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Dette italienne: les banques françaises jouent avec le feu

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  • Dette italienne: les banques françaises jouent avec le feu

    Face à des taux italiens historiquement hauts, les banques françaises se délestent massivement de leurs obligations souveraines transalpines. Au risque d'aggraver la crise et de se mettre un peu plus en danger... Explication d'un cercle très vicieux.


    Sauve qui peut ! Alors que les taux italiens ont battu mercredi un nouveau record, les banques françaises se sont lancées dans une course effrénée à la vente de leurs obligations transalpines. En moins de quatre mois, BNP s'est délestée de 20,7% de son portefeuille de dettes européennes. Sur les 10 milliards revendus, 8,3 milliards correspondaient à de la dette italienne. Au total, les quatre principales banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE et Société Générale) ont ainsi réduit leur exposition au risque souverain italien de 41,1 à 22,1 milliards d'euros fin octobre.

    "En revendant ces titres à la BCE ou à des investisseurs privés comme les hedge fund, dont les profils de risque sont plus élevés, les banques essaient d'éviter le scénario grec", explique Yves Marçais, de Global Equities. Voyant les taux italiens monter en flèche, elles veulent éviter que leurs titres n'aient plus aucune valeur, et préfèrent les vendre aujourd'hui un peu moins cher que leur prix d'achat pour éviter des pertes plus importantes demain. Une pure logique de marché en somme : premier parti, premier servi !

    Les banques françaises aggravent la crise italienne...
    Sauf qu'en faisant cela, les banques françaises ne font qu'aggraver la situation. En effet, ces ventes ont beau se faire sur le marché secondaire (marché où les obligations se revendent et non celui où elles sont émises), ce sont in fine les taux italiens qui flambent: les obligations secondaires se revendent moins cher, ce qui fait augmenter leur taux... du marché primaire. "La vente de milliards d'euros de dette italienne, dont celle de BNP Paribas, a fait bondir le taux de l'obligation à dix ans de l'Italie, atteste ainsi un proche des autorités de régulation européennes auprès du journal le Monde. Il faut se réjouir du fait que les banques assainissent leurs bilans. Mais on entre dans une spirale infernale, difficile à maîtriser".

    Les résultats des banques plombés par la Grèce
    Le plan de soutien à la Grèce a plombé les résultats des grandes banques françaises, entraînant de lourdes provisions dans les comptes du troisième trimestre. BNP Paribas a payé le plus lourd tribut avec une provision de 2,2 milliards d'euros, contre 784 millions pour BPCE et 333 millions pour la Société Générale. Quant au Crédit Agricole, la dépréciation des titres souverains grecs s'est traduite par un impact de 650 millions d'euros pour le trimestre. Dans l'ensemble les banques ont appliqué une décote de 60% sur leurs titres grecs.

    C'est d'ailleurs pour lutter contre ce cercle vicieux que le gouvernement français, Christine Lagarde en tête, avait demandé il y a quelques mois aux banques de conserver leurs titres grecs, malgré la panique sévissant sur les marchés. Mais les établissements français, qui ne supportent plus de voir leur titre laminé en Bourse parce qu'ils sont trop exposés à la dette européenne, ne se feront pas faire avoir deux fois. Récemment déjà ils ont payé le prix de la solidarité européenne (voir encadré), en acceptant volontairement la décote de 50% sur leurs titres grecs. Et ce alors même que les banques allemandes n'avaient pas eu les mêmes réticences à se délester massivement de leurs obligations helléniques des mois auparavant.

    Pour se justifier, les banques font valoir qu'avec les nouvelles contraintes réglementaires, qui les obligent à augmenter leurs fonds propres, elles n'ont guère le choix. Soit elles doivent accepter une augmentation de capital via des fonds publics, scénario qu'elles préfèrent éviter à l'instar des pouvoirs publics, soit elles doivent réduire la taille de leur bilan. Et pour ce faire, la meilleure solution est encore de céder des actifs.

    ...Et se mettent en péril
    A terme toutefois, le risque n'est pas nul pour les banques hexagonales. Déjà parce que la crise italienne pourrait aboutir à une crise de liquidité qui risque de mettre à mal tous les acteurs du système bancaire. Mais aussi parce que les banques françaises présentent un double risque sur l'Italie : elles y sont exposées par leurs obligations souveraines, mais aussi par leurs réseaux sur place. BNP par exemple y détient une importante filiale, BNL, qui fait de la Botte son second marché après la France. Bien que la situation ne soit pas encore comparable à celle de la Grèce -les taux flirtent avec les 7%, alors qu'ils dépassaient les 15% cet été en Grèce - contribuer à l'aggravation de la situation italienne est donc un pari extrêmement risqué.

    Pour l'heure le gouvernement français, qui devra évidemment secourir ses banques dans le cas d'un défaut italien, ne semble pas s'en inquiéter. "Peut-être que lui aussi a fini par tirer les leçons du passé, avec notamment la faillite de la banque Dexia, qui a clairement pâti des décisions du gouvernement français d'interdire aux banques de se délester des actifs souverains", estime Yves Marçais. Peut-être aussi tout simplement que la situation n'est pas encore suffisamment catastrophique en Italie, pour que le gouvernement réagisse. Jusqu'à présent, les politiques européens ont en effet prouvé qu'ils n'étaient pas passés maître dans l'art de l'anticipation...

    Par Julie de la Brosse
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Europe rentre doucement mais surement dans la phase cauchemar ! :22:

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