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Les secrets du haka, la danse guerrière des All Blacks

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    Les secrets du haka, la danse guerrière des All Blacks


    Au coeur de la légende des All Blacks, le haka néo-zélandais représente le symbole absolu de tout un peuple, et va bien au-delà du simple folklore rugbystique. Explications.

    Ka maté, ka maté . Quand ce cri retentit, le stade se fige religieusement. Piri Weepu mène le haka. Yeux exorbités. En transe. Ses partenaires plient les genoux, les mains claquent sur les cuisses, puis sur les coudes. Le chant guerrier monte en intensité. Scandé, hurlé. Le frisson grandit. Les langues sortent dans une dernière grimace d'intimidation. La tension est à son comble. Les All Blacks sont prêts à aller au combat.
    «Le haka te fait bouillir le sang», révèle Michael Jones, le légendaire troisième-ligne, 55 sélections entre 1987 et 1998. Une motivation qui vient du plus profond de l'âme. «Le haka, ce n'est pas juste notre lien avec le rugby. Ce sont les racines de notre pays», détaille John Hart, entraîneur des All Blacks de 1995 à 1999. «C'est ce qui nous rend unique. C'est à la fois notre culture, notre tradition et notre identité. Que l'on soit maori ou pakaha (blanc), au fond de nous c'est quelque chose d'immensément important», poursuit l'ex-capitaine Tana Umaga. Pour comprendre, il faut en effet se plonger dans l'histoire d'un pays. Dans la nature belliqueuse des Maoris. Depuis des siècles, les clans s'y défient de la sorte avant de partir à la guerre. Le rugby n'en est que le prolongement plus pacifique. Avec une notable différence : il est interdit de manger son adversaire vaincu…
    En Nouvelle-Zélande, il n'existe pas un haka mais des hakas. Des centaines. Chaque équipe, chaque lycée, chaque village a le sien. Il existe même un grand tournoi (Te Matatini) qui, tous les deux ans, rassemble 30 000 participants. Pour élire le plus beau, le plus effrayant. Les paroles du chant, la chorégraphie varient. Mais on y retrouve deux figures imposées : le pukana (yeux exorbités) et le whetero (langue sortie). Le blanc des yeux doit exprimer la pureté, la fierté, le défi. Et la grimace inspirer la peur.
    Le plus renommé de toutes ces hakas est, évidemment, celui des All Blacks. Exécuté pour la première fois en 1884, il ne fut, pendant longtemps, réservé qu'aux tournées lointaines des hommes en noir. C'est seulement en 1987 qu'il fut systématisé dans sa version actuelle. Wayne Shelford, le capitaine lors de la première Coupe du monde, proposa le Ka Maté à ses partenaires après l'avoir vu exécuté par les étudiants du Te Aute College, la plus célèbre école maorie du pays. Mis depuis à toutes les sauces - de nombreux publicitaires s'en sont emparés pour vanter les mérites de biscuits ou de voitures -, les All Blacks faillirent en être privés quand, en 2009, la tribu Ngati Toa (de laquelle est issue son créateur il y a deux siècles, Te Raupahara) en revendiqua les droits de propriété intellectuelle. Heureusement, en 2010, le gouvernement néo-zélandais trouva un accord avec le clan moyennant 120 millions d'euros de dédommagement pour «détournement et usage culturel inapproprié»…
    Les adversaires, progressivement, se sont également mis à répondre au haka. Le plus extrême fut le talonneur anglais Richard Cockerill qui, en 1997, alla jusqu'à toucher le meneur (obligatoirement un Maori, le seul à posséder le mana, le charisme). Pour éviter les débordements, l'IRB a depuis instauré un règlement : pendant la danse, les adversaires doivent «rester les bras ballants à au moins dix mètres des All Blacks et ne pas avancer». Sous peine de recevoir une amende de 1000 livres. Mais les Bleus qui, avant le quart de finale en 2007, se placèrent, vêtus des couleurs du drapeau français, à quelques centimètres des All Blacks, ne la reçurent jamais.
    De toute façon, les joueurs néo-zélandais acceptent qu'on réponde en retour à leur défi. A condition de le faire avec respect. Pourtant, une nouvelle version, lancée en 2005 contre l'Afrique du Sud, provoqua la polémique. A la fin du Kapa O Pango, les joueurs miment l'égorgement de leur adversaire. «Un appel au meurtre», hurla la presse britannique. Bernard Laporte, alors entraîneur du XV de France, s'insurgea également. «Il arrive un moment où on ne peut pas tout s'autoriser.» Les All Blacks le réservent désormais aux grandes occasions. Les Bleus y auront-ils droit ce samedi matin ?

    Le Figaro
    And ye shall know the truth and the truth shall make you free.
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