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Peut-on être un héros aprés 1962 ?

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  • Peut-on être un héros aprés 1962 ?

    Peut-on être un héros après 1962 ?


    Qui est Mustapha Belakhel ? Ce n'est pas une place publique, un billet de banque, une rue d'Alger ou un ancien moudjahid ou un directeur d'ANSEJ. 36 millions d'Algériens moins quatre mille ne le connaissent pas. Pourtant, c'est un héros. Il est mort en sauvant une femme enceinte lors des inondations d'El Bayadh. Que va-t-il advenir après sa mort ? On ne donnera pas son nom à une navette spatiale, à une étoile et les gamins ne se bousculeront pas pour acheter sa figurine de pompier ou son poster. La raison ? Il y a une crise dans la définition du «héros» depuis l'indépendance.

    Qui est héros en Algérie ? Question de fond pour pouvoir écrire des manuels scolaires, faire rêver les nouveau-nés, fabriquer des films et des hymnes ou enrichir le répertoire des noms algériens. Quand on n'a pas de héros, on n'admire personne et donc même pas sa propre personne et tout le monde est mort ou s'ennuie. Donc question : qui est héros en Algérie ? C'est selon. Un gardien de parking qui devient propriétaire de quatre usines d'insuline au bout de deux ans est-il un héros ou un voleur ? D'ailleurs, le voleur habile n'est-il pas une sorte de héros dans l'imaginaire algérien ? A creuser. Officiellement, pour être héros, il faut être mort et avant 62. D'où cette loi désastreuse qui impose l'idée que les survivants sont des traitres et les vivants sont des lâches. Les héros n'existent donc plus, sauf dans les cimetières. Ils ne laissent pas d'enfants, mais des noms de rues ou de batailles. Officieusement, le peuple a fabriqué son répertoire de héros : le harrag qui arrive de l'autre côté vivant et qui bipe à sa famille, le débrouillard qui fait fortune avec sa langue, le courtier fabuleux. Un jour, un chef de daïra a sauvé des gens, lors d'inondation, à Sidi Bel Abbès et en est mort. Est-ce un héros ? Du point de vue de l'humanité, oui. A l'époque, il avait à peine reçu les remerciements post mortem de son ministre de tutelle.

    Lors de l'enterrement de Belakhel, il y avait, selon la presse, quatre mille algériens et quelques officiels qui se tenaient à l'écart par peur de représailles. Explication : le Pouvoir ne fait plus l'Histoire, le peuple continue à fournir des martyrs. D'où la colère. D'ailleurs, c'est l'un des graves problèmes du Pouvoir : contrairement aux premières années de l'indépendance, il n'arrive plus à faire croire qu'il est un héros ou qu'il a des héros. Ses dents sont fausses, ses muscles mous, ses cheveux sont une perruque et il ne lui reste que les yeux pour menacer et de l'argent pour recruter des mercenaires. Comment reconnaître le début d'une révolution ? C'est lorsque le peuple a ses propres héros qui ne dépendent pas du Pouvoir, qu'il a ses propres chants et ses propres martyrs. Et même ses propres cimetières. Un pompier algérien qui meurt en sauvant une femme enceinte est une histoire suffisante pour faire démarrer un pays et casser son désespoir, mais cela n'est pas compris. Le pompier a été enterré. Profondément.




    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Ma chaa Allah men article !...
    M. Daoud doit s'ennuyer ferme.

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    • #3
      On ne donnera pas son nom à une navette spatiale...
      pas de problème, ça peut s'arranger.
      le DRS contrôle toute la Galaxie

      Commentaire

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