ROBERT BIBEAU - ET - Chérif Abdedaïm (La NR) ( * )
La NR/ « Révoltes » ou « révolutions » arabes, guerre de Libye, enjeux géopolitiques et géostratégiques et la lancinante question palestinienne ont été les sujets débattus avec Robert Bibeau ( * )La Nouvelle République/ Un bref regard sur les cas égyptien et tunisien. En Tunisie et en Égypte, l’armée aux ordres des États-uniens a délogé les deux tyrans bien connus et pris le pouvoir directement, ce que certains continuent d’appeler la plus grande « révolution » de tous les temps. Révolution que vous appelez duperie, d’ailleurs. D’une part, pourquoi, et d’autre part, cela signifierait-il qu’elles ont été télécommandées par les États-Unis ? Si oui, à quels desseins ?
Robert Bibeau : Il faut toujours adopter un point de vue évolutif et dialectique lorsqu’on analyse un événement historique. Par exemple, le soulèvement égyptien, pas plus que le soulèvement tunisien, n’ont été le fait d’agents secrets qui auraient voulu renverser l’ordre établi au sein de ces deux dictatures. Des dictateurs se créent de nombreux ennemis, à commencer par leur propre peuple qu’ils pressurent et martyrisent, et de ce fait, les dictateurs s’entourent de moyens de répression important, ce qui les fait d’autant plus détestés de leurs commettants. Puis un jour, face à autant d’injustice que leur politique dictatoriale engendre, une étincelle jaillit et met le feu à toute la plaine. Le processus de soulèvement populaire est toujours aussi mystérieux et imprévisible. Il a eu lieu, ce processus, dans les deux cas qui nous préoccupent. Mais, dès que ce soulèvement a lieu, vous avez aussitôt des milliers, sinon des millions de gens qui embarquent dans le train de la Révolte qui n’est pas encore une Révolution. Rassembler des millions de révoltés pacifiques qui crient à tue-tête sur des centaines de places publiques entre Tunis et Le Caire ne crée pas un mouvement révolutionnaire. Surtout si parmi ces insurgés, ce qui est inévitable, se dissimule des milliers d’agents secrets et de mercenaires à la solde du pouvoir en place. On ne peut parler de soulèvement révolutionnaire que si les insurgés remettent en question le pouvoir d’État et tentent de s’emparer de tout le pouvoir d’État pour fonder un nouvel ordre social. Si les insurgés demandent que le dictateur soit limogé et qu’on leur offre qu’une junte militaire qui les oppriment prennent les rênes du pouvoir et dirigent la nation comme du temps de Moubarak, mais sans Moubarak, alors vous avez changé votre bonnet blanc pour un blanc bonnet, ce n’est pas une révolution.
Robert Bibeau : C’est au cours du mouvement populaire lui-même que Mme Hillary Clinton, secrétaire d’État des États-Unis, ayant bien pris soin de vérifier auprès de ses ambassades au Caire et à Tunis que la situation avait été reprise en main par les armées égyptienne et tunisienne, a soudainement proclamé que le « Printemps arabe » visait à obtenir des élections dites « démocratiques », entendez par là des élections organisées par les riches et les potentats locaux pour faire élire avec beaucoup de moyens financiers un représentant de la classe dominante. Bref, la révolte arabe se résumait, selon elle, à une lutte pour l’obtention d’un coupon de vote avec la mise en concurrence de centaines de partis marginaux, dont aucun n’a de chances de l’emporter, mais qui auront l’immense privilège de pouvoir s’afficher et placarder dans les rues pendant la mascarade électorale. Un ou deux de leurs leaders se retrouveront députés grassement payés. Seul, le candidat des riches avec ses moyens énormes et le soutien des médias bourgeois aura une chance de l’emporter dans ce type d’élections bien connu aux États-Unis, où il y a des élections quasi permanentes et une misère totalement permanente.
