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Le décret, entre privilège social et manipulation politique

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  • Le décret, entre privilège social et manipulation politique

    Dans deux jours se réunira la tripartite. Elle discutera de la politique sociale du pays. Et, accessoirement, de quelques éléments de politique économique (modalités de règlement des importations, politique de crédits…). Dans les débats d’avant-session, il n’est question que du SNMG.

    Les classes de hauts salaires ne sont pas concernées par ce sommet pour les petites et moyennes entreprises, d’une part, et les petits et moyens salaires, d’autre part. Ces fonctions sont répertoriées. La technicité qu’un poste requiert ou la responsabilité qu’il impose n’est pas toujours à l’origine du fait que son pourvoi passe par un décret. C’est plutôt son rôle dans l’équilibre du dispositif institutionnel qui détermine ce statut.

    Le décret a une vertu conservatrice. Elle se manifeste bien avant que le fonctionnaire n’en bénéficie puisque, souvent, le décret constitue la cible du cadre nouvellement recruté : tout en remplissant sa fonction préliminaire, il vit dans l’attente de son décret. Le fonctionnaire d’avenir apprend la patience devant la probabilité décisionnelle de la hiérarchie et développe les attitudes qui le mettent en position de mériter la promotion providentielle. Ces attitudes vont du devoir de réserve par poussée jusqu’à la répression de sa liberté de conscience jusqu’à – paradoxe de trop de réserve ! – l’engagement politique inconsidéré avec les dirigeants du moment.

    Ce processus d’aliénation fonctionne peu ou prou selon la personnalité du responsable concerné. Mais c’est lui qui fait qu’un cadre, disposant de toute sa rationalité, peut, par exemple, superviser, apparemment en toute bonne conscience, une opération de fraude électorale ou arrêter un citoyen dont il est convaincu de l’innocence, voire le torturer, le condamner. Il peut, a contrario, regarder en toute passivité le passe-droit le plus insoutenable se dérouler sous ses yeux. Ce zèle peut aller jusqu’à anticiper les attentes du politique et initier les actes les plus illicites ou les plus injustes pourvu qu’il les perçoit comme réponses pertinentes à ces attentes.

    En cours de décret, le haut cadre tient une comptabilité à rebours, à la manière du conscrit ou du prisonnier : il lui reste tant d’années et de mois pour “les dix ans de décret” qui lui ouvrent la voie d’une retraite à plein salaire et indexée sur les revalorisations futures. Quand ses convictions sur sa réelle fonction entrent en conflit avec les aberrations auxquelles le contraint l’usage politique de l’administration, c’est son devenir et celui de sa famille qui sont mis en balance avec la volonté d’être en paix avec sa conception du rôle de commis de l’État.

    Avec “le décret” qui la met à l’abri des aléas socio-économiques du pays, c’est donc toute une frange de l’élite intellectuelle, faite d’une partie de l’encadrement national, qui est mise à l’épreuve de tares d’un système institutionnel tout entier orienté vers la défense du système politique. C’est, en même temps, un potentiel de compétence, d’initiative et d’innovation, un potentiel de développement, bref un potentiel politique qui est neutralisé, voire engagé dans la défense de l’immobilisme du système. Dans sa finalité clientéliste, le “décret” a une fonction plus politique que sociale.

    Par Mustapha Hammouche, Liberté

  • #2
    Ce zèle peut aller jusqu’à anticiper les attentes du politique et initier les actes les plus illicites ou les plus injustes pourvu qu’il les perçoit comme réponses pertinentes à ces attentes.
    ça colle parfaitement au directeur de la chaine 4
    La mer apportera à chaque homme des raisons d'espérer , comme le sommeil apporte son cortège de rêves C.C.

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