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Dinaw Mengestu:«J’ai lu et admiré l’écriture de Tahar Djaout…»

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  • Dinaw Mengestu:«J’ai lu et admiré l’écriture de Tahar Djaout…»

    Dinaw Mengestu est un jeune écrivain américain d’origine éthiopienne âgé de 33 ans. Il est l’auteur de deux ouvrages :Les belles choses que porte le ciel et Ce qu’on peut lire dans l’air. Deux succès d’estime montrant et démontrant un réel trait cursif inspiré par Frantz Fanon et Albert Camus.

    -Les belles choses que porte le ciel est un roman autobiographique…

    Absolument pas. Ce n’est pas du tout un roman autobiographique, et contrairement au narrateur, j’ai quitté l’Ethiopie en très bas âge et n’ai eu aucune des expériences de Sepha Stephanos.

    -Une inspiration de Dante…

    Ce livre est inspiré par Dante mais aussi par plein d’autres romans. Dante a donné son titre au roman, mais aussi sa philosophie, ou sa perspective.

    -Le ciel, entre «enfer et paradis»…


    Je pense que c’est là où vivent la plupart d’entre nous, avec bien sûr des moments de grande beauté ou de pure joie, qui sont le paradis, mais nous avons à souffrir également et à endurer les chagrins, les douleurs et les cœurs brisés.

    -Parler, retracer l’immigration, l’exil forcé, la guerre, est-ce un devoir pour vous?


    Ce n’est pas un devoir à proprement parler, mais si ces sujets s’imposent quand j’écris, c’est qu’ils sont sûrement bel et bien en moi. J’écris des romans, pas des essais sur la guerre, l’immigration ou l’exil forcé. Ainsi, le fond remonte à la surface et ce sont pour l’instant ces thèmes-là qui jaillissent.

    -La quête initiatique est transposée dans Les belles choses que porte le ciel et Ce qu’on peut lire dans l’air. ..

    Si vous entendez par quête initiatique un retour sur soi que mes personnages imposent, oui. La quête de soi est sans fin, et qui plus est quand le passé est complexe et une des questions de mon roman est je crois : pourquoi alors s’invente-t-on une vie et combien il est difficile de se connaître, de se comprendre, même dans un couple, et comment mélanger ces vérités intérieures, dès lors qu’elles nous échappent, nous forcent à trouver des mensonges, des attitudes, des sentiments acceptables, jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus ?

    -D’origine éthiopienne, vous avez vécu aux Etats-Unis depuis votre prime enfance. L’Amérique a-t-elle changé ? Surtout avec l’arrivée du président Barak Obama ?

    L’Amérique est en perpétuel changement et pas seulement avec, grâce, ou à cause d’Obama. Depuis que Barack Obama est devenu président, le pays est plus conservateur et divisé sur bien plus de points. Je pense que c’est un président remarquable, et tout exceptionnel qu’il soit, il n’en demeure pas moins que c’est un homme.

    -Aujourd’hui, le monde entier se souvient du 11 septembre. Quels sont les maîtres mots pour vous : douleur, paix, tolérance, dignité, pardon, liberté..?

    Je pense qu’après le 11 septembre, les mots les plus importants pour moi sont le respect mutuel et la compassion. D’énormes et multiples différences nous divisent, et il me semble important de souligner que nos différences, qu’elles soient religieuses ou culturelles, ne sont rien comparées à notre humanité commune.

    -Votre écriture se veut «citoyenne du monde» …

    Je suis américain, je suis africain et je vis en Europe, mais ce n’est pas ce qui fait de moi un citoyen du monde. C’est ma foi dans l’humanité, qui, j’espère, me rend citoyen du monde, et non pas ma nationalité, ma race ou ma religion.

    -Vous avez écrit sur le Darfour et l’Ouganda en tant que journaliste, notamment pour le magazine Rolling Stone. Vous êtes reporter, témoin de la souffrance et de la bêtise humaine…

    Je ne veux pas seulement être un témoin de la souffrance.Quand je travaille comme journaliste, c’est dans le but de comprendre, à la fois pour moi et pour mes lecteurs. Je veux entendre et comprendre ce qu’est la souffrance, pas seulement la regarder.

