Une vidéo de l'agence Reuters prise dans une manifestation parisienne, qui circule sur le Net, pose de nombreuses question sur l'attitude des policiers en civil dans les manifestations. Si aucune preuve n'accuse ces policiers de "casser" eux-mêmes, leur complaisance devant les casseurs attise le débat.
A coups précis, il fracasse la vitrine. Samedi 16 octobre, aux environs de 19 heures sur le boulevard Diderot à Paris, un "casseur", visage masqué, s'en prend méthodiquement à la devanture d'une agence bancaire, poteau en métal à la main. Il est sorti d'un groupe de manifestants masqués pour la plupart, munis de fumigènes, partis de la place de la Nation à la fin de la manifestation officielle contre la réforme des retraites. Comme le raconte en détail Rue89, certains d'entre eux cassent des abribus et quelques vitrines, suivis de près par des policiers.
Devant la banque, un passant tente d'arrêter l'homme qui casse la vitrine, mais se fait frapper dans le dos par un autre homme masqué, qui saute en l'air et lui donne un coup de pied, avant d'éloigner journalistes et manifestants, une matraque à la main. Les images, spectaculaires, ont été mises en ligne sur Youtube par un compte anonyme ("parisactu"), créé pour l'occasion. Une première vidéo, sans le son, a été postée dès le 16 au soir. Une seconde, avec le son, et enrichie d'un ralenti pour revoir la scène plus calmement, a été postée le lendemain.
La voici, la scène démarre à 22 secondes
Après la scène de l'affrontement, assez confuse, la caméra filme la fin du "cortège sauvage", avec des interpellations par des policiers en civil, après que les manifestants ont tenté d'occuper l'opéra Bastille.
La vidéo est rapidement reprise et commentée sur internet. En moins d'une semaine, elle totalise près de 150 000 vues. Et très vite, des soupçons sont formulés, tant dans les forums de Youtube que sur des sites et des blogs : les casseurs filmés par la caméra ne seraient-ils pas des policiers en civil, en pleine action pour dégrader l'image du mouvement ou provoquer les manifestants les plus violents ? Il est vrai que ces images posent de nombreuses questions.
D'abord, comment la vidéo a-t-elle été mise en ligne ? Les images de vendredi soir proviennent bien d'une caméra de Reuters, confirme-t-on à l'agence à Paris. Mais impossible d'en savoir plus : pas de commentaires, ni sur la façon dont elles ont "fuité" sur le net, ni sur leur contenu. En revanche, @si a pu joindre la personne qui les a postées sur Youtube. Elle indique "n'avoir aucun lien avec Reuters" mais précise que les images circulaient dans tous les médias audiovisuels et toutes les agences de presse, via les canaux satellites habituels utilisés par l'agence pour diffuser ses vidéos. D'ailleurs, la séquence a été utilisée le 19 octobre en ouverture d'un sujet de BFM TV sur les casseurs. Et celui qui a posté la vidéo ne souhaitait en effet pas du tout démasquer des policiers en civil, mais "montrer qu'une minorité pouvait perturber le message d'une grande manifestation pacifique..."
"DES FLICS EN CIVIL, ÇA NE FAIT AUCUN DOUTE"
Les réactions hostiles n'ont pas tardé. Dans les commentaires de Youtube, d'abord, où des internautes pointent par exemple "les rangers, le bâton, les gestes militaires pour écarter les gens, les coups au vieux faussement donnés pour impressionner, l'escouade de flic en civil qui intervient immédiatement pour exfiltrer les deux types... Ca ne fait presque aucun doute qu'il s'agit de flics en civil." Et dès le dimanche matin, un très court article posté sur BellaCiao.org, site proche de l'extrême-gauche, s'interroge : "Une personne casse une vitrine de banque. Une autre personne essaye de l’arrêter mais se prend un coup de pied d’un troisième qui tient apparemment une matraque dans la main. Ensuite la personne qui cassait la vitrine est entouré de ce qui est présenté comme un "anarchiste" (mais qui pourrait tout à fait être bien autre chose...) et se fait exfiltrer pendant que les manifestants leurs lancent des objets dessus. Aurions-nous là une preuve flagrante de manipulation , d’infiltration afin de stigmatiser le mouvement social ?" L'article essaime sur le net, par exemple sur La banlieue s'exprime, News of tomorrow, ou encore ici, là ou là. Des blogueurs du Post s'interrogent également, après que la vidéo a été relayée par le Zapping du web du site, lundi 18.
