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Mohamed Chafik Mesbah à Liberté “La charte n’a pas dénoué la crise”

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  • Mohamed Chafik Mesbah à Liberté “La charte n’a pas dénoué la crise”

    Par : Arab Chih

    Chafik Mesbah a un jugement mitigé sur la politique de réconciliation nationale, considérant que même si, sur le plan strictement technique, elle a apporté quelques fruits, politiquement, elle opère comme une sorte de chape qui couvre la crise politique du pays sans y apporter de solution véritable.

    Liberté : La charte pour la paix et la réconciliation nationale a été adoptée depuis six ans. Le temps est-il venu de dresser le bilan de cette politique de la main tendue à l’islamisme armé ?
    Mohamed Chafik Mesbah : Il est possible de distinguer deux volets dans le bilan de cette politique de réconciliation nationale. En premier lieu, le bilan physique lié à la neutralisation des activités terroristes. Ce bilan, dans ses tendances lourdes, date, quasiment, des dernières années où le Président Liamine Zeroual présidait aux destinées de l’Etat.Depuis lors, il n’y a pas eu d’avancée substantielle. Malgré les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, la violence terroriste a toujours subsisté sous une forme plus ou moins prononcée.
    Cette violence terroriste a pris de nouvelles formes avec la recrudescence du grand banditisme et l’apparition de groupes armés où la composante étrangère est, parfois, dominante. La stabilisation de la situation sécuritaire reste, ainsi, fragile.
    Le bilan politique est tout aussi contestable. Du temps du Président Liamine Zeroual, la démarche des pouvoirs publics visait à la réalisation de deux objectifs complémentaires. L’annihilation physique du terrorisme à travers un combat méthodique et résolu ainsi que la restructuration du courant islamiste – donnée co-substantielle à la société algérienne – sur la base du respect absolu de l’ordre constitutionnel.
    Avec l’avènement de la politique de réconciliation nationale, nous avons assisté, non pas à l’annihilation de la menace physique du terrorisme mais à son contournement. Vis-à-vis de l’islamisme, la démarche politique a tendu à favoriser l’émergence d’un islamisme de bazar avec une certaine tolérance vis-à-vis des anciens dirigeants de la branche armée du FIS et d’autres chefs de groupuscules terroristes.
    En conclusion, la charte pour la paix et la réconciliation nationale n’a pas dénoué la crise dont les causes objectives demeurent. Cette démarche aura été plus une construction juridique qui se voulait astucieuse qu’un édifice fondé sur une véritable négociation et un véritable consensus.

    Faut-il, à votRE avis, privilégier le bilan physique de cette démarche, c'est-à-dire le nombre de terroristes repentis et celui d’armes récupérées, ou plutôt le bilan politique, c’est-à-dire l’objectif de la restauration de la paix et de la cohésion de la société algérienne ?
    Les deux aspects du bilan sont liés. Il ne faut pas perdre de vue que les militaires ont pour mission de consolider la lutte contre le terrorisme afin de permettre aux instances politiques de négocier en position de force. Les pouvoirs publics devaient, pour leur part, élaborer et appliquer un projet national audacieux visant à instaurer un système démocratique, à garantir la justice sociale et à favoriser le développement économique.
    Depuis l’interruption du processus électoral en 1991, jamais ces deux actions n’ont été menées de front, ce qui explique que le pays soit enlisé dans un processus de transition bloqué.

    Un officier général vient de prendre, publiquement, position contre la politique de réconciliation nationale. Cette position reflète-t-elle l’état d’esprit de la hiérarchie militaire ?
    Il ne faut pas s’aventurer à vouloir décrypter l’état d’esprit prévalant au sein de la hiérarchie militaire. Nous savons qu’une nouvelle génération d’officiers supérieurs et de généraux a émergé au niveau de la hiérarchie militaire. Cette génération qui a participé à la lutte contre le terrorisme rejette, probablement, le recours à la violence pour accéder au pouvoir.
    Elle ne semble pas, cependant, nourrir une hostilité pathologique vis-à-vis de l’islam, facteur d’identité politique et culturelle. Les officiers supérieurs et généraux en retraite pourraient, pour leur part, nourrir du ressentiment contre ce qu’ils considèrent comme un dévoiement de la victoire physique qu’ils ont remportée contre le terrorisme.

    La politique de réconciliation nationale a suscité des réactions diverses. Deux positions antagoniques sont apparues sur la scène nationale. Celle des partis et organisations qui, évoluant autour du pouvoir, appuient, sans réserve, cette politique. Certains partis de l’opposition et les familles des victimes du terrorisme ainsi que celles des disparus la contestent avec obstination. Ces deux positions sont-elles conciliables ?
    Cet antagonisme ne peut être dépassé que par le consensus négocié évoqué auparavant. Un consensus où, naturellement, le travail de mémoire ne serait pas absent. Nous sommes loin de cette démarche. Très clairement, il apparaît que de nouvelles autorités en charge, le cas échéant, de la transition démocratique devront, forcément, procéder à la révision déchirante de cette politique ou, pour le moins, l’adapter dans ses fondements mêmes. Une démarche de reconstruction de la politique de réconciliation nationale sera l’un des défis majeurs auxquels seront confrontées ces nouvelles instances de la transition démocratique.

