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  • La France peut-elle donner des leçons à la Tunisie?

    La France peut-elle donner des leçons à la Tunisie?
    Par Mediapart
    Article publié le mardi 8 novembre 2011

    Nawel Gafsia
    et Henri Braun, avocats, dénoncent l'attitude de la France envers la Tunisie, exhortée par le gouvernement à ne pas franchir la «ligne rouge» après la victoire du parti Ennahdha lors des élections.
    _____
    Après s'être signalée par un soutien sans faille à Ben Ali, depuis son accession au pouvoir en 1987 jusqu'aux dernières heures précédant sa chute le 14 janvier 2011, la France, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, s'exprimant sur France Inter le 26 octobre, menace la Tunisie de rétorsions économiques en cas de franchissement d'une curieuse «ligne rouge».

    De quoi s'agit-il? Alain Juppé ne semble pas satisfait du résultat des élections qui se sont pourtant déroulées pour la toute première fois de façon démocratique et transparente. Oscillant entre paternalisme et menaces, il somme les Tunisiens de respecter les valeurs de l'alternance démocratique, des droits de l'homme et de l'égalité homme-femme. Il n'admettra pas de régression dans des domaines pour lesquels la Tunisie est «évoluée».


    Faut-il en rire ou en pleurer ? Pendant le long règne de Ben Ali, les autorités françaises ne se sont jamais inquiétées des traitements inhumains et dégradants, des tortures subies par les opposants de toute tendance, des islamistes aux militants de gauche. Tout au contraire, le despote a reçu un soutien sans faille d'une classe politique française quasiment unanime et de chaudes félicitations pour son action en faveur des droits de la femme. Ni les persécutions subies par l'Association des Femmes Démocrates, ni les agressions physiques d'opposantes comme la journaliste Sihem Bensedrine et l'avocate Radhia Nasraoui, ni les tortures infligées aux militantes et épouses de militants du parti Ennahdha dans les caves du Ministère de l'intérieur, avenue Bourguiba, n'ont fait l'objet d'une condamnation officielle.

    La légendaire «hospitalité tunisienne» et de luxueuses vacances au soleil ont favorisé la multiplication de déclarations étonnantes de responsables politiques comme Philippe Séguin, Bertrand Delanoë ou Frédéric Mitterrand. Les plus choquantes en raison de leur portée demeurent celles de deux présidents de la République en exercice. En avril 2008, Nicolas Sarkozy assure que «l'espace des libertés progresse» en Tunisie. En décembre 2003, Jacques Chirac, dans un élan lyrique d'inspiration soviétique, assène que «le premier des droits de l'homme c'est de manger» au moment même où Radhia Nasraoui menait une grève de la faim depuis plus de cinquante jours.

    Après avoir, pendant la révolution, proposé au despote de l'aider à réprimer dans le sang les manifestants par l'envoi d'un inquiétant «savoir-faire» français, voilà maintenant que la France s'érige en donneuse de leçons de démocratie et de respect des droits de l'homme à un peuple qui s'est libéré d'un despote et d'une partie des responsables de son régime policier sans la moindre aide extérieure.

    Il faut en finir une bonne fois pour toutes avec le mépris vis-à-vis du peuple tunisien qui perdure depuis l'instauration du protectorat français en 1881. La «mission civilisatrice» de la France n'a eu pour effet que de déstructurer durablement une société. Pendant les manifestations révolutionnaires, le peuple dans la rue scandait l'hymne national: «Lorsqu'un jour le Peuple veut vivre, Force est pour le destin de répondre». Ces mots d'Abou Kacem Ecchebi, poète mort à l'âge de 25 ans pendant la période coloniale, devront à l'avenir retentir aux oreilles des dirigeants français mais aussi de ceux qui exerceront le pouvoir en Tunisie.

    Le peuple tunisien rejette définitivement la tutelle post-coloniale et doit oeuvrer pour la justice sociale, maintenant que la mobilisation pour la liberté et la dignité a permis la chute de la dictature. Que le parti Ennahdha ait obtenu un nombre important de voix est l'affaire des Tunisiens qui ont su conquérir leur liberté en dépit de la France et qui sauront bien la conserver sans elle.

