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L’unique Maison Juive pour personnes âgées de Suisse romande a été inaugurée lundi à Chêne-Bougeries (GE). Destiné en premier lieu aux membres de la communauté juive, cet établissement médico-social (EMS) est également ouvert aux aînés d’autres religions. Une singularité qui n’existe pas dans les autres confessions.
Par Anne Buloz
En 1962, la Fondation Robert Nordmann a fondé un home réservé aux personnes âgées de la communauté juive de Genève. (Légende photo : La synagogue située au sein de l'EMS Les Marronniers est conçue en pierres de Jérusalem).
Trente ans plus tard, l’établissement s’est médicalisé afin d’être reconnu comme une institution pour personnes âgées, devenant l’EMS Les Marronniers. Un changement qui s’est accompagné d’une adaptation des statuts. « La Maison Juive s’est alors ouverte à toute personne sans distinction de religion ou d’origine. Nous avons actuellement des résidents israélites, chrétiens et musulmans », précise Félix Israël, président de la Fondation Les Marronniers.
La pluriculturalité est une règle incontournable à Genève. « L’un des principes républicains est que les EMS du canton sont ouverts à tous. Genève est une république laïque. Historiquement, chacun est libre de croire ou de ne pas croire et de pratiquer une religion. L’EMS des Marronniers permettra d’offrir aux personnes âgées de confession juive le respect de certains principes propres à cette religion et aux personnes d’autre origine confessionnelle exactement les mêmes avantages pour leur propre religion », se réjouit François Longchamp, conseiller d’Etat en charge du département de la solidarité et de l’emploi.
Façade et synagogue en pierre de Jérusalem
L’EMS offre, dans ses nouveaux locaux flambant neuf de Chêne-Bougeries, des prestations culturelles et cultuelles juives. Les fêtes juives et les offices de chabbath sont par exemple célébrés dans la synagogue située dans le bâtiment, l’alimentation est cachère et des cours de yiddish sont organisés. « Cela a bien sûr attiré beaucoup de personnes de confession juive, qui sont la majorité de nos résidents. La communauté juive de Genève représente 6000 personnes. C’est important pour elles de se retrouver dans un passé, une culture et une éducation », reconnaît Félix Israël.
Deux autres Maisons Juives existent en Suisse, à Bâle et à Zurich. « Les personnes d’autres cultures ou religions sont intégrées, respectées et ne sont pas bousculées dans leur identité. La pratique du prosélytisme est d’ailleurs proscrite dans le judaïsme. Certains non-juifs ont souhaité assister au chabbath et ont été ravis de découvrir toute une partie d’une religion qu’ils ne connaissaient pas ou peu. Nous avons contacté les aumôniers et responsables religieux des Trois-Chênes. Il est très important pour nous que les personnes d’autres confessions puissent bénéficier de l’accompagnement dont elles ont besoin. Nous avons les horaires des offices, ce qui nous permet de proposer aux résidents d’y participer », précise le directeur de l’EMS, Joël Goldstein.
Présence d’aumôniers protestants
Si le Centre social protestant Genève a contribué à la création de deux EMS dans les années 70, ce sont désormais les aumôniers qui assurent le suivi des personnes âgées. « En plus de ces deux établissements où les liens avec l’institution protestante sont directs, il y en a d’autres qui ont une tradition réformée. Comme par exemple au Petit-Saconnex et à Buttini, du fait que de grandes familles protestantes sont à l’origine de ces Maisons. Le lien existe mais n’est pas formalisé plus que cela. Il y a par contre le Foyer Béthel qui est une institution de l'Eglise Evangélique Méthodiste », explique Albert-Luc de Haller, aumônier en EMS.
Les aumôniers, protestants comme catholiques, sont régulièrement présents dans tous les EMS du canton. « Les résidents peuvent demander leur visite et des cultes sont organisées fréquemment dans chaque lieu. Des aumôneries sont intégrées dans les plus grands établissements mais le critère de la religion est nettement secondaire au moment de sélectionner un établissement, sauf pour une ou deux personnes qui tiennent à la présence d’une chapelle. Le choix ne dépend plus de la confession mais du cadre ou de la proximité avec son ancien lieu de vie ou sa famille. L’une des conséquences de la laïcité de l’Etat est que nous faisons beaucoup de travail œcuménique », a pursuivi M. de Haller.
Pas dans la tradition islamique
Du côté de la communauté musulmane de Genève, aucun encadrement pour leurs aînés n’est prévu dans les EMS. « Dans la tradition islamique, les parents restent dans les familles jusqu’à la fin, le coran est très clair là-dessus. Dieu fait que cela devient notre tour de nous occuper de nos parents. Cela fait partie de l’éthique musulmane de soutenir les parents, comme ils nous ont soutenus et protégés lorsque nous étions enfants », explique Hani Ramadan, directeur du Centre Islamique de Genève.
Bien que la coutume musulmane soit de s’occuper de ses parents jusqu’à leur décès, la réalité peut être quelquefois différente. « Il y a parfois des circonstances de vie qui sont telles que les musulmans puissent être amenés mettre leurs parents dans un EMS. Un établissement destiné à la communauté musulmane, du genre de celui des Marronniers, est donc une chose tout à fait envisageable dans l’avenir. Cela peut devenir une réalité », conclut Hani Ramadan.
