Je suivais un autobus scolaire. C'était sur la toute si petite route qui longe la rivière Châteauguay, entre Ormnstown et Châteauguay...
J'arrivais de chez un collègue de travail qui habite à Saint-Antoine-Abbé. Après avoir fermé les dossiers, on s'était amusé à compter les camions de l'usine d'explosifs qui loge deux kilomètres plus loin, camions qui déboulent si vite devant chez lui qu'ils lui ont déjà tué deux chiens... J'arrivais de la 138 qui prolonge le pont Mercier jusqu'à l'état de New York en traversant Kahnawake, Châteauguay, Mercier, Sainte-Martine, ce coin-là, vous connaissez ? Banlieues fuckées et campagnes chauves...
Bref, je me sauvais de ces lieux-là, quand je ne sais pourquoi j’ai perdu mon chemin. Je me suis trouvé sur cette toute petite route sinueuse qui zigzague le long de la rivière Châteauguay, bordée de fermes et de belles maisons bourgeoises avec de grands parterres en avant... Je roulais sans savoir où je m’en allais. Même pas une station d’essence pour demander mon chemin. Et puis, ce monsieur devant chez lui qui n’a pas daigné me répondre. Bof de mauvaise humeur peut-être. Anyway… Jusqu’à une épicerie. Quand je suis entré, la fille immensément grosse à la caisse bouffait des chips. À la télé, au-dessus du comptoir, une fille musclée pédalait sur un exerciseur. Elle avait les muscles du fessier comme on les voit, bien distincts, sur les planches d’anatomie dans les dictionnaires médicaux. J’ai machinalement cherché mon carnet pour noter la scène. J’ai demandé mon chemin. Et j’ai acheté aussi des chips au barbecue.
Bon OK., je suis drogué. Bon, OK, je ne peux pas vivre sans écrire que je vis, je vous jure, c'est plus fort que moi. Bon, OK, je ne vais nulle part si je ne pars pas très précisément d’une ligne sur un bout de papier.
J’ai noté la grosse qui bouffait des chips en regardant, à la télé, le cu-l de marbre de l’autre. C’est très précisément de là que je suis parti pour retrouver mon chemin.
Et alors, je suivais un autobus scolaire, je l'ai dit. Gros autobus jaune qui s'arrêtait à chaque maison, pondait son œuf. J’étais furieux, 20 km/heure au maximum, impossible de dépasser la poule jaune avec son stop dans ma face à chaque arrêt. Et voilà donc qu’un œuf sortait, petit garçon, qui partait à courir vers la maison... Et en plein milieu de sa course, lâche le sac d'école pour accueillir les chiens qui font les fous, sautent partout, jappent et roulent à terre avec l'enfant qui rit. Le plus gros des chiens est blanc tacheté, l'autre noir. Le sac d'école dans le parterrre d'un vert foncé est en plastique bleu outremer, mais il y a une façon encore plus jolie de dire ce bleu-là, je ne me souviens pas... Le manteau de l'enfant est rouge, rouge. Et son rire du même bleu que son sac d'école, azur ou quelque chose comme ça, mais mieux que ça...
Voilà. Je voulais vous dire que c'est tous les jours la journée de la terre, la journée des enfants, la journées des chiens et des autobus scolaires. Ce ne sont pas des journées qui durent toute la journée, mais même dans les banlieues les plus fuckées, dans les campagnes les plus chauves, il y a toujours un cinq minutes de toutes les couleurs.
Et des fois on a le grand bonheur d'être là.
Et maitenant, j'ai pris une douche. Après un jogging forcé. J'avais pas le goût, mais je me suis forcé pareil ( pas la douche mon vieux, le jogging ). C'est parceque j'ai pas joggé ce matin, ni hier, ni avant-hier d'ailleurs. Pis, pour tester ma forme, je me suis mis à me parler à moi-même. Quand on peut parler en joggant, c'est qu'on a la bonne cadence. La chose est connue de tous les joggeurs, n'empêche que parler juste pour voir si on a encore du souffle, cela ne fait pas toujours des grandes conversations :
-OK, la gigantechque groche fille qui manche des chips et regarde le fechier chculptée de l'autre à la tété. Ch'est tout un paradokche mon vieux. Entre moi et moi ch'est un contrechenche. Oubedon, la fille... Je manque de souffle. Pas capable de conter ça. Et puis, je vais manger.
