36 ans après la Marche verte
Le dossier du Sahara toujours embourbé
Ce dimanche 6 novembre, cela fera exactement 36 ans depuis la célèbre Marche verte. Près de quatre décennies plus tard, le conflit du Sahara est toujours dans l’impasse. Mais plusieurs événements confortent aujourd’hui le Maroc dans sa position.
“… Cher peuple,
Demain, tu franchiras la frontière. Demain tu entameras la Marche, demain tu fouleras une terre qui est tienne, tu palperas les sables qui sont tiens, demain tu embrasseras un sol qui fait partie intégrante de ton cher pays…”.
Les moins de 50 ans n’ont pas vécu en direct à la radio et à la télévision l’“émotion extraordinaire” qu’avaient suscitée ces mots contenus dans le discours de feu Hassan II prononcé le 5 novembre 1975, et qui annonçait ce qui allait constituer le fait le plus marquant de l’histoire du Maroc indépendant: Al Massira Al Khadra, la Marche verte.
Une Marche qui constitue par ailleurs un cas d’école dans les modes de règlement pacifique de conflit, en ce sens que les 350.000 Marocains qui y avaient participé n’étaient armés que de leur foi, du drapeau national et du Coran.
Devant ce “coup de génie” du défunt Roi, l’occupant espagnol était obligé de se retirer du Sahara. Le Maroc pouvait donc récupérer ses provinces du Sud…
Des visées séparatistes
Et alors que le Sahara occidental venait de rejoindre son giron naturel le Maroc, après le retrait de l’ex-puissance coloniale, éclate un mouvement séparatiste porté par le Polisario qui, avec le soutien notoire de l’Algérie et de la Libye de Kadhafi, revendique l’indépendance de ce territoire. Ainsi naquit la fantomatique “République arabe sahraouie démocratique (RASD)”.
Le Maroc se retourne alors vers la Cour Internationale de Justice de la Haye pour demander son arbitrage. Le 16 octobre 1975, celle-ci rend son verdict en reconnaissant que ce territoire n’était pas, au moment de sa colonisation, terra nullius (terre sans maître), et qu’“il existait entre le Sahara et le Royaume du Maroc des liens juridiques et d’allégeance”.
Pour autant, le Polisario ne renonce pas à son dessein initial. Il entre alors dans une rébellion armée qui aboutit à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide des Nations unies.
Les négociations dans l’impasse
Depuis, sous l’égide de l’ONU, les deux protagonistes tentent de trouver une solution pacifique à ce conflit. En vain.
Pour rappel, entre août 2009 et juillet 2011, ce sont huit rounds de négociations informelles qui se sont tenus sur le Sahara, tous ont été caractérisés par un dialogue de sourds. Alors que les différentes résolutions onusiennes ne cessent d’appeler les deux parties à poursuivre les pourparlers “en vue de parvenir à une résolution politique juste, durable et mutuellement acceptable”.
Un contexte favorable au Maroc
Certes, le dossier est toujours dans une impasse, mais les derniers développements le concernant semblent plaider en faveur de la position marocaine. À commencer par le plan d’autonomie proposé par le Royaume en 2007, et qui prévoit une large autonomie des provinces du Sud.
Ce plan a été favorablement accueilli par les États-Unis, la France, l’Espagne... en raison de son caractère “réaliste et crédible”, pendant que le Polisario lui, continue de s’accrocher à un hypothétique référendum. Une voie que les grandes puissances jugent caduque.
“Il faut être conscient de la difficulté de la tenue d'un référendum comme voie pour la résolution de ce contentieux, comme c'est le cas dans d'autres conflits dans d'autres parties du monde (…)”, avait prévenu la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, dans un entretien accordé en janvier dernier à la radio locale Cope.
“Si j'étais le président du front Polisario, je ne rejetterais pas l'option d'autonomie, au lieu de passer 30 ans sous des tentes. Le Polisario va devoir expliquer un jour aux Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf pourquoi l'autonomie ne lui plaît pas.”
Le ministre espagnol de la Présidence, Ramon Jauregui, à l’édition espagnole du magazine Vanity Fair de février 2011.
Les “ralliés de Sa Majesté”
Parmi les premiers effets du plan marocain d’autonomie, les nombreux ralliements. En effet, de plus en plus de Sahraouis, lassés par la précarité dans les camps du Polisario en Algérie et gagnés par le découragement favorisé par l'absence de perspective dans le règlement de la question du Sahara, choisissent de rallier le Maroc.