Le scepticisme est aussi largement alimenté par un témoignage, repris de site en site. Il est présenté comme celui de la fille de l'homme aux cheveux blancs qui a tenté d'empêcher le casseur de fracasser la vitrine de la banque. Le témoignage a été posté à l'origine dans les commentaires sous un article de Rue89 qui cite l'altercation devant la banque. Sous la signature "Sophie24Barbes", il met clairement en cause l'attitude des policiers qui encadraient les membres du cortège sauvage : "Comment ont-il pu passer ? Comment les CRS ne les ont ils pas croisé ? Impossible ! Les "casseurs" descendaient la rue le champ libre. Toute la place pour eux. Plus un flic à l'horizon. Ils étaient pourtant loin de se cacher. D'autre "casseurs" on tenter de calmer la situation."
Le témoignage se demande aussi si des policiers n'étaient pas mêlés aux casseurs : après le coup de pied reçu par le père de la jeune femme, "un homme, la cinquantaine, très calme, habillé d'un imperméable gris m'a prise de côté et m'a dit de me calmer : "C'est une erreur". Non les flics n'était pas là, quoique. Qui était cet homme en gris. Pas un anarchiste c'est sûr ! Il avait l'air d'encadrer le groupe. Un flic ?"
Contactée par @si, la jeune femme, Sophie de Quatrebarbes, confirme avoir envoyé le message : "J'ai été très choquée de la façon dont les policiers avaient laissé faire les manifestants violents, alors que la manifestation s'était bien passée, de façon très bon enfant. Les casseurs n'ont pas pu ne pas croiser de policiers, ils descendaient le boulevard Diderot alors que des dizaines de cars de police l'avaient remonté à peine quelques minutes avant !" C'est "encore sous le coup de la colère", environ deux heures plus tard, que la jeune femme a laissé son témoignage sur Rue89 : "Je ne voulais pas que les journalistes n'aient qu'une version de ces incidents. Je suis allé sur Liberation.fr, mais j'ai eu l'impression qu'il fallait être abonné pour laisser un message, alors je suis allé voir Rue89, et j'ai constaté qu'ils parlaient déjà de l'événement. Ca m'a confortée. Je me demande toujours s'il n'y a pas eu manipulation pour avoir des images de violence. J'ai fait circuler le témoignage à mes amis, et je l'ai envoyé à un journaliste de Marianne que je connais."
Bertrand de Quatrebarbes, le père de la jeune femme, qui apparaît dans la vidéo, partage ses doutes. Il raconte à @si : "Nous étions dans un café avec ma femme et ma fille après la manifestation. Quand j'ai entendu du bruit, je suis sorti et vu le cortège qui approchait avec des pétards et des fumigènes. J'ai vu un homme cagoulé commencer à détruire la vitrine. Je croyais qu'il était jeune et je n'ai pas réfléchi, je suis intervenu. Un lycéen ou un étudiant, même avec une barre de fer, ça ne me fait pas peur.
Mais c'était un homme, dans la trentaine, et il a été sidéré de mon intervention." Plusieurs points lui "semblent bizarres" : "Le "ninja" qui m'a frappé dans le dos ne m'a pas fait mal du tout, le coup n'était pas du tout fort. Après, plusieurs personnes se sont mises autour de moi et m'ont donné des coups pas violents du tout, quasiment des faux coups, jusqu'à qu'une voix autoritaire dise "Lâchez-le". C'était l'homme au visage découvert, qui a ensuite parlé à ma femme et ma fille, qui avait la main en sang pour s'être pris une bouteille de bière lancée par un casseur. J'ai eu l'impression que les gens qui m'ont entouré m'ont en fait protégé pendant le moment violent. Mon hypothèse ? C'était des policiers qui avaient des consignes pour laisser faire des dégâts matériels, mais surtout pas de blessés."
