L’atelier du monde devient le banquier du monde.
La Chine s’intéresse à la dette européenne comme elle l’a fait pour les Etats-Unis. Sa monnaie sous-évaluée est un des facteurs de l’instabilité mondiale, mais les grandes puissances peuvent difficilement exercer une forte pression sur Pékin si, par ailleurs, ils sont ses débiteurs.
La Chine finance déjà le déficit des Etats-Unis: c’est aujourd’hui le premier acheteur de bons du Trésor américains par lesquels Washington peut faire face à sa dette. Et voilà que Pékin propose aux Européens de les aider en rachetant une partie de la dette des pays membres de la zone euro les plus fragiles.
Certains, avec Nicolas Sarkozy, y voient une marque de confiance dans l’économie de l’Union européenne, d’autres, avec François Hollande déplorent un aveu de faiblesse lorsqu’ils ne dénoncent pas, comme Nicolas Dupont-Aignan[/COLOR], le recours à del’«argent sale». En Chine, même, la proposition de Pékin n’est pas forcément bien perçue, alors que le pays doit faire face à de multiples priorités sur son marché intérieur avant d’aider les Européens à sortir de leur crise de la dette souveraine.
Quoi qu’il en soit, la démarche chinoise pour venir en aide à l’euro marque l’inversion des rapports de pouvoirs dans l’économie mondiale. Un cap est franchi. Les Chinois de Shanghai ne s’y trompent pas qui, sans fausse pudeur et avec conviction, déclarent aux touristes à peine sortis de l’avion qu’ils seront, dans quelques années, les plus puissants sur la planète.
Fois cinq en trente ans
Avec près de 20% d’une population mondiale qui compte maintenant 7 milliards d’individus, le gisement de main d’œuvre reste énorme. Mais surtout, pays en développement, la Chine a fait progresser son produit national brut de 1,7% du PIB mondial en 1980 à 3,7% en 2000 et 8,6% en 2009[/COLOR]. C'est-à-dire que, en une trentaine d’année, son poids dans l’économie mondiale a quintuplé. [/COLOR]
Sur la période, sa croissance annuelle a toujours étésupérieure à 9%, dépassant même 10% la moitié du temps. Et de sous-développé, l’atelier du monde –qui trouve 25% de ses débouchés aux Etats-Unis et même un peu plus en Europe parce que les industriels occidentaux y ont installé des filiales produisant à meilleurs coûts– est devenu la deuxième puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis et devant le Japon depuis 2010… et le premier financier mondial. La revanche de l’industrie, mal aimée de l’Occident.
Le tiers des réserves de change mondiales
Alors que les grandes puissances occidentales creusent leurs dettes, la Chine engrange des réserves. Elle n’est pas la seule dans cette dynamique où se retrouvent les plus grands pays émergents. Globalement, de 31% en 1980 et 46% en 2009, leur poids dans le monde devrait passer à 52% en 2015, alors que les pays développés ont vu leur place diminuer de 69% en 1980 à 54% en 2009, et devrait encore reculer à 48% en 2015.
Dans ce retour de balancier qui consacre l’essor des émergents, la Chine mène la danse. Sur un total des réserves de change estimées par le FMI à 7.500 milliards de dollars à l’automne 2010, elle en détiendrait à elle seule 31% (loin devant le Japon qui, à 11% arrive en seconde position), libellées à 70% en dollars contre une partie croissance en euro. Ce qui explique que, tant pour entretenir ses débouchés à l’exportation que pour soutenir des monnaies dont ses coffres sont gavés, Pékin n’a pas manqué de venir au chevet des Etats-Unis et de l’Europe.
Près du quart de la dette extérieure américaine
Les interventions sont massives, et la stratégie de long terme. En huit ans, la part de la dette extérieure des Etats-Unis aux mains de la Chine est passée de 6% à 22%. Encore faut-il ajouter les actions détenues dans des entreprises américaines.
Par exemple, lorsque la crise bancaire américaine a mis en péril les institutions hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae sauvées par une injection de 85 milliards de dollars de l’Etat, on s’est aperçu que Pékin y avait investi pas moins de 400 milliards de dollars. Le pays pauvre qui épargne, finance le pays riche qui vit à crédit.
Trois milliards de dollars dans le fonds Blackstone, cinq milliards dans la banque Morgan Stanley, autant de vedettes de Wall Street, et combien d’autres prises de participation… CIC, le fonds souverain chinois chargé d’acquérir des positions à l’étranger, et les grandes banques du pays (trois banques chinoises figurent aujourd’hui parmi les cinq plus grosses capitalisations bancaires mondiales) sont à la manœuvre.
