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L’alliance entre les États-Unis et al-Qaïda en Libye

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    L’alliance entre les États-Unis et al-Qaïda en Libye

    L’intervention de l’OTAN en Libye a été présentée comme une campagne humanitaire. Mais elle n’en est pas une : les deux factions ont commis des atrocités. En partie grâce à l’Harbour Group, une entreprise de relations publiques bien connectée travaillant pour le compte du Conseil National de Transition [CNT], l’opinion publique états-unienne a eu beaucoup plus d’informations sur les atrocités commises par les forces pro-Kadhafi en Libye que sur celles perpétrées par l’opposition de Benghazi. Mais en réalité, comme l’a rapporté le Daily Telegraph de Londres :

    « Sous le contrôle des rebelles, les résidents de Benghazi sont terrorisés, la plupart d’entre eux étant ‘trop effrayés pour conduire de nuit à travers les rues sombres, craignant le racket – ou pire encore – aux points de contrôle qui sont en train de se multiplier’.

    Par ailleurs, près d’un million et demi de migrants venant d’Afrique noire sont victimes de la suspicion qui pèse sur eux et veut qu’ils soutiennent le mauvais côté. Nombre d’entre eux ont été attaqués, certains ont été traqués, tirés de leurs appartements, battus et tués.

    Les soi-disant ‘révolutionnaires’ et les ‘combattants de la liberté’ sont en réalité des hommes armés qui saccagent tout sur leur passage et qui commettent des atrocités ignorées par les médias de masse, lesquels ne sont pas disposés à révéler à quoi ressemblerait la Libye nouvelle si Kadhafi était renversé. »

    Thomas Mountain est d’accord sur le fait que « depuis le déclenchement de la rébellion à Benghazi, plusieurs centaines de travailleurs soudanais, somaliens, éthiopiens et érythréens ont été rackettés et assassinés par des milices rebelles racistes, un fait bien dissimulé par les médias internationaux. »

    De tels rapports se sont multipliés au fil du temps. Récemment, Human Rights Watch a accusé les rebelles de tuer des partisans de Kadhafi qui n’étaient que de simples civils et de piller, brûler et saccager leurs maisons et leurs quartiers.

    [Avant la prise de Tripoli par les hommes du commandant militaire islamiste Abdelhakim Belhadj], les Américains et les Européens [étaient] encore moins susceptibles d’apprendre par leurs médias que, parmi les factions composant la coalition de transition de Benghazi, celle qui est certainement la plus aguerrie regroupe des vétérans du Al-Jama’a al-Islamiyyah al-Muqatilah bi-Libya (Le Groupe islamique combattant en Libye, ou GICL). L’importance du contingent du GICL dans le CNT a été minimisée dans une publication récente de l’International Business Times :

    « Le GICL est un groupe islamiste qui a mené une guérilla de basse intensité contre Kadhafi pendant près d’une dizaine d’années. La plupart des dirigeants du GICL sont d’anciens soldats ayant combattu sous l’égide des moudjahidines contre les forces soviétiques en Afghanistan. Depuis le début du soulèvement, des rapports ont indiqué que des membres du GICL auraient rejoint sur le terrain le mouvement rebelle du CNT, et beaucoup ont accusé ces combattants d’avoir des liens avec al-Qaïda, ce que le GICL a depuis nié.

    Mais auparavant, le GICL avait déclaré que son but ultime était d’instaurer un État islamique en Libye, ce qui est assez inquiétant du fait que la plupart de ses combattants sont à présent du côté du CNT. Néanmoins, comme le GICL ne disposerait que d’une force ne dépassant pas quelques milliers d’hommes, on pense qu’il ne sera pas en mesure de provoquer beaucoup de problèmes au sein de l’opposition. »

    Il reste à déterminer si le CNT victorieux serait capable de contenir les aspirations islamistes d’impitoyables vétérans jihadistes regroupés dans ses rangs.

    D’aucuns craignent qu’un GICL aguerri par ses années de combats en Afghanistan et en Irak – bien que n’étant pas prédominant au sein du CNT – verrait son influence accrue lors de la distribution des rôles, si la coalition de Benghazi venait à l’emporter [NdT : cet article a été publié dans sa version originale peu avant la prise de Tripoli par les « rebelles »].