A coups précis, il fracasse la vitrine. Samedi 16 octobre, aux environs de 19 heures sur le boulevard Diderot à Paris, un "casseur", visage masqué, s'en prend méthodiquement à la devanture d'une agence bancaire, poteau en métal à la main. Il est sorti d'un groupe de manifestants masqués pour la plupart, munis de fumigènes, partis de la place de la Nation à la fin de la manifestation officielle contre la réforme des retraites. Comme le raconte en détail Rue89, certains d'entre eux cassent des abribus et quelques vitrines, suivis de près par des policiers.
Devant la banque, un passant tente d'arrêter l'homme qui casse la vitrine, mais se fait frapper dans le dos par un autre homme masqué, qui saute en l'air et lui donne un coup de pied, avant d'éloigner journalistes et manifestants, une matraque à la main. Les images, spectaculaires, ont été mises en ligne sur Youtube par un compte anonyme ("parisactu"), créé pour l'occasion. Une première vidéo, sans le son, a été postée dès le 16 au soir. Une seconde, avec le son, et enrichie d'un ralenti pour revoir la scène plus calmement, a été postée le lendemain.
La voici, la scène démarre à 22 secondes
Après la scène de l'affrontement, assez confuse, la caméra filme la fin du "cortège sauvage", avec des interpellations par des policiers en civil, après que les manifestants ont tenté d'occuper l'opéra Bastille.
La vidéo est rapidement reprise et commentée sur internet. En moins d'une semaine, elle totalise près de 150 000 vues. Et très vite, des soupçons sont formulés, tant dans les forums de Youtube que sur des sites et des blogs : les casseurs filmés par la caméra ne seraient-ils pas des policiers en civil, en pleine action pour dégrader l'image du mouvement ou provoquer les manifestants les plus violents ? Il est vrai que ces images posent de nombreuses questions.
D'abord, comment la vidéo a-t-elle été mise en ligne ? Les images de vendredi soir proviennent bien d'une caméra de Reuters, confirme-t-on à l'agence à Paris. Mais impossible d'en savoir plus : pas de commentaires, ni sur la façon dont elles ont "fuité" sur le net, ni sur leur contenu. En revanche, @si a pu joindre la personne qui les a postées sur Youtube. Elle indique "n'avoir aucun lien avec Reuters" mais précise que les images circulaient dans tous les médias audiovisuels et toutes les agences de presse, via les canaux satellites habituels utilisés par l'agence pour diffuser ses vidéos. D'ailleurs, la séquence a été utilisée le 19 octobre en ouverture d'un sujet de BFM TV sur les casseurs. Et celui qui a posté la vidéo ne souhaitait en effet pas du tout démasquer des policiers en civil, mais "montrer qu'une minorité pouvait perturber le message d'une grande manifestation pacifique..."
"DES FLICS EN CIVIL, ÇA NE FAIT AUCUN DOUTE"
Les réactions hostiles n'ont pas tardé. Dans les commentaires de Youtube, d'abord, où des internautes pointent par exemple "les rangers, le bâton, les gestes militaires pour écarter les gens, les coups au vieux faussement donnés pour impressionner, l'escouade de flic en civil qui intervient immédiatement pour exfiltrer les deux types... Ca ne fait presque aucun doute qu'il s'agit de flics en civil." Et dès le dimanche matin, un très court article posté sur BellaCiao.org, site proche de l'extrême-gauche, s'interroge : "Une personne casse une vitrine de banque. Une autre personne essaye de l’arrêter mais se prend un coup de pied d’un troisième qui tient apparemment une matraque dans la main. Ensuite la personne qui cassait la vitrine est entouré de ce qui est présenté comme un "anarchiste" (mais qui pourrait tout à fait être bien autre chose...) et se fait exfiltrer pendant que les manifestants leurs lancent des objets dessus. Aurions-nous là une preuve flagrante de manipulation , d’infiltration afin de stigmatiser le mouvement social ?" L'article essaime sur le net, par exemple sur La banlieue s'exprime, News of tomorrow, ou encore ici, là ou là. Des blogueurs du Post s'interrogent également, après que la vidéo a été relayée par le Zapping du web du site, lundi 18.