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La Chine s’intéresse à la dette européenne comme elle l’a fait pour les Etats-Unis. Sa monnaie sous-évaluée est un des facteurs de l’instabilité mondiale, mais les grandes puissances peuvent difficilement exercer une forte pression sur Pékin si, par ailleurs, ils sont ses débiteurs.
La Chine finance déjà le déficit des Etats-Unis: c’est aujourd’hui le premier acheteur de bons du Trésor américains par lesquels Washington peut faire face à sa dette. Et voilà que Pékin propose aux Européens de les aider en rachetant une partie de la dette des pays membres de la zone euro les plus fragiles.
Certains, avec Nicolas Sarkozy, y voient une marque de confiance dans l’économie de l’Union européenne, d’autres, avec François Hollande déplorent un aveu de faiblesse lorsqu’ils ne dénoncent pas, comme Nicolas Dupont-Aignan[/COLOR], le recours à del’«argent sale». En Chine, même, la proposition de Pékin n’est pas forcément bien perçue, alors que le pays doit faire face à de multiples priorités sur son marché intérieur avant d’aider les Européens à sortir de leur crise de la dette souveraine.
Quoi qu’il en soit, la démarche chinoise pour venir en aide à l’euro marque l’inversion des rapports de pouvoirs dans l’économie mondiale. Un cap est franchi. Les Chinois de Shanghai ne s’y trompent pas qui, sans fausse pudeur et avec conviction, déclarent aux touristes à peine sortis de l’avion qu’ils seront, dans quelques années, les plus puissants sur la planète.
Fois cinq en trente ans
Avec près de 20% d’une population mondiale qui compte maintenant 7 milliards d’individus, le gisement de main d’œuvre reste énorme. Mais surtout, pays en développement, la Chine a fait progresser son produit national brut de 1,7% du PIB mondial en 1980 à 3,7% en 2000 et 8,6% en 2009[/COLOR]. C'est-à-dire que, en une trentaine d’année, son poids dans l’économie mondiale a quintuplé. [/COLOR]
Sur la période, sa croissance annuelle a toujours étésupérieure à 9%, dépassant même 10% la moitié du temps. Et de sous-développé, l’atelier du monde –qui trouve 25% de ses débouchés aux Etats-Unis et même un peu plus en Europe parce que les industriels occidentaux y ont installé des filiales produisant à meilleurs coûts– est devenu la deuxième puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis et devant le Japon depuis 2010… et le premier financier mondial. La revanche de l’industrie, mal aimée de l’Occident.
Le tiers des réserves de change mondiales
Alors que les grandes puissances occidentales creusent leurs dettes, la Chine engrange des réserves. Elle n’est pas la seule dans cette dynamique où se retrouvent les plus grands pays émergents. Globalement, de 31% en 1980 et 46% en 2009, leur poids dans le monde devrait passer à 52% en 2015, alors que les pays développés ont vu leur place diminuer de 69% en 1980 à 54% en 2009, et devrait encore reculer à 48% en 2015.
Dans ce retour de balancier qui consacre l’essor des émergents, la Chine mène la danse. Sur un total des réserves de change estimées par le FMI à 7.500 milliards de dollars à l’automne 2010, elle en détiendrait à elle seule 31% (loin devant le Japon qui, à 11% arrive en seconde position), libellées à 70% en dollars contre une partie croissance en euro. Ce qui explique que, tant pour entretenir ses débouchés à l’exportation que pour soutenir des monnaies dont ses coffres sont gavés, Pékin n’a pas manqué de venir au chevet des Etats-Unis et de l’Europe.
Près du quart de la dette extérieure américaine
Les interventions sont massives, et la stratégie de long terme. En huit ans, la part de la dette extérieure des Etats-Unis aux mains de la Chine est passée de 6% à 22%. Encore faut-il ajouter les actions détenues dans des entreprises américaines.
Par exemple, lorsque la crise bancaire américaine a mis en péril les institutions hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae sauvées par une injection de 85 milliards de dollars de l’Etat, on s’est aperçu que Pékin y avait investi pas moins de 400 milliards de dollars. Le pays pauvre qui épargne, finance le pays riche qui vit à crédit.
Trois milliards de dollars dans le fonds Blackstone, cinq milliards dans la banque Morgan Stanley, autant de vedettes de Wall Street, et combien d’autres prises de participation… CIC, le fonds souverain chinois chargé d’acquérir des positions à l’étranger, et les grandes banques du pays (trois banques chinoises figurent aujourd’hui parmi les cinq plus grosses capitalisations bancaires mondiales) sont à la manœuvre.
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