Souriez m-erde.
J'arrivais de chez un collègue de travail qui habite à Saint-Antoine-Abbé. Après avoir fermé les dossiers, on s'était amusé à compter les camions de l'usine d'explosifs qui loge deux kilomètres plus loin, camions qui déboulent si vite devant chez lui qu'ils lui ont déjà tué deux chiens... J'arrivais de la 138 qui prolonge le pont Mercier jusqu'à l'état de New York en traversant Kahnawake, Châteauguay, Mercier, Sainte-Martine, ce coin-là, vous connaissez ? Banlieues fuckées et campagnes chauves...
Bref, je me sauvais de ces lieux-là, quand je ne sais pourquoi j’ai perdu mon chemin. Je me suis trouvé sur cette toute petite route sinueuse qui zigzague le long de la rivière Châteauguay, bordée de fermes et de belles maisons bourgeoises avec de grands parterres en avant... Je roulais sans savoir où je m’en allais. Même pas une station d’essence pour demander mon chemin. Et puis, ce monsieur devant chez lui qui n’a pas daigné me répondre. Bof de mauvaise humeur peut-être. Anyway… Jusqu’à une épicerie. Quand je suis entré, la fille immensément grosse à la caisse bouffait des chips. À la télé, au-dessus du comptoir, une fille musclée pédalait sur un exerciseur. Elle avait les muscles du fessier comme on les voit, bien distincts, sur les planches d’anatomie dans les dictionnaires médicaux. J’ai machinalement cherché mon carnet pour noter la scène. J’ai demandé mon chemin. Et j’ai acheté aussi des chips au barbecue.
Bon OK., je suis drogué. Bon, OK, je ne peux pas vivre sans écrire que je vis, je vous jure, c'est plus fort que moi. Bon, OK, je ne vais nulle part si je ne pars pas très précisément d’une ligne sur un bout de papier.
J’ai noté la grosse qui bouffait des chips en regardant, à la télé, le cu-l de marbre de l’autre. C’est très précisément de là que je suis parti pour retrouver mon chemin.
Et alors, je suivais un autobus scolaire, je l'ai dit. Gros autobus jaune qui s'arrêtait à chaque maison, pondait son œuf. J’étais furieux, 20 km/heure au maximum, impossible de dépasser la poule jaune avec son stop dans ma face à chaque arrêt. Et voilà donc qu’un œuf sortait, petit garçon, qui partait à courir vers la maison... Et en plein milieu de sa course, lâche le sac d'école pour accueillir les chiens qui font les fous, sautent partout, jappent et roulent à terre avec l'enfant qui rit. Le plus gros des chiens est blanc tacheté, l'autre noir. Le sac d'école dans le parterrre d'un vert foncé est en plastique bleu outremer, mais il y a une façon encore plus jolie de dire ce bleu-là, je ne me souviens pas... Le manteau de l'enfant est rouge, rouge. Et son rire du même bleu que son sac d'école, azur ou quelque chose comme ça, mais mieux que ça...
Voilà. Je voulais vous dire que c'est tous les jours la journée de la terre, la journée des enfants, la journées des chiens et des autobus scolaires. Ce ne sont pas des journées qui durent toute la journée, mais même dans les banlieues les plus fuckées, dans les campagnes les plus chauves, il y a toujours un cinq minutes de toutes les couleurs.
Et des fois on a le grand bonheur d'être là.
Et maitenant, j'ai pris une douche. Après un jogging forcé. J'avais pas le goût, mais je me suis forcé pareil ( pas la douche mon vieux, le jogging ). C'est parceque j'ai pas joggé ce matin, ni hier, ni avant-hier d'ailleurs. Pis, pour tester ma forme, je me suis mis à me parler à moi-même. Quand on peut parler en joggant, c'est qu'on a la bonne cadence. La chose est connue de tous les joggeurs, n'empêche que parler juste pour voir si on a encore du souffle, cela ne fait pas toujours des grandes conversations :
-OK, la gigantechque groche fille qui manche des chips et regarde le fechier chculptée de l'autre à la tété. Ch'est tout un paradokche mon vieux. Entre moi et moi ch'est un contrechenche. Oubedon, la fille... Je manque de souffle. Pas capable de conter ça. Et puis, je vais manger.
Souriez m-erde.
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