Jamais le jeune qui s’est immolé en Tunisie, jamais les manifestants enragés au Caire ou à Alexandrie n’avaient lancé ce slogan pour des élections, sauf quelques partis petits bourgeois dont c’est la spécialité, se vendre à la grande bourgeoisie nationale pour servir de courroie électorale de transmission entre le pouvoir pseudo démocratique et le peuple floué encore une fois. Les révoltés réclamaient des emplois, une baisse des prix des denrées de base, de l’eau, des services sanitaires et éducatifs, des logements, la fin du couvre-feu , de l’état d’urgence et des lois spéciales de répression, l’abaissement des taxes et de la vie chère, un meilleur pouvoir d’achat. Qu’ont-ils obtenu après avoir démantelé leurs barricades place Tahrir ? Rien, absolument aucune de leurs revendications n’a été satisfaite, mais les médias bourgeois à la solde ont répandu la rumeurs que la « Révolution » était victorieuse et que l’Égypte après Moubarak et la Tunisie après Ben Ali ne seraient plus jamais pareilles, qu’ils deviendraient des pays de bonheur où couleraient pour toujours le lait et le miel avec le droit « démocratique » de choisir son dictateur.
Rien n’avait été accompli pour le peuple tunisien et pour le peuple égyptien, rien des demandes et des exigences du peuple, des insoumis, des insurgés floués par les médias bourgeois, la presse internationale, Hillary Clinton et toute la coterie des petits bourgeois occidentaux qui, ces temps-ci, invitent toutes sortes de soi-disant représentants des révoltés venir chanter les louanges de la « révolution » arabe qui n’a rien donné. Les puissances impérialistes occidentales n’ont pas organisé les révoltes de Tunisie ou d’Égypte, mais elles les ont récupérées, et pour ce faire, elles ont laissé tomber leurs thuriféraires Ben Ali et Moubarak. Mais attention, la révolte arabe n’est pas terminée dans ces deux pays, et actuellement, le soulèvement se poursuit, les jeunes ont attaqués l’ambassade israélienne au Caire. En ce moment, les jeunes, les vrais révoltés pas les Twitters et les Internautes à papa, se font tuer et arrêter, bastonner et emprisonner en Égypte et en Tunisie pour défendre leurs vraies revendications et personne n’en parle à la télévision occidentale. Pourquoi ?
La NR/ Passons à la Libye, si vous le permettez. Dans l’un de vos articles, vous disiez que Kadhafi était un « collaborateur compradore des puissances impérialistes venus piller les ressources et le peuple de Libye. Une mésentente survint entre lui et les maîtres du pillage, et entre les pilleurs eux-mêmes (l’Italie en déclin dans son ancienne colonie et la France avide d’étendre sa zone d’influence et de spoliation en Afrique du Nord) ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette mésentente et pourquoi ? Robert Bibeau : D’abord, disons que le soi-disant « soulèvement populaire » en Libye n’a rien d’un soulèvement populaire. Depuis quand un soulèvement spontané et populaire d’une population civile ordinaire aligne-t-il des canons anti-blindés et des armes anti-aériennes dès les premières secondes de combat ? Vous avez un canon mitrailleur vous dans votre garage ? En Libye, ce sont les tribus de Cyrénaïque que des forces étrangères ont motivées à se soulever, qu’elles ont armées, infiltrées et soutenues par des mercenaires professionnels payés par les services secrets français notamment, puis par des Jihadistes extradés d’Afghanistan et du Soudan qui ont lancé le mouvement insurrectionnel, auquel se sont joints des bandits de grand chemin, des bandes criminelles et probablement des gens ordinaires emportés par le mouvement. En Libye, c’est clairement une intervention étrangère dirigée par la France qui au début croyait qu’elle viendrait à bout du gouvernement Kadhafi très rapidement (trois jours, disait Sarkozy) avec l’aide des mercenaires, des bandits, des jihadistes et des transfuges de l’armée nationale libyenne.