Le scepticisme est aussi largement alimenté par un témoignage, repris de site en site. Il est présenté comme celui de la fille de l'homme aux cheveux blancs qui a tenté d'empêcher le casseur de fracasser la vitrine de la banque. Le témoignage a été posté à l'origine dans les commentaires sous un article de Rue89 qui cite l'altercation devant la banque. Sous la signature "Sophie24Barbes", il met clairement en cause l'attitude des policiers qui encadraient les membres du cortège sauvage : "Comment ont-il pu passer ? Comment les CRS ne les ont ils pas croisé ? Impossible ! Les "casseurs" descendaient la rue le champ libre. Toute la place pour eux. Plus un flic à l'horizon. Ils étaient pourtant loin de se cacher. D'autre "casseurs" on tenter de calmer la situation."
Le témoignage se demande aussi si des policiers n'étaient pas mêlés aux casseurs : après le coup de pied reçu par le père de la jeune femme, "un homme, la cinquantaine, très calme, habillé d'un imperméable gris m'a prise de côté et m'a dit de me calmer : "C'est une erreur". Non les flics n'était pas là, quoique. Qui était cet homme en gris. Pas un anarchiste c'est sûr ! Il avait l'air d'encadrer le groupe. Un flic ?"
Contactée par @si, la jeune femme, Sophie de Quatrebarbes, confirme avoir envoyé le message : "J'ai été très choquée de la façon dont les policiers avaient laissé faire les manifestants violents, alors que la manifestation s'était bien passée, de façon très bon enfant. Les casseurs n'ont pas pu ne pas croiser de policiers, ils descendaient le boulevard Diderot alors que des dizaines de cars de police l'avaient remonté à peine quelques minutes avant !" C'est "encore sous le coup de la colère", environ deux heures plus tard, que la jeune femme a laissé son témoignage sur Rue89 : "Je ne voulais pas que les journalistes n'aient qu'une version de ces incidents. Je suis allé sur Liberation.fr, mais j'ai eu l'impression qu'il fallait être abonné pour laisser un message, alors je suis allé voir Rue89, et j'ai constaté qu'ils parlaient déjà de l'événement. Ca m'a confortée. Je me demande toujours s'il n'y a pas eu manipulation pour avoir des images de violence. J'ai fait circuler le témoignage à mes amis, et je l'ai envoyé à un journaliste de Marianne que je connais."
Bertrand de Quatrebarbes, le père de la jeune femme, qui apparaît dans la vidéo, partage ses doutes. Il raconte à @si : "Nous étions dans un café avec ma femme et ma fille après la manifestation. Quand j'ai entendu du bruit, je suis sorti et vu le cortège qui approchait avec des pétards et des fumigènes. J'ai vu un homme cagoulé commencer à détruire la vitrine. Je croyais qu'il était jeune et je n'ai pas réfléchi, je suis intervenu. Un lycéen ou un étudiant, même avec une barre de fer, ça ne me fait pas peur.
Mais c'était un homme, dans la trentaine, et il a été sidéré de mon intervention." Plusieurs points lui "semblent bizarres" : "Le "ninja" qui m'a frappé dans le dos ne m'a pas fait mal du tout, le coup n'était pas du tout fort. Après, plusieurs personnes se sont mises autour de moi et m'ont donné des coups pas violents du tout, quasiment des faux coups, jusqu'à qu'une voix autoritaire dise "Lâchez-le". C'était l'homme au visage découvert, qui a ensuite parlé à ma femme et ma fille, qui avait la main en sang pour s'être pris une bouteille de bière lancée par un casseur. J'ai eu l'impression que les gens qui m'ont entouré m'ont en fait protégé pendant le moment violent. Mon hypothèse ? C'était des policiers qui avaient des consignes pour laisser faire des dégâts matériels, mais surtout pas de blessés."
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