baril de pétrole à plus de 70 dollars met bien plus de poids dans la balance qu’un demi-siècle de bonne conduite, on peut se demander comment le Maroc réussit toujours à réaliser des succès diplomatiques ? Lui qui n’a plus les mêmes atouts géostratégiques et pas (encore) de pétrole...
Il n’y a pas de secrets. En règle générale, là où il y a succès, il y a idées et travail (selon la célèbre formule : 10% d’inspiration, 90% de transpiration). Les succès diplomatiques auprès des Etats-Unis, le Maroc en a connu de non négligeables ces quatre dernières années (voir les faits et chiffres donnés par l’ambassadeur du Maroc aux USA, Aziz Mekouar, dans l’entretien qui suit). Cela n’est pas tombé du ciel.
Certes, le Maroc a plus d’atouts que ses détracteurs ne lui en prêtent et les Etats-Unis - qui savent faire les vraies évaluations - ne l’ignorent pas. Sur le plan géostratégique, par exemple, si la fin de la guerre froide lui a fait perdre quelques points, il en a vite regagné avec la montée du terrorisme. Le rôle du Maroc est capital dans la lutte contre le terrorisme dont il a fait les frais le 16 mai 2003, avec les attentats de Casablanca. Il ne fait pas barrage au terrorisme sur son territoire uniquement, ou dans la région du Sahel dont il a été le premier à dénoncer les dangers, mais bien au-delà... Les Américains le reconnaissent et en tiennent compte.
Il y a aussi les atouts classiques. Les eaux territoriales du royaume sont, au besoin, utilisées par les navires des flottes américaines (notamment la 2ème, stationnée dans l’Atlantique et la 7ème, stationnée dans la Méditerranée), tout autant que par ceux de l’OTAN. Certaines bases militaires sont prêtes à servir, le cas échéant (pour les besoins de la NASA, par exemple)...
Mais ceci n’a rien de nouveau. Ce qui a changé ces dernières années et qui a valu au Maroc la plupart de ses succès diplomatiques auprès des Etats-Unis, ce sont sa stratégie diplomatique et sa politique intérieure. La stratégie diplomatique, d’abord. Longtemps décrié pour sa diplomatie molle, le Maroc a récemment pris un nouveau cap. Il met désormais en œuvre une approche intégrée. Ainsi, un dossier où les intérêts du Maroc sont en jeu n’est plus l’apanage d’un seul intervenant (un seul département, un seul responsable, ou même le seul palais royal). Tous ceux qui sont concernés par le dossier ou pouvant être utiles à sa défense y sont associés : ministères, ambassades et représentations marocaines (mission du Maroc auprès de l’ONU), société civile, lobbying (un lobbying plus professionnel et plus actif depuis deux ans)... De l’avis de ceux qui sont sur le terrain, le Maroc a beaucoup gagné depuis qu’il a opté pour cette approche, au point que certains d’entre eux regrettent qu’il y ait eu autant de temps perdu, avant... Le dossier du Sahara est celui où cette approche intégrée s’illustre le mieux.
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