La route qui mène vers l’Algérie
Préface d’Olivier Carré
Avant-propos de Sadek Sellam
Prologue
Préface d’Olivier Carré
Avant-propos de Sadek Sellam
Prologue
T. Shaoui est connu depuis longtemps des lecteurs arabophones pour ses nombreux ouvrages de droit spécialisé et de culture musulmane, sans parler de ses articles parus dans la presse arabe. La publication de ses mémoires l’a fait connaître au-delà du cercle des lecteurs musulmans engagés pour le signaler à l’attention des historiens de l’Islam Contemporain.
Ses récits restituent avec fidélité et simplicité l’état d’esprit qui a prévalu dans les milieux nationalistes maghrébins après la deuxième guerre mondiale. Ils montrent les contacts qui ont permis une solidarité agissante des organisations islamiques orientales avec les formations anti-colonialistes du Maghreb qui avaient intégré l’Orient dans leur stratégie d’émancipation.
Le mémorialiste explique comment les succès de la lutte anti-colonialiste n’ont pas empêché les ferments de la division d’entamer l’unité des partis qui l’avaient menée. Les choix de « l’Islam jacobin », les différences de degré dans l’adhésion à la modernité et les enjeux de pouvoir ont conduit à de véritables scissions chez ceux qui avaient obtenu l’indépendance dans l’unité d’action. T. Shaoui, qui avait contribué à atténuer les tensions reconnaît avec humilité les insuffisances des tentatives de conciliation face à l’ampleur de ces conflits post-coloniaux.
La plupart de ces questions demeurent insuffisamment étudiées. Les souvenirs de T. Shaoui contribuent à combler certaines lacunes des études historiques de l’Islam contemporain. Outre leur apport sur le plan informatif, les révélations du mémorialiste peuvent avoir un effet d’incitation pour les historiens soucieux de remédier aux inconvénients de « l’histoire trouée ».
Sadek Sellam a voulu montrer comment les réflexions et les informations contenues dans ces mémoires peuvent être insérées dans une étude du rôle de l’Islam dans la décolonisation que rendent aussi précise que possible l’accès aux différentes archives et les témoignages d’autres acteurs restés trop longtemps silencieux. Il souligne l’intérêt de ces récits pour l’histoire et la mémoire des musulmans en France. La réaction d’un des premiers lecteurs de ces mémoires est publiée ici pour marquer leur intérêt.
Le Coran souligne la valeur du « rappel pour quiconque est doué de cœur et tend l’ouïe pour être un témoin ».
La méditation des récits où le Djihad accompagnait l’anti-colonialisme peut inciter à l’Ijtihad les musulmans en France qui cultivent ces qualités coraniques.
Dans sa préface, Olivier Carré souligne l’importance de cette chronique et la compare à celles qui lui permirent la rédaction de son livre de référence sur les Frères Musulmans. Sa connaissance précise de toutes les évolutions de ce mouvement, dont il a contribué à faire connaître les doctrines et les répressions subies, l’autorisait à interpeller les islamistes actuels sur l’abandon des projets d’économie sociale au profit des banques « islamiques » à vocation capitaliste, sur le statut de la femme et sur le sens exact à donner au Djihad notamment. Ses interprétations ne manqueront pas de heurter les porte-parole de l’Islam officiel et la plupart des militants et penseurs islamistes. Si son interpellation suscite un débat qui puisse ailler au-delà des mondanités de l’irénisme inter- religieux, elle apportera une justification supplémentaire à la publication de ces souvenirs. Car la multiplication des échanges dignes de la Mounadhara de l’Islam médiéval reste le meilleur moyen de refuser la fatalité du « choc des civilisations ».
A Suivre...
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