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Une commission très "spéciale" aux USA

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  • Une commission très "spéciale" aux USA

    On les appelle déjà les "Douze" : six sénateurs et six représentants, moitié démocrates, moitié républicains. Tous sont aujourd'hui l'objet d'une infinie sollicitude des groupes d'intérêts enregistrés au Congrès. Car l'affaire urge. Les "Douze" constituent la "commission spéciale" mise en place après le vote des élus, début août, d'un projet minimaliste sur la résorption des déficits publics sur dix ans. Ce texte leur enjoint l'objectif d'élaborer un plan de lutte "anti-dette" plus vaste : 2 400 milliards de dollars au minimum, 1 000 de plus si affinités entre les élus. L'échéance est fixée à la fête américaine de Thanksgiving, le dernier jeudi de novembre. S'ils ne trouvent pas de compromis, un autre plan, moins ambitieux mais déjà établi, sera imposé d'autorité. Nombre des secteurs qui seraient touchés en ce cas espèrent vivement parvenir à modifier les choses, par exemple les industriels de la défense, car le Pentagone devrait alors rogner plus de 50 milliards de dollars par an sur ses dépenses.

    Représentant tous les domaines - de la santé à l'immobilier, des agriculteurs à la finance -, les lobbyistes viennent donc frapper à la porte des "Douze" avant qu'il ne soit trop tard. Personne, leur expliquent-ils, ne disconvient de l'urgence de réduire la dette, mais les élus s'honoreraient en coupant les dépenses ailleurs que dans les secteurs qu'eux-mêmes représentent. Ou bien en évitant de les imposer plus qu'ils ne le sont déjà.
    Ici, le subliminal est souvent de mise. En avançant leurs pions, les lobbyistes n'ont pas besoin de le leur rappeler : les élus savent que, tôt ou tard, ils remettront leur mandat en jeu. Ce sera le cas, dans treize mois, des six représentants, et, en 2012 et 2014, de trois des six sénateurs. Ils auront alors bien besoin des faveurs des mêmes lobbyistes pour battre campagne.

    Allons voir de plus près. Le cas de Patty Murray est le plus spectaculaire. Cette sénatrice démocrate de l'Etat de Washington est beaucoup financée par Microsoft et Boeing, la seconde ayant toute raison de craindre une diminution des dépenses militaires. La sénatrice est aussi financée par Emily's List, une importante association américaine prochoix (favorable au droit à l'avortement) et par les caisses de retraites. Or, le planning familial et les retraites font l'objet de velléités de coupes radicales du côté républicain, et plus modestes, mais considérées comme inévitables, chez les démocrates.

    Mais l'essentiel n'est pas là : Mme Murray est aussi présidente du comité démocrate de la campagne sénatoriale, l'instrument de collecte de fonds du parti pour les élections au Sénat. D'où l'accusation de "conflit d'intérêt" entre cette fonction et sa participation au "Douze". Qui croira, rétorque-t-elle, qu'elle puisse être sensible à d'autres intérêts que ceux de ses électeurs ?

    Les données du Center for Responsive Politics, qui recense les donations connues aux élus, suscitent pourtant quelques interrogations. Légitime, en effet, de s'interroger pour savoir si Chris Van Hollen, représentant démocrate du Maryland, qui compte la grande société de gestion de produits financiers NorthWestern Mutual comme premier contributeur - et le secteur de l'assurance comme principal soutien -, ou les républicains Jeb Hensarling (représentant, Texas) et Pat Toomey (sénateur, Pennsylvanie), tous deux soutenus quasi exclusivement par des banques et des sociétés financières (en tête : la carte Visa pour le premier, le Club for Growth, association de patrons ultralibéraux, pour le second), pourraient soutenir une hausse d'impôts sur les gains du capital sans en subir de néfastes conséquences ?

    Qui peut réellement croire que Xavier Becerra (démocrate, Californie), dont le secteur de la santé - lobbies des radiologues et de la médecine physique en premier lieu - domine le financement, restera insensible à leurs craintes lorsque s'engagera la bataille au sein de la commission pour fixer les secteurs médicaux devant subir des coupes dans la couverture publique des soins ?

    Ce type de questions, on pourrait les poser pour chacun des membres de la commission : le sénateur républicain Rob Portman (Ohio) est très apprécié d'American Financial Group et de General Electric ; le représentant démocrate James Clayburn des sociétés de l'audit comptable, des services électriques et des loisirs, etc. On n'oubliera pas les lobbies des producteurs d'éthanol ou des jets privés, inquiets de la possible annulation des niches fiscales dont bénéficient ces secteurs. Le diable du lobbyisme se cache aussi beaucoup dans le détail de la feuille d'impôts.
    Ainsi va un système institutionnel américain de plus en paralysé, non pas uniquement par le refus républicain de "jouer le jeu", mais aussi parce que tous les élus, en campagne permanente, entre adéquation et grand écart, doivent à la fois préserver leur électorat et satisfaire les attentes de ceux qui leur donnent les moyens de se présenter. Du plus modeste (le démocrate Beccera, 345 000 dollars levés, selon les comptes de campagne 2011-2012) aux mieux dotés des vieux briscards (le républicain Toomey, les démocrates John Kerry et Max Baucus, entre 10 et 18 millions de dollars chacun depuis cinq ans), aucun des membres de la Commission spéciale sur la résorption de la dette n'a jugé bon de décréter, par exemple, un moratoire sur ses activités de collecte de fonds auprès des entreprises, le temps que les "Douze" aient fini leur mission : pointer qui pâtira et qui sortira indemne des coupes claires dans les divers budgets de l'Etat.


    Le monde

  • #2
    Message subliminal

    On les appelle déjà les "Douze"
    Très malin celui qui a composé cette commission ...... il a dû penser aux 12 travaux d'hercules
    Kindness is the only language that the deaf can hear and the blind can see - Mark Twain

    Commentaire

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