Les déserteurs de l’armée font état d’un succès militaire face aux troupes régulières. Mais Damas craint avant tout le complot sunnite
L’armée libre de Syrie, brigade Omar ibn Khattab, a annoncé hier la destruction d’un blindé de l’armée de Bachar el-Assad lors de combats dans le village de Joussiyé, près de la frontière libanaise. Cette force constituée de déserteurs indique également qu’un quarantaine de soldats loyalistes ont été tués et que 30 militaires ont fait défection hier, emmenant quatre chars avec eux.
Depuis la bataille de Banache, jeudi dernier, la possibilité d’une insurrection armée, comme en Libye, se profile en Syrie. Pourtant, sur le terrain, il n’y avait à Banache qu’une «dizaine de déserteurs parmi les cent insurgés», indique Jean-René Belliard, spécialiste de la région. Il reste également prudent concernant les forces de l’armée syrienne libre. La création de cette force armée d’opposition a été annoncée sur YouTube à la fin du mois de juillet. Elle est dirigée par un officier déserteur de l’armée de l’air, le colonel Riad al-Assad.
«Toutes les routes en Syrie sont contrôlées. Il paraît difficile que des déserteurs du sud puissent rejoindre la Turquie où ces soldats se sont réfugiés», explique Jean-René Belliard. Il estime par ailleurs que les chiffres de 10 000 hommes et de 18 bataillons sont largement surévalués. Selon lui, le régime syrien, «à court d’argent», craint beaucoup plus les initiatives des pays du Golfe pour le faire tomber et des groupes sunnites armés, comme la tribu Chamar, présente en Syrie comme en Irak.
Ces commandos financés par les Saoudiens partiraient en effet de la région d’Al-Ramsa, en Jordanie, et de la province d’Al-Anbar, en Irak, pour frapper en Syrie. L’Iran, qui soutient le régime de Bachar el-Assad, sait que les monarchies du Golfe tentent de briser «l’arc chiite». «En faisant tomber la minorité alaouite au pouvoir à Damas pour installer la majorité sunnite à la tête du pays, les monarchies couperaient l’axe Iran, Irak, Liban (Hezbollah) en imposant celui qui descend de la Turquie jusqu’en Arabie saoudite», explique Jean-René Belliard.
Hier, Damas a ainsi réagi vivement à l’annonce d’une prochaine conférence nationale pour mettre fin aux violences par la Ligue arabe, dont une délégation se rendra à Damas la semaine prochaine. Le quotidien gouvernemental As Saoura écrivait mercredi que la Ligue arabe s’était «transformé en un instrument d’injustice pour déstabiliser la Syrie».
Avant-hier, le Conseil national syrien, l’organe qui fédère l’opposition, a menacé de demander «une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils contre la répression irresponsable de Damas». Cette menace est intervenue après un nouveau bilan sur les 72 dernières heures de 45 morts.
Olivier Bot
Tribune de Genève.
L’armée libre de Syrie, brigade Omar ibn Khattab, a annoncé hier la destruction d’un blindé de l’armée de Bachar el-Assad lors de combats dans le village de Joussiyé, près de la frontière libanaise. Cette force constituée de déserteurs indique également qu’un quarantaine de soldats loyalistes ont été tués et que 30 militaires ont fait défection hier, emmenant quatre chars avec eux.
Depuis la bataille de Banache, jeudi dernier, la possibilité d’une insurrection armée, comme en Libye, se profile en Syrie. Pourtant, sur le terrain, il n’y avait à Banache qu’une «dizaine de déserteurs parmi les cent insurgés», indique Jean-René Belliard, spécialiste de la région. Il reste également prudent concernant les forces de l’armée syrienne libre. La création de cette force armée d’opposition a été annoncée sur YouTube à la fin du mois de juillet. Elle est dirigée par un officier déserteur de l’armée de l’air, le colonel Riad al-Assad.
«Toutes les routes en Syrie sont contrôlées. Il paraît difficile que des déserteurs du sud puissent rejoindre la Turquie où ces soldats se sont réfugiés», explique Jean-René Belliard. Il estime par ailleurs que les chiffres de 10 000 hommes et de 18 bataillons sont largement surévalués. Selon lui, le régime syrien, «à court d’argent», craint beaucoup plus les initiatives des pays du Golfe pour le faire tomber et des groupes sunnites armés, comme la tribu Chamar, présente en Syrie comme en Irak.
Ces commandos financés par les Saoudiens partiraient en effet de la région d’Al-Ramsa, en Jordanie, et de la province d’Al-Anbar, en Irak, pour frapper en Syrie. L’Iran, qui soutient le régime de Bachar el-Assad, sait que les monarchies du Golfe tentent de briser «l’arc chiite». «En faisant tomber la minorité alaouite au pouvoir à Damas pour installer la majorité sunnite à la tête du pays, les monarchies couperaient l’axe Iran, Irak, Liban (Hezbollah) en imposant celui qui descend de la Turquie jusqu’en Arabie saoudite», explique Jean-René Belliard.
Hier, Damas a ainsi réagi vivement à l’annonce d’une prochaine conférence nationale pour mettre fin aux violences par la Ligue arabe, dont une délégation se rendra à Damas la semaine prochaine. Le quotidien gouvernemental As Saoura écrivait mercredi que la Ligue arabe s’était «transformé en un instrument d’injustice pour déstabiliser la Syrie».
Avant-hier, le Conseil national syrien, l’organe qui fédère l’opposition, a menacé de demander «une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils contre la répression irresponsable de Damas». Cette menace est intervenue après un nouveau bilan sur les 72 dernières heures de 45 morts.
Olivier Bot
Tribune de Genève.
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