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La Tunisie laïque se heurte au retour des islamistes

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  • La Tunisie laïque se heurte au retour des islamistes

    par Tarek Amara

    TUNIS (Reuters) - "On a payé un lourd tribut à la révolution et on refuse de laisser les laïcs et les sionistes contrôler notre destin." Pour Oualid, la révolution tunisienne est l'occasion de transformer l'un des pays les plus laïques du monde arabe en Etat islamique.

    Les salafistes comme Oualid sont la hantise des élites laïques de la Tunisie, qui craint de les voir triompher lors des premières élections post-Ben Ali dimanche.

    Ce jeune homme, portant barbe et longue robe blanche, demande "le respect de notre religion et l'application de la loi islamique dans notre pays".

    "Nous voulons des écoles islamiques dans tout le pays (...) Nous ne voulons pas que nos femmes soient empêchées de porter le hidjab et le niqab. Nous voulons que notre pays soit un Etat islamique qui interdise les choses taboues, comme le vin", poursuit ce salafiste rencontré à Tunis, dans le quartier d'Omrane.

    Comme en Libye ou en Egypte, les renversements des régimes autocratiques ont renforcé l'influence des mouvements islamistes, auparavant réprimés.

    Le parti islamiste Ennahda, interdit sous le régime de Zine ben Ali, est donné favori des élections à l'Assemblée constituante.

    Même si Ennahda se dit modéré, une telle résurgence de l'islam politique serait un changement majeur pour la Tunisie aux racines profondément laïques.

    Le premier président de l'indépendance, Habib Bourguiba, voyait dans le voile islamique un "odieux chiffon". Ben Ali a emprisonné des centaines d'Islamistes.

    La Tunisie actuelle affiche sa relation décomplexée avec l'islam. On peut acheter de l'alcool dans les bars et certains magasins, toutes les femmes ne couvrent pas leur tête, les touristes bronzent en bikini sur les plages et la communauté juive vit sans crainte.

    MODÈLE TURC

    La plupart des Tunisiens suivent les grands préceptes du Coran sans pratiquer un islam radical. Ils s'enorgueillissent de leurs traditions libérales et modernes.

    Les partisans de l'"Etat civil", comme les Tunisiens qualifient leur modèle laïque, ne sont pas convaincus par les assurances données par Rachid Ghannouchi, le chef de file d'Ennahda, qui assure qu'il n'imposera pas les valeurs islamiques à la société.

    Aux manifestations violentes d'islamistes la semaine dernière, les défenseurs de la laïcité ont répondu par un défilé dimanche dans le centre-ville de Tunis.

    "Si les islamistes gagnent les élections, ce sera une catastrophe", dit Saouad Laiouni, diplômé en science politique rencontré dans un café d'Al Manar, près du centre-ville.

    "Ils vont arrêter les festivals et fermer les hôtels", s'inquiète Laiouni.

    La crainte d'une radicalisation de part et d'autre est réelle mais une grande partie de l'opinion tunisienne s'oppose aux salafistes. Ces derniers se font entendre mais ils ne seraient que quelques dizaines de milliers dans le pays.

    L'islam plus modéré d'Ennahda est bien plus populaire et le parti a affiché sa différence avec les salafistes en condamnant les manifestations de la semaine passée.

    La Turquie lui sert d'exemple. Depuis la révolution, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, et son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, sont venus assurer à la Tunisie que l'islam était soluble dans la démocratie.

    Le modèle turc plait aux Tunisiens, qui veulent pouvoir exprimer leur foi librement tout en maintenant leur pays dans la modernité.

    "Aujourd'hui, on peut pratiquer notre religion sans crainte. Mais ça ne m'empêche pas de continuer à vivre comme avant, sans peur ni honte", témoigne Houda, employée d'un centre d'appels tunisois qui a commencé à porter le hidjab après la révolution.

    "La nouvelle Tunisie doit être ouverte à tous, sans exception pour quelque raison que ce soit."

    Clément Guillou pour le service français
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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