    La France est-elle d'ailleurs en mesure de se pavaner sur la scène internationale au moment où, pour ne prendre qu'un exemple de la dérive vers un Etat policier, elle met en oeuvre une politique d'immigration de plus en plus répressive et de plus en plus discriminatoire? A la xénophobie érigée en principe de gouvernement depuis la volonté de fermer les frontières dans les années 70 et 80 est venu s'ajouter récemment une politique raciale dont les Rroms, comme trop souvent dans l'histoire, ont été les premières victimes. Victimes de rafles, d'un harcèlement policier constant et d'expulsions massives, ils ont été rejoints récemment par de nouveaux compagnons d'infortune: les Tunisiens passés par Lampedusa et titulaires de permis de séjours italiens. Cette racialisation de la politique d'immigration a été opérée par de simples circulaires, visant expressément les Rroms dans un cas, les Tunisiens dans l'autre. Ces deux groupes ont fait l'objet d'une véritable chasse à l'homme sur une base raciale, par des policiers qui ne relevaient les identités que dans le but de recopier manuellement le nom et le prénom des personnes sur des décisions stéréotypées d'obligation de quitter le territoire.

    Les expulsions de Rroms vers la Roumanie et la Bulgarie ainsi que de Tunisiens vers l'Italie ont pour objectif principal d'améliorer le chiffre des «reconduites à la frontière», préoccupation obsessionnelle des dirigeants du «pays des droits de l'homme». Tout ceci serait grotesque, puisque les expulsés peuvent revenir dès le lendemain, si ce ciblage ethnique n'avait des conséquences tragiques.

    Harcelés, pourchassés, persécutés, les victimes de la pression policière sont contraintes de se terrer dans des squats insalubres et dangereux. Dans les dernières semaines, on a dénombré six morts, dont des Tunisiens, dans un incendie à Pantin et une victime roumaine dans un autre incendie dans le XXe arrondissement de Paris. La politique du chiffre, combien de morts?

    La France ne se déshonore-t-elle pas en construisant un gigantesque camp d'internement administratif destiné à accueillir des familles de sans-papiers à deux pas de l'aéroport de Roissy alors que le nombre de sans-logis et de mal-logés ne cesse de s'accroître? La France n'est-elle pas en train de «franchir une ligne rouge»?
    Dernière modification par jawzia, 09 novembre 2011, 13h13.

  • #2
    Comme me le faisait remarquer un ami Tunisien :

    "La France peut elle donner des leçons à la Tunisie ? Certainement pas !!! En revanche, l'inverse peut devenir possible !"

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    • #3
      la france a t'elle felicité les tunisiens pour les elections reussi en tunisie en genarle et a t'elle felicité le parti gagant "annahda" comme on fait d'autre pays??
      المجد والخلود للرفيق والمناضل المغربي ابراهام سرفاتي

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      • #4
        la france a t'elle felicité les tunisiens pour les elections reussi en tunisie en genarle et a t'elle felicité le parti gagant "annahda" comme on fait d'autre pays??
        Oui oudjda alain juppé qui est un homme politique raisonnable et surtout compétent à l'inverse de son supérieur l'a fait et s'est dit serein quant à l''évolution de la démocratie en tunisie...

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        • #5
          PENSER SA SOCIETE PAR SOI-MEME
          par K. Selim

          Moncef Marzouki, après avoir été un opposant constant et intraitable de la dictature, se retrouve aujourd'hui à la tête de la deuxième formation politique tunisienne, le CPR. Ce qui fait la force de cet homme de gauche et laïc est qu'il ne reproduit pas le pense-bête des «spécialistes de plateaux» de Paris qui semblent avoir décidé qu'ils connaissent la Tunisie mieux que les Tunisiens.

          Dans un entretien publié par Mediapart, il se dit «accablé» par l'aveuglement des élites françaises sur la réalité du monde arabe. Et c'est bien parce qu'il pense par lui-même et non par mimétisme que son parti, le CPR, s'est retrouvé en deuxième position derrière Ennahda.

