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Djedda, oasis libérale saoudienne

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  • Djedda, oasis libérale saoudienne

    Reportage :

    Les habitants de la deuxième ville du royaume, dont l’atmosphère tranche avec le rigorisme en vogue dans le reste du pays, tentent de se défaire de l’emprise de la police religieuse.

    Un groupe de jeunes, filles et garçons mélangés, discute avec enthousiasme sur les banquettes de la librairie-café Bridges de Djedda, la deuxième ville d’Arabie Saoudite. Le voile négligemment posé sur la tête et laissant dépasser leurs cheveux, les femmes sont assises à côté des hommes. L’endroit ne comporte pas de sections séparées pour les deux sexes, alors qu’une ségrégation est sévèrement appliquée dans la grande majorité des lieux publics.
    Des rayonnages en quinconce, remplis de livres en anglais et en arabe avec des biographies, des analyses politiques, des livres touristiques ou historiques, trônent à l’entrée du lieu. Quelques tables et de confortables banquettes occupent le reste de l’espace café-bibliothèque. La décoration est moderne, axée sur l’ouverture artistique. Et les jeunes s’y retrouvent pour utiliser la connexion internet, discuter ou simplement boire un cappuccino en parcourant un bon livre. Ouvert il y a un peu plus d’un an, Bridges a aussi pour ambition de promouvoir la littérature à travers l’organisation d’événements culturels ou de séminaires.


    Jeunesse. Ville cosmopolite de par son histoire, point d’arrivée des pèlerins musulmans en route vers La Mecque et important carrefour commercial avec son port, Djedda est la ville qui accueille le plus d’offre culturelle dans le pays, loin des clichés sur l’extrémisme religieux des Saoudiens. Ainsi, durant l’été, alors que beaucoup d’habitants du royaume se pressent sur la côte, le Djedda Summer Tourism Festival propose de nombreuses activités, allant du cirque aux concerts de musique en passant par le théâtre pour enfants ou les tirs de feux d’artifice sur la corniche. La publicité a d’ailleurs trouvé un slogan pour cette saison de l’année, «Djedda kheir» («Djedda, c’est mieux»).

    La jeunesse saoudienne apprécie énormément cette ambiance plus relâchée, comparée à celle de la très conservatrice capitale, Riyad.«On ne fait pas vraiment attention à la police religieuse et, dans ce genre d’endroits, je n’ai jamais été ennuyée parce mon voile était mal positionné ou parce que nous étions un groupe mixte», raconte Sara, qui ajoute cependant qu’il faut «parfois jouer au chat et à la souris» pour éviter les ennuis. Elle fait référence au Comité pour la promotion de la vertu et la répression du vice, généralement appelé «police religieuse», plus connu par le terme arabe Mutawa. Une organisation dont le but est de veiller à la bonne application de la charia en vigueur dans le pays.
    Bien qu’indépendante et composée principalement de volontaires, son dirigeant est cependant nommé par le roi, en accord avec un conseil des religieux du royaume.

    «Notre objectif est de vérifier la conformité de la société avec les règles de l’islam, mais également d’apporter des conseils et un suivi dans le propre intérêt de la population», explique Mohammed, un membre de l’organisation. Ce qui peut inclure le respect du port du voile ou la lutte contre le trafic de stupéfiants. Mohammed rejette l’appellation de police religieuse, même si c’est une image dont la Mutawa peine à se débarrasser.


    Cheveux. Assise sur le sable blanc d’une plage de Djedda, ses cheveux longs tombant en cascade sur son voile rejeté sur les épaules, Samia explique comment, une nuit, elle et trois de ses amies faisaient des courses dans une épicerie quand un groupe de la Mutawa, accompagné d’un officier de police, est entré dans le magasin et leur a demandé de couvrir leurs cheveux. «L’une d’entre nous leur a dit de ne simplement pas nous mater, ce qui les a énervés. J’ai alors essayé de calmer le jeu en leur parlant avec un immense sourire et j’ai remis mon voile», raconte la jeune femme. L’officier a vérifié leurs cartes d’identité, avant que tous s’en aillent sans donner suite à l’incident. La peur qu’elle inspire et l’intimidation dont elle fait souvent preuve empêchent généralement les femmes de s’opposer ouvertement à la Mutawa. Il est ainsi courant que les «contrevenantes» se fassent arrêter et soient parfois détenues de longues heures.


    Dans les rues de Djedda, pourtant, de très nombreuses femmes ne se couvrent pas les cheveux, même si elles portent une abaya, cette longue robe noire qui leur habille le corps. Ici, plus qu’ailleurs en Arabie Saoudite, elles se battent pour obtenir plus de droits, comme celui de conduire ou de circuler sans devoir être accompagnée par un parent masculin. La ville constitue ainsi un parfait exemple des contradictions du royaume saoudien, entre outrageante richesse et pauvreté des vieux quartiers, ouverture et extrémisme religieux. Au cœur d’une région en plein changement, l’Arabie Saoudite attend son heure.

    Par Benjamen WiacekEnvoyé spécial à Djedda


    Source : liberation.fr
    La pire chose pour l'Homme, serait qu'il meurt idiot.
    De grâce épargnez-moi la prolixe, la syntaxe et la chiffrerie à tout va
    .
    Merci.
    " TOUCHE PAS A MA NAPPE ALBIENNE "
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