8000
Ils seraient plus de 8.000 ex-réfugiés du Polisario -dont 5.200 officiellement recensés- à avoir regagné le Royaume depuis le cessez-le-feu en 1991, à en croire le gouverneur chargé de la coordination avec la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso) au ministère de l'Intérieur, El Arbi Mrabet, cité par Jeune Afrique (n° 2577 du 30 mai au 5 juin).
Sans oublier les dissidences au sein des séparatistes. À ce sujet, rappelons la création en juin dernier en Espagne, de la “Coordination générale des opposants au front Polisario”, une instance qui se veut une alternative au front dont elle dit qu’il “n’est pas le seul représentant des Sahraouis”…
La conjoncture régionale
Outre le plan marocain d’autonomie, les derniers développements survenus dans la région, dont le récent rapt de trois humanitaires occidentaux dans les environs de Tindouf, ont conforté la thèse de plusieurs experts au sujet de l’existence d’une collusion entre le Polisario et l’organisation terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui sévit dans cette zone sahélo-saharienne.
“L'enlèvement de trois humanitaires européens à Tindouf démontre que non seulement l'affaire séparatiste insensée contre le Maroc n'a plus aucun sens, mais qu'il est temps de faire les pressions qui s'imposent sur le sponsor du Polisario pour que cette aventure cesse.”
Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques (OEG) à Paris.
Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, cité par Tout Sur l'Algérie, a pour sa part jugé ce rapt “désastreux” pour le Polisario “pour des raisons politiques et pratiques”, étant donné que c’est “au cœur de son dispositif” que ces enlèvements ont eu lieu.
Voilà l'état de la situation actuelle du conflit du Sahara, en attendant un énième round des négociations informelles sous l'égide de l'ONU et de son envoyé personnel, Christopher Ross.
Minurso
Pour rappel, devant “l'impasse actuelle”, les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté à l'unanimité, la résolution 1979 qui prolonge le mandat de la la mission de l'ONU au Sahara (Minurso) jusqu'au 30 avril 2012.
Aufait Maroc
Le dossier du Sahara toujours embourbé
Ce dimanche 6 novembre, cela fera exactement 36 ans depuis la célèbre Marche verte. Près de quatre décennies plus tard, le conflit du Sahara est toujours dans l’impasse. Mais plusieurs événements confortent aujourd’hui le Maroc dans sa position.
“… Cher peuple,
Demain, tu franchiras la frontière. Demain tu entameras la Marche, demain tu fouleras une terre qui est tienne, tu palperas les sables qui sont tiens, demain tu embrasseras un sol qui fait partie intégrante de ton cher pays…”.
Les moins de 50 ans n’ont pas vécu en direct à la radio et à la télévision l’“émotion extraordinaire” qu’avaient suscitée ces mots contenus dans le discours de feu Hassan II prononcé le 5 novembre 1975, et qui annonçait ce qui allait constituer le fait le plus marquant de l’histoire du Maroc indépendant: Al Massira Al Khadra, la Marche verte.
Une Marche qui constitue par ailleurs un cas d’école dans les modes de règlement pacifique de conflit, en ce sens que les 350.000 Marocains qui y avaient participé n’étaient armés que de leur foi, du drapeau national et du Coran.
Devant ce “coup de génie” du défunt Roi, l’occupant espagnol était obligé de se retirer du Sahara. Le Maroc pouvait donc récupérer ses provinces du Sud…
Des visées séparatistes
Et alors que le Sahara occidental venait de rejoindre son giron naturel le Maroc, après le retrait de l’ex-puissance coloniale, éclate un mouvement séparatiste porté par le Polisario qui, avec le soutien notoire de l’Algérie et de la Libye de Kadhafi, revendique l’indépendance de ce territoire. Ainsi naquit la fantomatique “République arabe sahraouie démocratique (RASD)”.
Le Maroc se retourne alors vers la Cour Internationale de Justice de la Haye pour demander son arbitrage. Le 16 octobre 1975, celle-ci rend son verdict en reconnaissant que ce territoire n’était pas, au moment de sa colonisation, terra nullius (terre sans maître), et qu’“il existait entre le Sahara et le Royaume du Maroc des liens juridiques et d’allégeance”.