          Il n'était pas en guerre contre les islamistes tunisiens qu'il considère comme un «mouvement conservateur de droite avec une connotation religieuse». C'est parce qu'elles sont allées sur ce terrain que certaines autres formations de gauche ont essuyé un rude échec.

          A trop vouloir faire peur aux gens en agitant l'idée de menace, on finit par insulter les intelligences. Au lieu de se positionner vis-à-vis d'Ennhdha, le parti de Moncef Marzouki a défendu ses idées et son projet. Il le dit clairement et justement. Si le Parti démocrate progressiste ou le Pôle démocratique ont échoué, c'est parce qu'ils se sont placés sur un terrain où ils n'avaient que des positions «contre» et n'avaient pas de «propositions».

          «Nous nous sommes adressés à la population laïque, un peu de gauche, en disant : +Nous sommes capables de défendre les libertés publiques, les droits de l'homme, les droits de la femme, sans entrer en guerre idéologique avec la partie conservatrice de la société +». explique-t-il.

          Pour lui, les autres partis ont échoué car ils «étaient dans l'école française et n'ont pas pu en sortir» ; ils «étaient dans cette dichotomie franco-française qui consiste à croire et à dire qu'il y a les bons et les mauvais, les laïcs et les obscurantistes».

          En d'autres termes, le pire pour un parti politique tunisien et cela vaudra aussi pour les Algériens le jour où cela se remettra en marche serait de plaquer des débats et des bagarres qui se déroulent en France et d'en faire une ligne de fracture politique. Cela ne suscite que l'incompréhension et, au final, des déconvenues électorales. Penser par des œillères françaises la réalité des sociétés arabes n'est en effet pas la meilleure approche.

          Moncef Marzouki est d'ailleurs d'une férocité totale à l'égard des Français, qui «sont en train de passer tout à fait à côté de ce qui arrive dans le monde arabe…». Il a bien entendu à l'esprit le torrent de présumées analyses catastrophes qui n'étaient pas loin de présenter la Tunisie comme un nouvel Afghanistan. Il rappelle que 60% des Tunisiens n'ont pas voté Ennahda et surtout qu'il n'est pas dans une position de défaitisme. Il ne se lamente pas, il entend militer pour l'Etat civil, les droits de l'homme, les droits de la femme. «Nous serons des sentinelles absolument intraitables sur ces questions».

          Un discours de gauche qui ne cherche pas à éradiquer mais qui entend défendre des valeurs positives, cela mérite d'être souligné. La gauche dans les pays arabes gagnerait à faire attention à ce que dit Marzouki. C'est une voix lucide qui invite à sortir de l'ornière de l'éradication et de l'impasse.

          Le quotidien d'ORAN

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          • #6
            La France peut-elle donner des leçons à la Tunisie?

            Il ne faut pas se leurrer la France a été induite en erreur par le cas algérien.

            La Tunisie a appris beaucoup de la leçon, avec une dose d'estime de soi elle semble dire au français assez de dégâts comme ça, regardez dans votre cour, c'est pas très beau.

            Toute petite et minuscule elle se positionne toute fière en donneuse de leçon alors que certains sont encore à en découdre avec la justice suisse.
            وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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            • #7
              La France ne peut donner de leçon à personne ...
              Le gouvernement français n'a aucune morale, j'ai vu des vidéos sur des crimes contre l'humanité commise en cote d'ivoire début de l'année et en Libye, les Français ont organisé des massacres dans ces pays ....
              Pour eux, le pétrole et le gaz passe avant tout, on ne va pas mettre tous les français dans le même sac, mais je peux affirmer qu'ils sont gouvernés par des criminels ....

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              • #8
                La France peut-elle donner des leçons à la Tunisie?


                non
                aniasse , relit ci-dessous

                la France, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, s'exprimant sur France Inter le 26 octobre, menace la Tunisie de rétorsions économiques en cas de franchissement d'une curieuse «ligne rouge».
                deux poids , deux mesures ?
                que de l hypocrisie
                aucun mot sur la chari3a et la barbarie en Libye , on se tait ?
                A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                • #9
                  alain juppé qui est un homme politique raisonnable et surtout compétent
                  Le Rwanda (entre autre), c'était du temps de A. Juppé !

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