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Une plus grande reconnaissance des Berbères fait son chemin au Maghreb

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    L'Algérie à la traîne ?
    Une plus grande reconnaissance des Berbères fait son chemin au Maghreb


    La ville tunisienne de Djerba accueille depuis hier vendredi et jusqu’à demain le sixième Congrès mondial amazigh. Des délégations algériennes, tunisiennes, marocaines, libyennes, touarègues et des personnalités de la diaspora amazighe en Europe et sur le continent américain sont présentes. Une chose inimaginable il y a moins d’un an, du temps du règne de l’ex‑dictateur Ben Ali.

    Ce congrès intervient alors que le mouvement amazigh au Maghreb est en train de franchir une nouvelle étape de son existence. Le printemps arabe, qui a entraîné de profonds bouleversements dans plusieurs pays de la région, a effectivement profité au mouvement amazigh.

    En Tunisie, la chute de Ben Ali marque la fin de la clandestinité et de la répression pour les défenseurs de l’amazighité. Le 30 juillet, l'Association tunisienne de culture amazighe, née en avril dernier dans l’effervescence de la chute de l’ex‑dictateur, a officiellement été agréée. Dans ce pays, les berbères représentent, selon les études, entre 5 et 10 % de la population. Mais sous le règne de Ben Ali, aucune place n’était accordée à la langue ou à la culture berbère. La politique d’arabisation a fait de l’arabe la seule langue officielle et nationale, au détriment du berbère qui a vu sa présence diminuer progressivement.

    En Libye, la situation va dans le même sens. Depuis la chute de Kadhafi et l’avènement du CNT comme nouvelle autorité reconnue par la communauté internationale, les Berbères, longtemps réprimés par le régime, se font de nouveau entendre. Le 26 septembre, ils tenaient ainsi une conférence dans la capitale, Tripoli. Une première ! Ils ont réclamé que le tamazight soit reconnu avec l’arabe comme langue officielle dans la prochaine Constitution du pays.

    Chose impensable du temps de Kadhafi. L’ex‑Guide avait en effet à plusieurs reprises violemment stigmatisé les Berbères et leur langue, « poison » pour la Libye, disait‑il en 1985. Plusieurs militants amazighs ont été victimes de la répression et certains ont été contraints à l’exil. Aujourd’hui, en Libye, on estime à 10 % la proportion de la population berbère, essentiellement présente dans les montagnes du Nefoussa et bien sûr dans le Sud, avec les Touaregs. Jusqu’ici, le CNT n’a pas encore assuré que l’officialisation de tamazight serait discutée dans le cadre de la future Constitution, mais la présence de nombreux berbères dans ses rangs et le rôle que la région de Nefoussa a eu dans la révolution redonne espoir à cette communauté.

    C’est au Maroc enfin, pays où la présence des Berbères est la plus importante au Maghreb – autour de 50 % de la population – que le vent du changement dans la région a le plus porté ses fruits pour les Berbères. Dans son discours du 17 juin, le roi Mohamed VI a annoncé l’officialisation de Tamazight dans le cadre des réformes constitutionnelles. Des réformes adoptées par référendum le 1er juillet dernier. « Il s'agit d'une initiative d'avant‑garde, qui constitue le couronnement du processus de réhabilitation de l'Amazigh, comme patrimoine commun à tous les Marocains », avait affirmé Mohamed VI. Conséquence immédiate : le tamazight va retrouver une place dans l’enseignement et dans la société. Le Maroc est donc aujourd’hui le seul pays où le Berbère est une langue officielle.

    En comparaison, l’Algérie semble rester à l’écart de ces bouleversements régionaux. Il faut dire que le pays était jusqu’à présent largement en avance sur ses voisins en matière de reconnaissance de la langue et de la culture berbères. Le Tamazight est langue nationale depuis 2002 et il est enseigné dans les écoles depuis 1995. Mais il n’est toujours pas langue officielle et son utilisation par des officiels peut même susciter un malaise. Vendredi, lors de la conférence de presse qui a suivi la Tripartite, une journaliste a reproché au premier ministre Ahmed Ouyahia d’avoir répondu en kabyle à une question posée en kabyle. Selon elle, le berbère n’est pas une langue officielle. Le Premier ministre a presque dû s’excuser. Il a été obligé de traduire ses propres propos en arabe.

    Aujourd’hui, la situation est loin de satisfaire les militants de la cause amazighe. Ils soulignent régulièrement par exemple les dysfonctionnements de l’enseignement de la langue, qui n’est plus effectif que dans une dizaine de wilayas. « Près de 240 000 élèves, tous cycles confondus, étudient actuellement Tamazight, dont 90 % sont localisés dans la région de Kabylie, précisément à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira », affirmait ainsi il y a quelques jours le secrétaire général du Haut‑commissariat à l’amazighité, Youcef Merahi.

    Enfin, son officialisation n’est toujours pas à l’ordre du jour. Ainsi, si les revendications portées par les « révolutions arabes » se concrétisent chez nos voisins, l’Algérie – où les berbérophones représentent environ 30 % de la population – pourrait devenir le mauvais élève en matière de reconnaissance de la culture amazighe.

    TSA
    Yazid Slimani
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