    En février 2004, George Tenet, alors directeur de la CIA, déclara devant la commission du Renseignement du Sénat que « l’une des menaces les plus pressantes [pour la sécurité des États-Unis en Irak] vient de groupes extrémistes sunnites de moindre taille qui ont bénéficié de liens avec al-Qaïda. Ils incluent [...] le Groupe islamique combattant en Libye. »

    En 2007, une étude de West Point rapporta « la collaboration de plus en plus étroite ente le Groupe islamique combattant en Libye (GICL) et al-Qaïda, collaboration qui aboutit au ralliement officiel du GICL avec al-Qaïda le 3 novembre 2007. »19 Il est possible que l’étude de West Point exagéra la connexion entre al-Qaïda et le GICL.

    Ce qui importe est que la Grande-Bretagne et les États-Unis étaient parfaitement conscients de l’évaluation de West Point, mais que leurs forces spéciales respectives ont quand même secrètement soutenu le CNT de Benghazi, et ce avant le lancement des opérations aériennes de l’OTAN :

    « Le bombardement de ce pays a débuté alors qu’il venait d’être révélé que des centaines de soldats des Forces spéciales britanniques avaient été déployés à l’intérieur de la Libye, ciblant les troupes du Colonel Kadhafi – et que d’autres, en nombre supérieur, attendent de passer à l’action [...]

    Au total, il semblerait qu’un peu moins de 250 soldats des Forces spéciales britanniques et de leurs appuis ont été actifs en Libye avant le lancement des frappes aériennes destinées à imposer une zone d’exclusion aérienne aux forces de Kadhafi. »

    Il existe également des rapports indiquant que les Forces spéciales US ont aussi été envoyées en Libye le 23 et le 24 février 2011, soit un mois environ avant le début des bombardements de l’OTAN.

    Le soutien britannique pour le GICL date en réalité d’une [quinzaine d’années] :

    « De violents accrochages entre les forces de sécurité [de Kadhafi] et les guérillas islamistes sont survenus à Benghazi en septembre 1995, faisant des dizaines de morts dans les deux camps. Après des semaines d’intenses combats, le Groupe islamique combattant en Libye (GICL) a formellement déclaré son existence à travers un communiqué qualifiant le gouvernement de Kadhafi de ‘régime apostat qui a blasphémé contre la foi de Dieu Tout-puissant’ et déclarant que son renversement était ‘le principal devoir après la foi en Dieu’.

    Ce communiqué du GICL ainsi que les suivants furent publiés par des Libyens afghans auxquels la Grande-Bretagne avait accordé l’asile politique. [...] L’implication du gouvernement britannique dans la campagne du GICL menée contre Kadhafi suscite encore d’immenses controverses.

    L’autre opération importante du GICL, une tentative d’assassinat manquée contre Kadhafi en 1996 – tuant nombre de ses gardes du corps – aurait été financée par les renseignements britanniques à hauteur de 160 000 dollars, selon l’ancien officier du MI5 David Shayler. »

    Le compte-rendu détaillé de David Shayler a été remis en cause, mais de nombreuses autres sources indiquent que le soutien britannique pour les jihadistes libyens est largement antérieur au conflit actuel.

    Dans l’avenir, les combattants de la plus internationaliste al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), ayant saisi l’opportunité que représentait la guerre pour entrer dans le conflit et s’équiper dans les arsenaux pillés de Kadhafi, pourraient s’avérer encore plus menaçants que le GICL nationaliste.

    AQMI suscite une inquiétude particulière. En effet, de récents rapports indiquent que cette organisation est financée de manière croissante par les bénéfices des trafiquants de drogue de la région, à l’image des autres groupes associés à al-Qaïda de l’Afghanistan jusqu’au Kosovo.

    En résumé, la campagne de l’OTAN en Libye soutient une coalition au sein de laquelle la position des alliés d’al-Qaïda – anciens comme actuels – pourrait être renforcée.
    Et les forces occidentales les ont secrètement soutenus depuis le début.

    Source : "La Bosnie, le Kosovo et à présent la Libye : les coûts humains de la collusion perpétuelle entre Washington et les terroristes"
    Par Peter Dale Scott
    Dernière modification par Elghifari, 21 octobre 2011, 02h30.
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