Pour autant, le Polisario ne renonce pas à son dessein initial. Il entre alors dans une rébellion armée qui aboutit à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide des Nations unies.
Les négociations dans l’impasse
Depuis, sous l’égide de l’ONU, les deux protagonistes tentent de trouver une solution pacifique à ce conflit. En vain.
Pour rappel, entre août 2009 et juillet 2011, ce sont huit rounds de négociations informelles qui se sont tenus sur le Sahara, tous ont été caractérisés par un dialogue de sourds. Alors que les différentes résolutions onusiennes ne cessent d’appeler les deux parties à poursuivre les pourparlers “en vue de parvenir à une résolution politique juste, durable et mutuellement acceptable”.
Un contexte favorable au Maroc
Certes, le dossier est toujours dans une impasse, mais les derniers développements le concernant semblent plaider en faveur de la position marocaine. À commencer par le plan d’autonomie proposé par le Royaume en 2007, et qui prévoit une large autonomie des provinces du Sud.
Ce plan a été favorablement accueilli par les États-Unis, la France, l’Espagne... en raison de son caractère “réaliste et crédible”, pendant que le Polisario lui, continue de s’accrocher à un hypothétique référendum. Une voie que les grandes puissances jugent caduque.
“Il faut être conscient de la difficulté de la tenue d'un référendum comme voie pour la résolution de ce contentieux, comme c'est le cas dans d'autres conflits dans d'autres parties du monde (…)”, avait prévenu la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, dans un entretien accordé en janvier dernier à la radio locale Cope.
“Si j'étais le président du front Polisario, je ne rejetterais pas l'option d'autonomie, au lieu de passer 30 ans sous des tentes. Le Polisario va devoir expliquer un jour aux Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf pourquoi l'autonomie ne lui plaît pas.”
Le ministre espagnol de la Présidence, Ramon Jauregui, à l’édition espagnole du magazine Vanity Fair de février 2011.
Les “ralliés de Sa Majesté”
Parmi les premiers effets du plan marocain d’autonomie, les nombreux ralliements. En effet, de plus en plus de Sahraouis, lassés par la précarité dans les camps du Polisario en Algérie et gagnés par le découragement favorisé par l'absence de perspective dans le règlement de la question du Sahara, choisissent de rallier le Maroc.
8000
Ils seraient plus de 8.000 ex-réfugiés du Polisario -dont 5.200 officiellement recensés- à avoir regagné le Royaume depuis le cessez-le-feu en 1991, à en croire le gouverneur chargé de la coordination avec la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso) au ministère de l'Intérieur, El Arbi Mrabet, cité par Jeune Afrique (n° 2577 du 30 mai au 5 juin).
Sans oublier les dissidences au sein des séparatistes. À ce sujet, rappelons la création en juin dernier en Espagne, de la “Coordination générale des opposants au front Polisario”, une instance qui se veut une alternative au front dont elle dit qu’il “n’est pas le seul représentant des Sahraouis”…
La conjoncture régionale
Outre le plan marocain d’autonomie, les derniers développements survenus dans la région, dont le récent rapt de trois humanitaires occidentaux dans les environs de Tindouf, ont conforté la thèse de plusieurs experts au sujet de l’existence d’une collusion entre le Polisario et l’organisation terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui sévit dans cette zone sahélo-saharienne.
“L'enlèvement de trois humanitaires européens à Tindouf démontre que non seulement l'affaire séparatiste insensée contre le Maroc n'a plus aucun sens, mais qu'il est temps de faire les pressions qui s'imposent sur le sponsor du Polisario pour que cette aventure cesse.”
Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études géopolitiques (OEG) à Paris.
Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, cité par Tout Sur l'Algérie, a pour sa part jugé ce rapt “désastreux” pour le Polisario “pour des raisons politiques et pratiques”, étant donné que c’est “au cœur de son dispositif” que ces enlèvements ont eu lieu.
Voilà l'état de la situation actuelle du conflit du Sahara, en attendant un énième round des négociations informelles sous l'égide de l'ONU et de son envoyé personnel, Christopher Ross.
Minurso
Pour rappel, devant “l'impasse actuelle”, les quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté à l'unanimité, la résolution 1979 qui prolonge le mandat de la la mission de l'ONU au Sahara (Minurso) jusqu'au 30 avril 2012.
Aufait Maroc
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