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L'Allemagne suscite l'admiration des Français

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  • L'Allemagne suscite l'admiration des Français

    DÉCRYPTAGE - De leurs entreprises automobiles à leurs peintres contemporains, nous portons aux nues tout ce qui vient d'outre-Rhin. Une mode pathétique.


    Pour vanter ses voitures auprès des consommateurs français, Renault n'a rien trouvé de mieux que de leur dire tout le bien qu'on en pense outre-Rhin: «Les Allemands n'avaient jamais porté si haut les couleurs du groupe Renault», clame une publicité pleine page insérée tout récemment dans plusieurs grands quotidiens. Et sur un immense drapeau germanique, où le jaune a été remplacé par l'orange de Renault, est cité le témoignage de trois revues spécialisées attribuant d'excellentes notes aux produits de la firme au losange.

    Dans un tout autre registre, notre confrère Le Monde vient de publier une grande enquête de son spécialiste des arts plastiques intitulée «L'art allemand est supérieur» (sic). Traitant de trois expositions qui se tiennent cet automne à Paris (Baselitz, Lüpertz et Richter), le journaliste et universitaire Philippe Dagen met en avant la qualité de leur formation, le dynamisme de leurs collectionneurs et la régionalisation de leurs centres artistiques, gage de concurrence. Après nous avoir abreuvé trois siècles durant de leur sublime musique, vont-ils nous damer le pion là aussi?

    L'admiration de l'Allemagne est devenue sport national sur la rive gauche du Rhin. «Il faudra aller vers un temps de travail commun, il faudra aller vers un âge de la retraite commun, il faudra aller vers une convergence de l'organisation économique et sociale de nos deux pays», préconisait le mois dernier François Fillon, dans un discours à Matignon. Le premier ministre remettait «le prix de l'audace créatrice»! On subodore le sens du rapprochement, compte tenu des performances respectives, 150 milliards d'euros d'excédent commercial chez eux, 75 milliards de déficit chez nous, 6,9 % de chômage là-bas, 9,2 % ici. Et puis ce chiffre terrible, qui résume et explique à lui seul les précédents : entre Munich et Hambourg, on continue de fabriquer 5,3 millions de voitures, sans changement ces dernières années, alors que la production automobile française est tombée de 3,2 à 2 millions en cinq ans.

    Notre guide serait plutôt «la peur du gendarme»


    De leur côté, les industriels germaniques jouent à plein des louanges qu'on leur tresse. En témoigne la dernière publicité d'Opel France à la radio: sur fond d'un discours tonitruant dans la langue de Goethe, on entend ce commentaire en voix off: «Pas besoin de comprendre l'allemand pour savoir qu'Opel c'est la qualité allemande.»


    Le narcissisme auquel les Allemands, comme tous les peuples, sont tentés de succomber remonte loin. Il suffit de se rappeler la formule célèbre de Richard Wagner: «Être allemand veut dire faire une chose pour elle-même.» Le goût du travail bien fait. Le compositeur de Bayreuth, vénéré par les milieux intellectuels français de la seconde moitié du XIXe siècle malgré la défaite de 1870, s'exprimait au moment où l'industrialisation prenait partout son essor en Europe. Wagner voulait ainsi stigmatiser l'esprit mercantile du capitalisme anglo-saxon. L'industriel germanique, encore proche des artisans décrits dans son opéra Les Maîtrbaes Chanteurs, ne se soucie au contraire que de la qualité de ses produits. La compétition des capitalismes nationaux faisait rage. Au point que Londres avait rendu obligatoire en 1887 d'inscrire la marque «made in Germany» sur les produits en provenance de Berlin. C'était une façon de dissuader les consommateurs britanniques de les acheter. En vain, car ces derniers avaient vite perçu le sigle comme synonyme d'excellence.

    Réformes «imposées» de Bruxelles

    Nos débats actuels sur le tropisme industriel des uns et le capitalisme financier des autres n'ont donc rien de nouveau. Il est tentant bien sûr d'attribuer les spécificités nationales à des racines culturelles. Le philosophe et sociologue Theodor Adorno, peu suspect de complaisance vis-à-vis de son pays qui l'avait poussé à l'exil, invoquait «les grandes idées allemandes qui célèbrent avec exaltation l'autonomie, la pureté des choses que l'on ne fait que pour elles-mêmes».


    Les Français paraissent d'autant plus admiratifs que de tels principes leur sont totalement étrangers. Notre guide serait plutôt «la peur du gendarme» que la recherche d'autonomie. Nos automobilistes se soucient moins de sécurité routière que du contrôle des radars. Nos gouvernements se préoccupent de réduire les déficits budgétaires pour satisfaire les agences de notation et les «critères de Maastricht». Les réformes nous seraient «imposées» de Bruxelles, explique-t-on depuis des lustres. L'euro a été vendu à l'opinion publique comme un «bouclier» et non pas comme un instrument d'indépendance, etc.

    Les publicitaires de Renault s'inscrivent dans un courant idéologique très puissant en France quand ils se réfèrent aux normes d'outre-Rhin. Que l'Allemagne constitue une référence -dans les cabinets ministériels parisiens, on parle de «benchmark»-, c'est une évidence, vu sa taille et ses résultats. Qu'il faille s'inspirer des réussites des autres va également de soi. Mais peut-on calquer notre fiscalité sur l'Allemagne sans adapter le niveau des dépenses publiques (supérieures de 10 % de PIB chez nous)? Faute de principes directeurs, nous nous contentons d'empiler les remèdes sans discernement. «Contre le chômage, on a tout essayé !», prétendait avec pathos François Mitterrand. On se demande si Wagner n'avait pas un peu raison quand il traitait les Français de «peuple de singes» (1864).

    figaro

  • #2
    Ils sont marrant ces journalistes.

    Ils ont compris que leurs propagandes ont fait pschitt.

    Mais aussi ils sont désemparés et se sentent tellement démunis et surtout incapables depuis qu'ils ont compris que les champions politiques qu'ils ont soutenus depuis des lustres n'arrivent pas à réaliser leurs vœux de jours très luxueux comme ils en ont rêvés.

    Ils sentent la terre bouger sous leurs pieds .... parce que le peuple leur promet simplement la dignité ! Alors qu'eux rêvent du luxe dans l'éternel corruption et avilissement !
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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