    Au-delà du bilan de la politique de réconciliation nationale, quel avenir prévoyez-vous pour l’islamisme en Algérie ?
    L’idée dominante qui ressort d’une analyse de la situation politique en Algérie permet de dégager une hypothèse majeure. Le Président de la République s’attelle à asseoir sa légitimité en vue de son retrait futur de la scène nationale en favorisant l’émergence d’un courant islamiste puissant qu’il voudrait comparable au parti islamiste turc AKP. L’arrivée au pouvoir d’un tel parti dans le cadre d’un scrutin électoral incontestable s’inscrirait dans la durée. Si ce parti accepte d’inscrire son action dans le respect de l’ordre constitutionnel, l’institution militaire ne pourra, aucunement, contester son pouvoir. Un cours des choses qui se ferait, naturellement, au détriment du courant nationaliste porté par le FLN, comme le laisse imaginer l’évolution actuelle de ce parti. Peut-être est-ce là la véritable feuille de route du chef de l’Etat, plutôt que le processus de réformes qu’il affirme vouloir engager. Cette feuille de route est loin d’être antinomique avec les nouvelles perceptions que se font les puissances occidentales du cours des choses dans le monde arabe.Le seul obstacle à cette feuille de route, ce sont l’indisponibilité d’une élite capable de diriger ce nouveau parti islamiste inspiré de l’AKP et l’absence de temps suffisant au Président de la République pour réaliser ce projet.

    Pouvez-vous vous expliquez davantage ?
    Au risque de se répéter, malgré le potentiel qui existe pour l’émergence d’un parti islamiste comparable à l’AKP, soulignons bien qu’il manque les figures charismatiques capables de conduire le processus de création, de consolidation et de développement d’un tel parti.
    Ce ne seront, sûrement pas, les dirigeants de ce parti islamiste dévoyés dans des pratiques mercantiles qui pourront aspirer à jouer ce rôle.
    Il reste, alors, le salafisme avec ses deux facettes. D’une part, le salafisme prédicateur qui vise à transformer la société par un travail de persuasion qui s’inscrit dans la durée.
    D’autre part, le salafisme djihadiste qui vise à transformer la société par le recours à la violence systématique. L’avenir de l’Algérie dépend de la volonté de son peuple à exiger la satisfaction de ses aspirations et de l’aptitude de ses élites à incarner ces aspirations au changement.
    Contre les dérives éventuelles du mouvement islamiste, il n’existe pas d’autre antidote que le système démocratique dont le fonctionnement repose sur des institutions solides et des appareils puissants. Sans doute, la neutralité de l’institution militaire vis-à-vis d’un processus démocratique éventuel est un élément déterminant.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Contre les dérives éventuelles du mouvement islamiste, il n’existe pas d’autre antidote que le système démocratique dont le fonctionnement repose sur des institutions solides et des appareils puissants. Sans doute, la neutralité de l’institution militaire vis-à-vis d’un processus démocratique éventuel est un élément déterminant.
    il aurai pu commencer et finir par cette analyse , ho combien d'actualité!!!
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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    • #3
      Au-delà du bilan de la politique de réconciliation nationale, quel avenir prévoyez-vous pour l’islamisme en Algérie ?
      L’idée dominante qui ressort d’une analyse de la situation politique en Algérie permet de dégager une hypothèse majeure. Le Président de la République s’attelle à asseoir sa légitimité en vue de son retrait futur de la scène nationale en favorisant l’émergence d’un courant islamiste puissant qu’il voudrait comparable au parti islamiste turc AKP. L’arrivée au pouvoir d’un tel parti dans le cadre d’un scrutin électoral incontestable s’inscrirait dans la durée. Si ce parti accepte d’inscrire son action dans le respect de l’ordre constitutionnel, l’institution militaire ne pourra, aucunement, contester son pouvoir. Un cours des choses qui se ferait, naturellement, au détriment du courant nationaliste porté par le FLN, comme le laisse imaginer l’évolution actuelle de ce parti. Peut-être est-ce là la véritable feuille de route du chef de l’Etat, plutôt que le processus de réformes qu’il affirme vouloir engager. Cette feuille de route est loin d’être antinomique avec les nouvelles perceptions que se font les puissances occidentales du cours des choses dans le monde arabe.Le seul obstacle à cette feuille de route, ce sont l’indisponibilité d’une élite capable de diriger ce nouveau parti islamiste inspiré de l’AKP et l’absence de temps suffisant au Président de la République pour réaliser ce projet


      Je dois dire que nous n'avons aucun ordre à reçevoir d'OBAMA pour instaurer un Parti Islamique type AKP

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      • #4
        La politique de réconciliation nationale a suscité des réactions diverses. Deux positions antagoniques sont apparues sur la scène nationale. Celle des partis et organisations qui, évoluant autour du pouvoir, appuient, sans réserve, cette politique. Certains partis de l’opposition et les familles des victimes du terrorisme ainsi que celles des disparus la contestent avec obstination. Ces deux positions sont-elles conciliables ?
        bien sûr que les familles des victimes du terrorisme ne peuvent pas être d'accord avec la politique de réconciliation nationale. nous avons atteint les limites de cette politique (le terrorisme persiste). il faut passer à autre chose. les familles des victimes sont d'autant plus outrées et, avec elles, une bonne partie de la population, du fait que l'Etat puisse pardonner à des criminels (les repentis) et même les réintégrer dans la société; politique qui a contribué à discréditer totalement les Institutions de 'Etat.

        La véritable Réconciliation Nationale (la numéro 2) est encore possible. Elle doit avoir comme objectif de réconcilier les citoyens avec l'Etat. Un des moyens serait de rendre justice aux familles des victimes en procédant à l'arrestation des repentis et à leur jugement et condamnation à mort avec application de la peine de mort chaque fois que nécessaire. à circonstances exceptionnelles, procédures exceptionnelles. Un tel geste redonnerait aux citoyens la confiance dans les Institutions du pays. L'Etat gagnerait des points précieux de crédibilité et de LEGITIMITE qui lui font tant défaut.
        Dernière modification par Vigilance, 01 octobre 2011, 18h41.
        la curiosité est un vilain défaut.

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