Depuis que la France a perdu le contrôle du « département d’outre-mer » algérien - rappelez-vous que c’est ainsi que les impérialistes français identifiaient la terre arabe et berbère d’Algérie - ce pays n’a plus de source « nationale » de pétrole. L’Italie, qui a toujours considéré la Libye comme sa néo-colonie, partageait le contrôle de la Libye avec la Grande-Bretagne, puissance de tutelle de l’Égypte et avec les États-Unis. Sarkozy, voyant le piètre état du gouvernement Berlusconi, empêtré dans ses scandales érotiques et une économie en faillite, a jugé le moment favorable pour ravir la tutelle de la Libye à son ami et concurrent. Il a demandé l’aide du Royaume-Uni afin de s’assurer que les mercenaires et autres renégats pourraient infiltrer la Libye en passant par l’Égypte notamment. Sarkozy a poussé l’ignominie jusqu'à exiger, via l’OTAN, que l’Italie, qu’il s’apprêtait à dépouiller de sa néo-colonie, contribue et participe à l’agression en offrant ses bases navales et aériennes à sa coalition de criminels de guerre à laquelle s’est joint le Canada dès le début des opérations. Sarkozy a rapidement compris que l’Algérie n’était pas favorable à cette agression militaire et qu’elle n’aiderait en rien au coup fourré, c’est pourquoi il l’a menacée et il s’est tourné vers l’Égypte collaboratrice et pas du tout révolutionnaire.
On connaît la suite : la capture de la « faible » Libye ne s’est pas faite du tout selon les plans prévus. La résistance du peuple libyen a été bien supérieure à tout ce que les services secrets français avaient prédit, et Sarkozy a dû se résoudre à appeler l’OTAN et surtout le porte-avion Abraham Lincoln et les avions américains à la rescousse afin de sauver la mise. Le porte-avion qui était en mer d’Oman a dû être rapatrié en vitesse pour prêter main-forte aux attaquants. La suite, c’est que Sarkozy et Cameron sont allés parader en toute hâte, comme des voleurs, dans Tripoli ravagée. La résistance n’est absolument pas vaincue ou éteinte et la France est enferrée dans une rasque (bourbier) dont elle n’est pas près de se dégager. Que Kadhafi ait été un méchant personnage ou un collaborateur récalcitrant des puissances impérialistes n’a rien à voir dans cette agression. Qu’on le veuille ou non, Kadhafi était le dirigeant légal de la Libye, et son remplacement ou sa succession était exclusivement l’affaire interne du peuple libyen. Les comploteurs étrangers manipulant l’ONU et lui faisant renier sa propre charte n’étaient aucunement justifiés d’organiser le bombardement et l’invasion de ce pays souverain.
La NR/ D’après-vous, quels sont les objectifs géopolitiques et géostratégiques de cette guerre néo-coloniale en Libye ?
La NR/ « Révoltes » ou « révolutions » arabes, guerre de Libye, enjeux géopolitiques et géostratégiques et la lancinante question palestinienne ont été les sujets débattus avec Robert Bibeau ( * )La Nouvelle République/ Un bref regard sur les cas égyptien et tunisien. En Tunisie et en Égypte, l’armée aux ordres des États-uniens a délogé les deux tyrans bien connus et pris le pouvoir directement, ce que certains continuent d’appeler la plus grande « révolution » de tous les temps. Révolution que vous appelez duperie, d’ailleurs. D’une part, pourquoi, et d’autre part, cela signifierait-il qu’elles ont été télécommandées par les États-Unis ? Si oui, à quels desseins ?
Robert Bibeau : Il faut toujours adopter un point de vue évolutif et dialectique lorsqu’on analyse un événement historique. Par exemple, le soulèvement égyptien, pas plus que le soulèvement tunisien, n’ont été le fait d’agents secrets qui auraient voulu renverser l’ordre établi au sein de ces deux dictatures. Des dictateurs se créent de nombreux ennemis, à commencer par leur propre peuple qu’ils pressurent et martyrisent, et de ce fait, les dictateurs s’entourent de moyens de répression important, ce qui les fait d’autant plus détestés de leurs commettants. Puis un jour, face à autant d’injustice que leur politique dictatoriale engendre, une étincelle jaillit et met le feu à toute la plaine. Le processus de soulèvement populaire est toujours aussi mystérieux et imprévisible. Il a eu lieu, ce processus, dans les deux cas qui nous préoccupent. Mais, dès que ce soulèvement a lieu, vous avez aussitôt des milliers, sinon des millions de gens qui embarquent dans le train de la Révolte qui n’est pas encore une Révolution. Rassembler des millions de révoltés pacifiques qui crient à tue-tête sur des centaines de places publiques entre Tunis et Le Caire ne crée pas un mouvement révolutionnaire. Surtout si parmi ces insurgés, ce qui est inévitable, se dissimule des milliers d’agents secrets et de mercenaires à la solde du pouvoir en place. On ne peut parler de soulèvement révolutionnaire que si les insurgés remettent en question le pouvoir d’État et tentent de s’emparer de tout le pouvoir d’État pour fonder un nouvel ordre social. Si les insurgés demandent que le dictateur soit limogé et qu’on leur offre qu’une junte militaire qui les oppriment prennent les rênes du pouvoir et dirigent la nation comme du temps de Moubarak, mais sans Moubarak, alors vous avez changé votre bonnet blanc pour un blanc bonnet, ce n’est pas une révolution.
