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Histoire de la ville de Bgayet Béjaia Bougie et sa région

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  • Histoire de la ville de Bgayet Béjaia Bougie et sa région

    A l’époque romaine, les populations qui occupaient la région étaient connues sous le nom de Banioures, de Kedamouziens (Ketama) et des Babares (desquels vient le nom Babor donné à la montagne) dans les massifs des Babor et de Tababort. Sur les deux rives de la Soummam, en amont, vivaient les Nababes et les Masinissences (Imsisen) concentrés sur les pentes occidentales des Biban, et en face sur les pentes du mont Ferratus (Djurdjura) ; plus bas, et sur l’autre versant du Djurdjura dominaient les Quinquegentiens [1] dans l’espace compris entre Bougie et Dellys . [2] Ibn Kheldoun les rattache à la tribu des Sanhadja dont ils constituent les deux branches : Zouaoua à l’Ouest, Ketama à l’Est.
    Les Zouaoua occupaient les territoires s’étendant entre EI Djazair bled Mezghena (Alger) au golfe occidental de Bougie. Ils « habitent au milieu des précipices formés par des montagnes tellement élevées que la vue en est éblouie, et tellement boisées qu’un voyageur ne saurait y trouver son chemin. C’est ainsi que les Béni-Ghobrin habitent le Ziri, montagne appelée aussi Djebel - Zan, à cause de la grande quantité de chênes-zan dont elle est couverte, « et que les Béni-Feraoucen et les Béni-Iraten occupent celle qui est « située entre Bougie et Tedellis (versant Ouest). les Fenaïa la vallée et les pentes orientales du Djurdjura. Cette dernière montagne est une de leurs retraites les plus difficiles à aborder et les plus faciles « à défendre ; de là ils bravent la puissance des gouvernements, et « ils ne paient l’impôt qu’autant que cela leur convient ... » [3]
    « Les Ketama occupaient les territoires s’étendant entre El Coll et Bougie le long du littoral, et les plaines du Midi jusqu’au massif « des Aurès. Leurs principales villes étaient : Igudjan, (près d’Ain El Kenira), Sétif, Baghaïa, Negaous, Bélezma, Mila, Kessentina, Skikda, El Coll, Djidjel ... »
    Dans la région qui nous préoccupe, la fusion entre Ketama et Zouaoua si proches les uns des autres, s’enrichit de nombreux apports extérieurs. [4]
    A l’époque phénicienne et carthaginoise, des éléments orientaux et maghrébins de l’Est s’étaient déjà fondus dans la masse au moment de l’établissement des Romains [5], Les Berbères romanisés au service de l’Empire venus des localités voisines ou des provinces lointaines en qualité de fonctionnaires se sont intégrés eux aussi à la masse des indigènes. C.L. Féraud raconte qu’en 1848, il fit connaissance à Béjaïa de Cheikh Hassen Ben Ouareth qui lui apprit que certaines tribus locales descendraient de « Roumain » : « Les Aït Ali ou-Rouma, dans la tribus des Ouled Abdel Djebar, sur « la rive droite de l’oued Soummam ; tous les habitants de fraction _ « qui se compose de trois villages : Ighil Ibezerad, Tiachafen, Aït Allaoua sont très fiers et très jaloux d’une origine qui les fait descendre, assurent-ils, des anciens possesseurs de Bougie (Saldae) envahie par des conquérants et refoulés dans l’intérieur des terres. Ils appuient leurs prétentions sur l’analogie même du nom de leur fraction. Le village d’lghzer el Kobla, dans la fraction des Aït Ferguane chez les Béni-Immel, ses habitants affirment aussi descendre des chrétiens chassés de Tiklat (ancienne Tubusuptus). [6]
    Il faut dire que le mot « Rouman » désignait sans distinction, Romains, Vandales, Grecs (Byzantins) et tous ceux qui n’étaient pas d’origine berbère, et que le mot « Afariq » désignait les Berbères romanisés. L’intégration de tous ces éléments à la société indigène ne se fit que lentement et progressivement en raison des dispositions consenties aux non-musulmans aux débuts de l’Islam. Les Emirs de l’Ifriqia les utilisèrent à leur service dans l’armée et dans l’administration.
    Ziadat Allah (817- 838) s’en servit pour combattre les troubles fomentés par les Milices arabes, son général se nommait Ben Abdellah El Ifriqi (ce qui atteste son origine) ; Abou Mohamed Ziadat Allah II (863-864) avait pour chef de sa garde Foutouh El Massihi (sans doute en raison de la religion qu’il continuait à pratiquer) ; Abou Ishaq Ibrahim Ben Ahmed (Ibrahim II) (875-902) avait comme chef de bureau de l’impôt foncier, Sawada d’origine chrétienne.
    L’historien El Yacoubi [7] contemporain de l’Emir Ibrahim II, visitant l’Ifriqia écrivait : « Les populations de l’Ifriqia se composent : « d’Arabes, de Perses et d’Autochtones composés de Berbères, Roum et Afriq. Les Berbères constituent la grande majorité de la population et parlent leur langue ; ils sont groupés en tribus indépendantes les unes des autres. Les descendants de Byzantins « constituent des îlots aux flancs des Aurès et dans la plaine de l’Ifriqia. Les Afariq [8] reste des Berbères romanisés, qui n’avaient pas encore embrassé l’Islam, résident dans les anciennes places fortes byzantines souvent aux côtés des Roums, et parlent un « berbère latinisé ... »
    Un siècle après, El Bekri faisant le même voyage, mentionne l’existence de Rouman mais point d’Afariq, ce qui laisse supposer que les Berbères romanisés se sont réintégrés dans leurs tribus d’origine ou avaient constitué des communautés spécifiques.


