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Une balle en tête, de Samira Guebli

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  • Une balle en tête, de Samira Guebli

    Paru dans sa version originale en langue arabe en 2008 aux éditions Casbah, Une balle en tête est le roman de Samira Guebli. Cette dernière est également une poétesse avérée. Elle a publié antérieurement un recueil de poésie intitulé Ighoua’at (Séduction).

    L’incipit de Une balle en tête s’ouvre sur le personnage principal, Ghozlène qui échappe à la mort de justesse suite à un attentat signé par un de ses anciens amis d’enfance. Un fanatique qui a basculé très tôt dans l’extrémiste religieux. L’espace temporel est certes indiqué, mais le lecteur est à même de situer cette histoire dans son contexte historique. L’Algérie vit une des plus dures époques de son histoire, en l’occurrence les années 1990.

    Des hommes de plume et d’éminents intellectuels sont assassinés par des intégristes. Ghozlène est l’exemple édifiant de son roman. Il échappe à la mort de justesse dans une nuit pluvieuse, alors qu’il revenait de son lieu de travail à la maison de la presse Tahar Djaout vers La Casbah d’Alger. Son corps est criblé de balles, dont une qui a traversé sa tête. Le premier objet qui est tombé de sa poche est son stylo. Il se définit comme un cadavre qui bouge. «J’ai longuement réfléchi. Finalement, j’ai de la peine pour les balles. Oui, je les plains malgré leur despotisme que j’ai vaincu. J’ai de la peine pour elles parce qu’elles furent clémentes avec moi, plus clémentes que celui qui les a tirées sur moi, lui et ses chiens. Ils ont eu de la peine pour moi et ne m’ont pas visé dans le mille. Certes, elles ont cousu sur mon corps des torchères, des raisins, des mythes, de l’injustice et des cauchemars qui n’en finissent pas. Mais elles ont laissé mon cœur battre», écrit l’auteur.

    Déprime oblige, il décide d’évoluer sous d’autres cieux plus cléments, plus exactement à Paris. Les nuits sont désormais longues. Il se plaît à écouter des couplets de la célèbre chanson du regretté chanteur Dahmane El Harrachi Ya Rayah. Une chanson qui lui tient compagnie et qui le rattache fortement à son pays natal. Au mur de sa chambre est également accroché un tableau de La Casbah d’Alger. Façon singulière de mieux se retremper dans son cocon familial. Ghozlène se demande s’il peut pardonner à ses bourreaux. Il se demande, en outre, si le retour est possible dans son pays, alors que les assassins jouissent de la réconciliation nationale. Au cours de l’un de ses contrôles dans un grand hôpital parisien, il se lie dans un premier temps d’amitié avec docteur Marie, avant de tomber carrément amoureux d’elle. Il apprend que Marie partage, elle aussi, la même souffrance que lui. Elle a perdu son jeune fils lors des attaques du 11 septembre 2011 aux Etats-Unis.

    Après la mort de son fils, en plus de son travail prenant à l’hôpital, elle s’engage de son plein gré dans le Croissant-Rouge français pour des missions à l’étranger, dont l’Irak, le Liban et l’Afghanistan. Elle essaye de convaincre Ghozlène de lui extraire la balle qui est logée dans sa tête. Il est plutôt réticent, dans un premier temps à cette proposition, pour finir avec le temps par accepter l’idée de se faire opérer. Une opération qui ne verra pas le jour, puisque Marie se fera tuer au cours d’une mission personnelle en Algérie, suite à l’attentat perpétré contre le siège du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun. Le rêve du changement s’est évaporé au profit d’une vie morne assurée. Il est à noter que l’auteur de La balle en tête dédicacera aujourd’hui, à partir de 15 h, son roman au sein des éditions Casbah. Un roman à lire absolument.


    Par Nacima Chabani, El Watan
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