Robert Bibeau : C’est au cours du mouvement populaire lui-même que Mme Hillary Clinton, secrétaire d’État des États-Unis, ayant bien pris soin de vérifier auprès de ses ambassades au Caire et à Tunis que la situation avait été reprise en main par les armées égyptienne et tunisienne, a soudainement proclamé que le « Printemps arabe » visait à obtenir des élections dites « démocratiques », entendez par là des élections organisées par les riches et les potentats locaux pour faire élire avec beaucoup de moyens financiers un représentant de la classe dominante. Bref, la révolte arabe se résumait, selon elle, à une lutte pour l’obtention d’un coupon de vote avec la mise en concurrence de centaines de partis marginaux, dont aucun n’a de chances de l’emporter, mais qui auront l’immense privilège de pouvoir s’afficher et placarder dans les rues pendant la mascarade électorale. Un ou deux de leurs leaders se retrouveront députés grassement payés. Seul, le candidat des riches avec ses moyens énormes et le soutien des médias bourgeois aura une chance de l’emporter dans ce type d’élections bien connu aux États-Unis, où il y a des élections quasi permanentes et une misère totalement permanente.
Jamais le jeune qui s’est immolé en Tunisie, jamais les manifestants enragés au Caire ou à Alexandrie n’avaient lancé ce slogan pour des élections, sauf quelques partis petits bourgeois dont c’est la spécialité, se vendre à la grande bourgeoisie nationale pour servir de courroie électorale de transmission entre le pouvoir pseudo démocratique et le peuple floué encore une fois. Les révoltés réclamaient des emplois, une baisse des prix des denrées de base, de l’eau, des services sanitaires et éducatifs, des logements, la fin du couvre-feu , de l’état d’urgence et des lois spéciales de répression, l’abaissement des taxes et de la vie chère, un meilleur pouvoir d’achat. Qu’ont-ils obtenu après avoir démantelé leurs barricades place Tahrir ? Rien, absolument aucune de leurs revendications n’a été satisfaite, mais les médias bourgeois à la solde ont répandu la rumeurs que la « Révolution » était victorieuse et que l’Égypte après Moubarak et la Tunisie après Ben Ali ne seraient plus jamais pareilles, qu’ils deviendraient des pays de bonheur où couleraient pour toujours le lait et le miel avec le droit « démocratique » de choisir son dictateur.
Rien n’avait été accompli pour le peuple tunisien et pour le peuple égyptien, rien des demandes et des exigences du peuple, des insoumis, des insurgés floués par les médias bourgeois, la presse internationale, Hillary Clinton et toute la coterie des petits bourgeois occidentaux qui, ces temps-ci, invitent toutes sortes de soi-disant représentants des révoltés venir chanter les louanges de la « révolution » arabe qui n’a rien donné. Les puissances impérialistes occidentales n’ont pas organisé les révoltes de Tunisie ou d’Égypte, mais elles les ont récupérées, et pour ce faire, elles ont laissé tomber leurs thuriféraires Ben Ali et Moubarak. Mais attention, la révolte arabe n’est pas terminée dans ces deux pays, et actuellement, le soulèvement se poursuit, les jeunes ont attaqués l’ambassade israélienne au Caire. En ce moment, les jeunes, les vrais révoltés pas les Twitters et les Internautes à papa, se font tuer et arrêter, bastonner et emprisonner en Égypte et en Tunisie pour défendre leurs vraies revendications et personne n’en parle à la télévision occidentale. Pourquoi ?