    -Votre trait cursif est foncièrement «aérien» et pas du tout «terre à terre» : le ciel, l’air…

    Vous parlez des titres de mes livres ? Ils me viennent en écrivant. Alors, peut-être ont-ils la tâche délicate d’alléger l’existence de mes personnages, peut-être font-ils référence au mystère qui imprègnent les sentiments de mes personnages et leurs attitudes, peut-être la musique de la langue m’arrête t-elle ?

    -Vous allez participer au Salon international du livre d’Alger (du 21 septembre au 1er octobre). Que représente pour vous la littérature algérienne, maghrébine ?


    Malheureusement, il n’y a vraiment pas assez d’auteurs algériens ou maghrébins traduits en anglais. Ma première expérience de lecture d’un roman situé en Algérie, c’était avec Camus et puis, plus tard, j’ai lu et profondément admiré l’écriture de Tahar Djaout et bien évidemment aussi celle de Frantz Fanon.

    -Quel est l’auteur qui vous a inspiré ou donné envie d’écrire ?

    Ce n’est pas seulement un auteur qui m’a donné envie d’écrire mais la littérature dans sa totalité et celle de tous les coins du monde. Toutes les cultures dépendent des histoires racontées. Aussi, les histoires ou les contes éthiopiens, que mon père m’a racontés enfant, sont aussi importants à mes yeux, en tant qu’écrivain, que les pièces de Shakespeare, les romans de William Faulkner, de Toni Morrison ou La Recherche de Marcel Proust.


    L’auteur Dinaw Mengestu présentera ses œuvres Les belles choses que porte le ciel (Livre de poche) et Ce qu’on peut lire dans l’air (Albin Michel), le mercredi 28 septembre 2011, à l’occasion de la 16e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila) qui se tiendra du 21 septembre au 1er octobre, au complexe olympique Mohamed-Boudiaf, du 5 Juillet à Alger.


    Bio express :

    A deux ans, Dinaw Mengestu fuit son pays natal avec sa mère et sa grande sœur pour rejoindre son père, lui-même parti peu avant sa naissance pour échapper à la terreur rouge, la révolution communiste. La famille s’installe à Peoria dans l’Illinois où son père est manager chez Caterpillar Inc, et là, Dinaw Mengestu grandit dans un environnement exclusivement blanc de Southern Baptists et fréquente une école catholique.

    A neuf ans, la famille s’installe à Georgetown, Washington D-C. A l’adolescence, Dinaw Mengestu se passionne pour l’Ethiopie et lit tout ce qu’il trouve sur le sujet. Il interroge et enregistre les récits de sa famille et pousse son père à lui parler de son propre frère, l’oncle de Dinaw Mengestu, torturé à mort en prison en Ethiopie, provoquant la fuite du père.

    Au début, Dinaw Mengestu n’a l’intention que simplement de préserver cette histoire dans un récit mélangeant ses enregistrements avec des articles de presse et des récits historiques, mais il finit par écrire un roman. Après des études à l’université de Georgetown, il poursuit ses études à l’université de Columbia dans le programme MFA, d’écriture de fiction.

    Son premier roman, The beautiful things that heaven bear s (Les belles choses que porte le ciel)- titre qui reprend un vers de L’Enfer de Dante-, sort en 2007. En tant que journaliste free-lance, Dinaw Mengestu collabore aux magazines Harper’s, Jane et Rolling Stone pour lequel il a rédigé un article sur le Darfour intitulé Tragedy of Darfour.

    En 2006, il reçoit une bourse de la New York Foundation of the arts. Dinaw Mengesru enseigne également l’écriture et la littérature à l’université de Georgetown, et retourne de temps en temps visiter l’Ethiopie. Il vit actuellement en France.


    Par El Watan
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