    Les descendants des immigrés d’origine grecque qui se fondirent par métissage dans la masse des habitants locaux et les descendants des Berbères romanisés ou des colons Romains n’étaient pas, du reste, également répartis dans tout le territoire ; ils étaient plus nombreux dans le royaume des Aghlabides plus tolérants sans doute que leurs voisins les Ibadides de Tahert, démocratiques dans leurs institutions, mais très actifs et convainquant dans leur action prosélytique.


    Mouloud GAID - Extrait de "HISTOIRE DE BEJAIA ET DE SA REGION" depuis l’antiquité jusqu’a 1954 - Edition MIMOUNI 1976

    [1] Les Romains désignaient par Quinquegentiens les cinq tribus les plus importantes de la Kabylie qui les avaient continuellement combattus et ne s’étaient jamais soumises.
    C’étaient : ifenaïen, Imsissen (sur le versant oriental), Ait Irthèn, Ait Feraoucen, Ait Ghobrini ( sur le versant occidental ).
    [2] Receuil des notices et mémoires de la Province Constantine, p. 304
    [3] Ibn Khaldoun. - Histoire des Berbères T.I pp 257-7.
    [4] Idem, p. 291.
    [5] Les français prétendaient que la tribu d’ Idjissen descendaient de Carthaginois en raison de leurs mœurs et du type de tatouages portés par leurs femmes.
    [6] C.L. Feraud. - Revue africaine, 1857, n° 12.
    [7] El Yacoubi ( Abou El Abbas Ahmed Ibn Yacoub ) d’une famille de hauts fonctionnaires de l’empire abbassides, fut lui même homme de gouvernement auprès de plusieurs souverains orientaux plus ou moins dépendants de Baghdad. Pour le service de ses maitres ou pour sa propre satisfaction, il voyagea beaucoup, séjournant dans les pays et y menant des enquêtes. Agent au pouvoir, et moins géographe qu’historien, il se montre avant tout curieux des populations et des revenus que l’Etat en tire. Il a écrit le résultat de ses investigations dans le « Kitab el Buldan ». Il mourut en 284 (897. J.C)
    [8] Les Afariq sont les Béni-Fergan (Berbères romanisés, les africains en langue berbère). Persécutés par les Vandales, ils se regroupèrent autour des places fortes quand vinrent les Byzantins, ils y étaient quand vinrent les Arabes. Les guerres les acculèrent à décrocher pour se réfugier dans les montagnes qui prirent leur nom : Béni-Fergan. Ceux qui demeurèrent dans la plaine autour des centres fortifiés devinrent musulmans très tôt, mais on continua à les appeler les Béni-Fergan.
    "If you can't say anything nice, don't say anything at all."

  • #2
    il manque dans l'article le passage concernant la période hammadite de bougie en particulier et médieval en général ..! c'est tout de méme le moment ou cette ville a brillé de tout son éclat ..
    Dernière modification par xenon, 04 octobre 2011, 09h38.
    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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    • #3
      Précision

      ... ils étaient plus nombreux dans le royaume des Aghlabides plus tolérants sans doute que leurs voisins les Ibadides de Tahert, démocratiques dans leurs institutions, mais très actifs et convainquant dans leur action prosélytique.
      Ce passage dit vrai pour le fait, mais sonne faux pour l'explication : Si la présence de populations romano-africaines est inégale entre les deux royaumes c'est plus pour des causes historiques que parce que l'un aurait été plus tolérant que l'autre.

      En somme, là où gouvernaient les Aghlabides, c'est l'ancien territoires des provinces de Proconsulaire, de Byzacène et de Numidie, régions les plus urbanisées et les plus romanisés du Maghreb, alors que les territoires des Rostemides de Tahert se trouvaient beaucoup plus à l'Ouest, dans l'ancienne province de Maurétanie Césarienne, région beaucoup moins marquée par l'urbanisation et la romanisation.

      En tout cas, les Rostemides ne se sont pas montrés moins tolérants envers les chrétiens du pays que leurs voisins, et je crois savoir qu'il existât une église et une communauté locale à Tahert à l'époque de sa grandeur, et qui se montra loyale envers les imams ibadites du coin.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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