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Tunisie, Libye : Alger s'inquiète d'une montée de l'islamisme

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  • Tunisie, Libye : Alger s'inquiète d'une montée de l'islamisme

    Publié le 15-10-11 à 17:17 par Le Nouvel Observateur

    La diffusion du film Persépolis en Tunisie, dont une scène représente Dieu, a provoqué des manifestations à Tunis. En Algérie, on se souvient de 1989 et de la guerre civile. De notre envoyé spécial, Farid Aichoun.


    Comment la diffusion d'un film peut faire ressortir le spectre islamiste ?

    - Ce film n'aurait pas pu être diffusé dans un autre pays de la région. On a cru pendant des années que l'islamisme avait disparu de Tunisie, mais il était juste étouffé par la dictature. Or, les mouvements salafistes sont une lame de fond qui va de l'Indonésie au Maroc.

    Bien que le parti tunisien Ennahda, qui a condamné les manifestations, souhaite être l'équivalent de l'AKP au pouvoir en Turquie qui allie laïcité et islam, des mouvements extrémistes ont réussi à galvaniser des dizaines de milliers de personnes, qui n'attendaient qu'un prétexte pour s'exprimer. Si on peut estimer qu'il y a au maximum 3.000 salafistes, tous courants confondus en Tunisie, leur poids et leur capacité à rassembler fait peur. Il est également important de noter que de nombreuses femmes ont participé aux manifestations.

    La presse algérienne fait les gros titres de cet événement qui se limite à la Tunisie. Pourquoi une telle inquiétude ?


    - L'Algérie est très inquiète de la montée des islamistes en Libye. Elle craint une "afghanisation" du conflit. Si la guerre ne finit pas, il y a un risque que la région soit complètement déstabilisée, jusqu'au Maroc. Et la Tunisie est le maillon faible. L'Algérie finance le parti au pouvoir, afin de sécuriser au maximum le pays. Mais comme me l'a confié le ministre de la Communication, l'inquiétude vient de l'instrumentalisation des Tunisiens par les islamistes libyens. Un des problèmes est que les frontières ont été dessinées de manière totalement arbitraire. Si bien que les mêmes tribus vivent dans les deux pays. Si l'une s'enflamme, la ligne administrative n'arrêtera pas la contagion. Or, le spectre de 1989 hante toujours les esprits algériens. L'arrivée du multipartisme et la montée des islamistes avait entraîné une guerre civile qui a fait 150.000 morts et des milliers de disparus dans les deux camps.

    Les islamistes sont-ils toujours très présent en Algérie ?

    - L'islam fait partie de la culture maghrébine. Les islamistes ne s'affichent dans les quartiers populaires. Toutefois, à Alger, le nombre de "barbus" a diminué. Ce qui est le plus marquant est la réappropriation de la culture algérienne. Les gens portent de nouveau les vêtements traditionnels - Djellaba ou Jebba tunisienne. La mode des tenues venues des pays du Golfe, qui financent les salafistes à coup de pétrodollars, recule.

    La jeunesse d'Alger découvre ces tensions et les souvenirs encore brûlants de la guerre civile. Mais on note un dégoût pour la politique et les islamistes. Les jeunes commencent enfin à revivre dans Alger, même s'il reste un terrorisme résiduel. Bref, ces grandes manifestations du voisin tunisien effraient aussi bien les dirigeants que les hommes de la rue. Le spectre de 1989 est toujours bien présent.

    Farid Aïchoun - Le Nouvel Observateur
    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT
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