La NR/ Passons à la Libye, si vous le permettez. Dans l’un de vos articles, vous disiez que Kadhafi était un « collaborateur compradore des puissances impérialistes venus piller les ressources et le peuple de Libye. Une mésentente survint entre lui et les maîtres du pillage, et entre les pilleurs eux-mêmes (l’Italie en déclin dans son ancienne colonie et la France avide d’étendre sa zone d’influence et de spoliation en Afrique du Nord) ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette mésentente et pourquoi ? Robert Bibeau : D’abord, disons que le soi-disant « soulèvement populaire » en Libye n’a rien d’un soulèvement populaire. Depuis quand un soulèvement spontané et populaire d’une population civile ordinaire aligne-t-il des canons anti-blindés et des armes anti-aériennes dès les premières secondes de combat ? Vous avez un canon mitrailleur vous dans votre garage ? En Libye, ce sont les tribus de Cyrénaïque que des forces étrangères ont motivées à se soulever, qu’elles ont armées, infiltrées et soutenues par des mercenaires professionnels payés par les services secrets français notamment, puis par des Jihadistes extradés d’Afghanistan et du Soudan qui ont lancé le mouvement insurrectionnel, auquel se sont joints des bandits de grand chemin, des bandes criminelles et probablement des gens ordinaires emportés par le mouvement. En Libye, c’est clairement une intervention étrangère dirigée par la France qui au début croyait qu’elle viendrait à bout du gouvernement Kadhafi très rapidement (trois jours, disait Sarkozy) avec l’aide des mercenaires, des bandits, des jihadistes et des transfuges de l’armée nationale libyenne.
Depuis que la France a perdu le contrôle du « département d’outre-mer » algérien - rappelez-vous que c’est ainsi que les impérialistes français identifiaient la terre arabe et berbère d’Algérie - ce pays n’a plus de source « nationale » de pétrole. L’Italie, qui a toujours considéré la Libye comme sa néo-colonie, partageait le contrôle de la Libye avec la Grande-Bretagne, puissance de tutelle de l’Égypte et avec les États-Unis. Sarkozy, voyant le piètre état du gouvernement Berlusconi, empêtré dans ses scandales érotiques et une économie en faillite, a jugé le moment favorable pour ravir la tutelle de la Libye à son ami et concurrent. Il a demandé l’aide du Royaume-Uni afin de s’assurer que les mercenaires et autres renégats pourraient infiltrer la Libye en passant par l’Égypte notamment. Sarkozy a poussé l’ignominie jusqu'à exiger, via l’OTAN, que l’Italie, qu’il s’apprêtait à dépouiller de sa néo-colonie, contribue et participe à l’agression en offrant ses bases navales et aériennes à sa coalition de criminels de guerre à laquelle s’est joint le Canada dès le début des opérations. Sarkozy a rapidement compris que l’Algérie n’était pas favorable à cette agression militaire et qu’elle n’aiderait en rien au coup fourré, c’est pourquoi il l’a menacée et il s’est tourné vers l’Égypte collaboratrice et pas du tout révolutionnaire.
On connaît la suite : la capture de la « faible » Libye ne s’est pas faite du tout selon les plans prévus. La résistance du peuple libyen a été bien supérieure à tout ce que les services secrets français avaient prédit, et Sarkozy a dû se résoudre à appeler l’OTAN et surtout le porte-avion Abraham Lincoln et les avions américains à la rescousse afin de sauver la mise. Le porte-avion qui était en mer d’Oman a dû être rapatrié en vitesse pour prêter main-forte aux attaquants. La suite, c’est que Sarkozy et Cameron sont allés parader en toute hâte, comme des voleurs, dans Tripoli ravagée. La résistance n’est absolument pas vaincue ou éteinte et la France est enferrée dans une rasque (bourbier) dont elle n’est pas près de se dégager. Que Kadhafi ait été un méchant personnage ou un collaborateur récalcitrant des puissances impérialistes n’a rien à voir dans cette agression. Qu’on le veuille ou non, Kadhafi était le dirigeant légal de la Libye, et son remplacement ou sa succession était exclusivement l’affaire interne du peuple libyen. Les comploteurs étrangers manipulant l’ONU et lui faisant renier sa propre charte n’étaient aucunement justifiés d’organiser le bombardement et l’invasion de ce pays souverain.
La NR/ D’après-vous, quels sont les objectifs géopolitiques et géostratégiques de cette guerre néo-coloniale en Libye ?
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