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Gaz : 150 milliards de mètres cubes gaspillés par an

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  • Gaz : 150 milliards de mètres cubes gaspillés par an

    Alors que le prix du gaz suit celui du pétrole, les émanations brûlées ou dispersées sur les forages combleraient 30% des besoins européens.La quantité annuelle de gaz dispersée par les torchères représente plus que la consommation de la France et l'Allemagne réunies.

    Sur les champs de pétrole, les flammes des torchères ont l'air d'être un simple élément de décor. Mais sur le bilan de la planète, elles marquent un chiffre noir de plus en plus préoccupant : celui constitué par le gaspillage du «gaz associé» qui, presque toujours, est extrait du sous-sol en même temps que l'huile minérale.

    La 14e session de la Commission de l'ONU sur le développement durable (CSD 14), qui vient de se tenir à New York, s'est penchée sur ce phénomène relativement ignoré des gaz «brûlés à la torche» (gas flaring) ou directement dispersés dans l'atmosphère (gas venting). Selon les estimations les plus prudentes, ils représentent 150 milliards de mètres cubes par an, soit plus que la consommation de la France et de l'Allemagne réunies – ou 30% des besoins en gaz de l'Europe des Vingt-Cinq, ou encore un quart de ceux des États-Unis. Toute cette énergie perdue lance un défi au sens commun : économique, au moment où le prix du gaz suit la courbe exponentielle de celui du pétrole, et environnemental, lorsque 400 millions de tonnes de CO2 s'ajoutent par ce biais à la pollution atmosphérique, soit l'équivalent de 15% des engagements de réduction des gaz à effet de serre par les pays développés d'ici à 2012.

    Pourquoi cette gabegie ? A cause de mauvaises habitudes contractées à une époque d'abondance et d'une analyse économique à courte vue de la part des États et des compagnies pétrolières. L'exploitation du gaz exige en effet des infrastructures plus complexes que celle du brut, surtout s'il n'y a pas assez de consommateurs locaux, puisqu'il faut alors le liquéfier pour le transport. Sur une photo satellite réalisée par l'Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA), la Sibérie, le Moyen-Orient et le golfe de Guinée en Afrique brillent comme des villes dans la nuit, symboles d'une richesse dilapidée depuis des décennies. «Quand le cours du baril est bas, on estime l'investissement trop coûteux, quand il est élevé, on le juge superflu», constate François-Régis Mouton, conseiller du Partenariat pour la réduction du gas flaring (GGFR) au sein de la Banque mondiale à Washington.

    Un phénomène sous-évalué

    C'est peu à peu en train de changer, sous l'impulsion d'institutions internationales et de pays leaders comme la Norvège, qui recycle déjà tous ses «gaz associés» au forage. Créé en 2002, le GGFR mobilise une demi-douzaine de personnes et dix millions de dollars depuis quatre ans pour tenter de convaincre responsables publics et industriels de s'attaquer au problème. Ce partenariat public-privé s'attache à la fois à mesurer avec précision l'ampleur du phénomène, notoirement sous-évalué dans la plupart des pays, et à proposer des solutions adaptées aux réalités locales. Un outil de collecte des données a ainsi été mis sur pied sur une base volontaire, qui sera bientôt complété par un système d'imagerie satellite capable de couvrir toute la planète. Des accords transnationaux sont aussi encouragés, comme celui récemment passé en Guinée équatoriale pour collecter et liquéfier les gaz associés au Cameroun et au Nigeria.

    Taxation, législation, investissement : les méthodes sont variées pour venir à bout de ce fléau. Ce qui compte avant tout, c'est la volonté des États et des compagnies. Or elle n'est pas encore à la hauteur des enjeux. Le géant américain ExxonMobil, dont les profits ont dépassé 36 milliards de dollars en 2005, a fait un effort au Nigeria sous la pression du gouvernement, mais continue à brûler 2 milliards de mètres cubes sur son site offshore de Zafiro en Guinée équatoriale. La Russie, qui a inscrit le thème de la «sécurité énergétique» au programme du G 8 qu'elle présidera en juillet, sous-évalue notoirement son flaring à 14,7 milliards de mètres cubes alors que, selon les calculs de l'Agence internationale de l'énergie (IEA), le gaspillage atteindrait 70 milliards de mètres cubes, l'équivalent de 60% des importations européennes.

    Au moment où les experts s'interrogent sur la capacité du système de production russe à maintenir ses livraisons vers l'UE d'ici quatre à cinq ans, ces chiffres suscitent une prise de conscience qui a poussé la Commission de Bruxelles à rejoindre le club des contributeurs au GGFR. «Il faut provoquer un changement d'état d'esprit, dit François-Régis Mouton, comme pour la sécurité industrielle il y a vingt ans : aujourd'hui, elle fait systématiquement partie de l'investissement.» Avec cet objectif en ligne de mire, une conférence internationale sur le flaring réunira 250 experts à Paris en décembre prochain.

    Par le figaro
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