Protest info
Par Anne Buloz
En 1962, la Fondation Robert Nordmann a fondé un home réservé aux personnes âgées de la communauté juive de Genève. (Légende photo : La synagogue située au sein de l'EMS Les Marronniers est conçue en pierres de Jérusalem).
Trente ans plus tard, l’établissement s’est médicalisé afin d’être reconnu comme une institution pour personnes âgées, devenant l’EMS Les Marronniers. Un changement qui s’est accompagné d’une adaptation des statuts. « La Maison Juive s’est alors ouverte à toute personne sans distinction de religion ou d’origine. Nous avons actuellement des résidents israélites, chrétiens et musulmans », précise Félix Israël, président de la Fondation Les Marronniers.
La pluriculturalité est une règle incontournable à Genève. « L’un des principes républicains est que les EMS du canton sont ouverts à tous. Genève est une république laïque. Historiquement, chacun est libre de croire ou de ne pas croire et de pratiquer une religion. L’EMS des Marronniers permettra d’offrir aux personnes âgées de confession juive le respect de certains principes propres à cette religion et aux personnes d’autre origine confessionnelle exactement les mêmes avantages pour leur propre religion », se réjouit François Longchamp, conseiller d’Etat en charge du département de la solidarité et de l’emploi.
Façade et synagogue en pierre de Jérusalem
L’EMS offre, dans ses nouveaux locaux flambant neuf de Chêne-Bougeries, des prestations culturelles et cultuelles juives. Les fêtes juives et les offices de chabbath sont par exemple célébrés dans la synagogue située dans le bâtiment, l’alimentation est cachère et des cours de yiddish sont organisés. « Cela a bien sûr attiré beaucoup de personnes de confession juive, qui sont la majorité de nos résidents. La communauté juive de Genève représente 6000 personnes. C’est important pour elles de se retrouver dans un passé, une culture et une éducation », reconnaît Félix Israël.
Deux autres Maisons Juives existent en Suisse, à Bâle et à Zurich. « Les personnes d’autres cultures ou religions sont intégrées, respectées et ne sont pas bousculées dans leur identité. La pratique du prosélytisme est d’ailleurs proscrite dans le judaïsme. Certains non-juifs ont souhaité assister au chabbath et ont été ravis de découvrir toute une partie d’une religion qu’ils ne connaissaient pas ou peu. Nous avons contacté les aumôniers et responsables religieux des Trois-Chênes. Il est très important pour nous que les personnes d’autres confessions puissent bénéficier de l’accompagnement dont elles ont besoin. Nous avons les horaires des offices, ce qui nous permet de proposer aux résidents d’y participer », précise le directeur de l’EMS, Joël Goldstein.
Présence d’aumôniers protestants
Si le Centre social protestant Genève a contribué à la création de deux EMS dans les années 70, ce sont désormais les aumôniers qui assurent le suivi des personnes âgées. « En plus de ces deux établissements où les liens avec l’institution protestante sont directs, il y en a d’autres qui ont une tradition réformée. Comme par exemple au Petit-Saconnex et à Buttini, du fait que de grandes familles protestantes sont à l’origine de ces Maisons. Le lien existe mais n’est pas formalisé plus que cela. Il y a par contre le Foyer Béthel qui est une institution de l'Eglise Evangélique Méthodiste », explique Albert-Luc de Haller, aumônier en EMS.
Les aumôniers, protestants comme catholiques, sont régulièrement présents dans tous les EMS du canton. « Les résidents peuvent demander leur visite et des cultes sont organisées fréquemment dans chaque lieu. Des aumôneries sont intégrées dans les plus grands établissements mais le critère de la religion est nettement secondaire au moment de sélectionner un établissement, sauf pour une ou deux personnes qui tiennent à la présence d’une chapelle. Le choix ne dépend plus de la confession mais du cadre ou de la proximité avec son ancien lieu de vie ou sa famille. L’une des conséquences de la laïcité de l’Etat est que nous faisons beaucoup de travail œcuménique », a pursuivi M. de Haller.
Pas dans la tradition islamique
Du côté de la communauté musulmane de Genève, aucun encadrement pour leurs aînés n’est prévu dans les EMS. « Dans la tradition islamique, les parents restent dans les familles jusqu’à la fin, le coran est très clair là-dessus. Dieu fait que cela devient notre tour de nous occuper de nos parents. Cela fait partie de l’éthique musulmane de soutenir les parents, comme ils nous ont soutenus et protégés lorsque nous étions enfants », explique Hani Ramadan, directeur du Centre Islamique de Genève.
Bien que la coutume musulmane soit de s’occuper de ses parents jusqu’à leur décès, la réalité peut être quelquefois différente. « Il y a parfois des circonstances de vie qui sont telles que les musulmans puissent être amenés mettre leurs parents dans un EMS. Un établissement destiné à la communauté musulmane, du genre de celui des Marronniers, est donc une chose tout à fait envisageable dans l’avenir. Cela peut devenir une réalité », conclut Hani Ramadan.
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