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La peine de mort sera abolie en Algérie?

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  • La peine de mort sera abolie en Algérie?

    Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme, invité hier matin de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale, a annoncé que l’Algérie est en voie d’abolir la peine de mort.

    Il y aurait un projet de texte dans ce sens. En prenant cette mesure, ajoute Farouk Ksentini, l’Algérie se mettra en conformité non seulement avec les Conventions internationales auxquelles elle a adhéré mais aussi avec sa pratique même, puisque depuis 1993, aucune peine de mort n’a été mise à exécution. Mieux, il a rappelé que le président de la république a, à deux occasions, en 2001 et 2002, gracié collectivement 200 condamnés à mort. On le voit, dans les faits, la peine de mort qui existe, dans les textes, n’est pas appliquée et sa suppression n’est donc plus qu’une question de procédures. En supprimant cette peine insupportable et d’un autre âge, comme l’a qualifiée Farouk Ksentini, il n’y aura plus d’obstacles à la signature par l’Algérie de conventions d’extradition avec les pays qui craignent que les personnes extradées ne soient condamnées à mort chez eux.
    En réponse aux questions de Souhila El-Hachemi, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme, est revenu sur l’affaire des Algériens détenus à Guantanamo, «une affaire entreprise, dès le départ, en toute illégalité internationale», a-t-il souligné. Les autorités américaines ont revu à la hausse le nombre de prisonniers qui est maintenant de 759 au lieu de 558 comme donné en avril dernier. Cela suppose-t-il que le nombre des Algériens concernés qui était de 25 soit, lui aussi, plus élevé ? «Cela ne m’étonnerait pas», répond Farouk Ksentini qui rappelle qu’au départ, ce nombre était de 16 pour arriver ensuite à 25. «Il est probable, dit-il, que ce chiffre soit déclaré plus important, d’ici peu». A propos des contacts avec les autorités américaines pour s’enquérir du sort des détenus algériens, Farouk Ksentini a affirmé, de nouveau, «le principe que l’Algérie s’intéresse au sort de ses ressortissants à l’étranger surtout lorsque ceux-ci sont en difficulté, comme en l’occurrence». Seulement, précise-t-il encore, dans cette affaire tout s’est fait et tout continue à se faire en toute illégalité. L’Algérie, comme d’autres Etats concernés, est mise devant le fait accompli par les autorités américaines qui - «pour des raisons que je n’arrive toujours pas à comprendre», souligne Farouk Ksentini – ont décidé de s’emparer de plus de 700 personnes, les regrouper dans un centre à Guantanamo et, depuis des années jusqu’en ce moment, ne pas les juger. «On ne sait pas ce qui leur est reproché et on ne sait pas quel va être leur sort», s’inquiète Farouk Ksentini. Cette inquiétude, fait-il remarquer, est partagée par l’opinion internationale qui s’est émue de la situation faite aux détenus de Guantanamo. Il estime qu’il faut continuer à faire pression sur les Etats-Unis pour que ces personnes soient déférées devant un juge afin qu’elles puissent s’expliquer et assurer leur défense puis jugées et libérées, éventuellement, ou condamnées.
    Farouk Ksentini trouve évident d’envisager le retour de nos compatriotes détenus d’autant plus, signale-t-il, qu’en Algérie, ils ne se sont rendu coupables de rien. Donc, pour lui, non seulement ils doivent retourner en Algérie mais y trouver immédiatement la liberté dont ils ont été privés durant de longues années. Il se dit persuadé, sans avoir une connaissance précise sur cet aspect, que tout ce qui devait être fait dans ce sens, a été fait par le ministère des Affaires étrangères - «dans l’efficacité et la discrétion», comme c’est l’habitude, dans nos institutions, tient-il à préciser – en vue d’améliorer le sort des détenus algériens et de les faire rapatrier le plus vite possible.
    A la suite de plaintes de familles de détenus auprès de l’institution que préside Farouk Ksentini, celle-ci a averti Humain Right Watch et lui a demandé d’intervenir pour que nos compatriotes soient libérés le plus vite possible, mais son intervention a été inefficace. Maintenant les choses ont changé, constate Farouk Ksentini puisque les autorités américaines ont décidé de libérer les «libérables».
    Concernant les conditions de détention pour le moins «anormales», Farouk Ksentini reconnaît n’avoir aucune preuve que des tortures aient été exercées sur les détenus dans du fait de l’opacité totale qui entoure le centre sur l’enclave américaine de Guantanamo à Cuba.
    Enfin, interrogé sur la question des droits de l’homme en Algérie, Farouk Ksentini pense qu’il reste encore beaucoup à faire. En la matière, dit-il, il n’y a jamais rien de définitivement acquis, «c’est un combat et une vigilance quotidienne». D’une manière générale, tient-il à souligner, en dehors des textes, «les droits de l’homme sont une culture difficile à répandre». Compte tenu du déficit dans ce domaine, accumulé depuis plus d’un siècle et demi, l’Algérie a des retards qu’il faut combler. «Il est évident que nous ne sommes pas au standard voulu», admet Farouk Ksentini. Il reste, toutefois, optimiste : «Nous sommes dans la bonne direction, l’Algérie est un pays émergent en matière de droits de l’homme, il faut qu’elle devienne un véritable Etat de droit dans toute l’acception du terme et il y a, dans ce pays, des femmes et des hommes capables de nous y conduire.»

    - La nouvelle republique
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