Bonjour, pour moi, il n'y a pas de retombés puisqu'on a ouvert notre marché sans contrepartie. On a pensé à tord ou à raison, que l'Europe allait investir en masse, ou au moins mettre à niveau nos entreprises, mais surprise, ce sont les pays arabes qui ont mis le paquet, à titre d'exemple la Tunisie a investi 500 millions d'euros alors que la France seulement 199 millions.
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Dans cet entretien accordé par Réda Hamiani, vice- président du FCE, il est question des premières retombées de l’accord sur l’Algérie.
M. Hamiani est revenu également sur les attentes des chefs d’entreprise afin de pouvoir être compétitifs et présents sur le marché européen.
Entretien réalisé par Karima Sebai
Depuis son entrée en vigueur, en septembre 2005, l’accord d’association avec l’Union européenne a-t-il apporté des avantages pour l’Algérie, comme attendu ?
D’abord le Forum des chefs d’entreprise (FCE) n’a jamais été contre l’accord d’association, contrairement à ce que pensaient certains. L’Algérie, qui se trouvait sous embargo et complètement isolée sur la scène internationale aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique, a pu se remettre en position dans la compétition internationale, grâce à cet accord.
A l’heure actuelle, il est clair qu’aucun pays ne peut rester à l’écart. L’accord est avantageux, car il donne à l’Algérie un ancrage dans sa partie méditerranéenne. Donc, le fait de s’associer à l’UE, c’est reconnaître implicitement qu’on fait partie du monde occidental dans sa version sud. Le second avantage est lié à l’ouverture des frontières, pas uniquement à l’importation, car lorsque l’économie algérienne sera compétitive et plus forte, on pourra commercer plus facilement avec les pays européens à la faveur de l’abolition des droits de douanes. Certes, les échanges qui vont nous concerner davantage sont liés beaucoup plus à l’importation qu’à l’exportation, mais le cadre réglementaire fixé privilégie les exportations. Ce n’est pas de leur faute si on n’arrive pas à exporter. Nos produits ne sont pas compétitifs et ne répondent pas aux normes, absence de relais commerciaux à l’étranger notamment.
Mais, ceci est un débat algéro-algérien. L’accord nous mènera à appliquer les règles de droits, les règles de propriété industrielle, qui vont être au même niveau d’application que les autres pays qui ont signé l’accord comme la Tunisie et le Maroc. Le fait qu’on peut signer l’accord qui suppose des dizaines de discussions, de contacts, nous fera paraître, à leurs yeux, comme un pays normalisé. Les règles et lois juridiques vont s’appliquer de la même façon à eux comme à nous. Ils pourront donc saisir notre justice, l’arbitrage sera accepté, les règles de concurrence seront appliquées. Ce qui est de nature à rassurer les investisseurs et partenaires étrangers. En somme, l’accord n’est pas mauvais, mais nous avons émis des réserves, car on souhaite qu’à l’avenir tout ce dont j’ai parlé se réalise. Or, pour l’instant, les investissements étrangers qui nous ont été promis, n’existent pas, et ce, pour plusieurs raisons.
Beaucoup de pays présentent des avantages pour attirer les investissements étrangers, ce qui constitue une compétition redoutable pour l’Algérie. Pourquoi ne viennent-ils pas en Algérie ? Pour une chose simple. Les chefs d’entreprise et les industriels ne trouvent pas d’intérêt à investir, lorsqu’un pays s’ouvre sur le plan commercial, comme on l’a fait. Quand les Algériens importent des vêtements, par exemple, l’industriel étranger qui vend avec facilité, ne viendra pas investir. C’est incompatible. Les autorités auraient pu négocier l’ouverture commerciale en exigeant d’eux une présence ou une sous-traitance pour nos entreprises. Peugeot et Renault, par exemple, ont une importante présence sans qu’on leur exige quoi que ce soit. Dans d’autres pays, par contre, si on leur ouvre le marché, on leur demande en contrepartie une usine de montage, ou de pièces détachées ou une sous-traitance.
L’Algérie n’attire pas les IDE, malgré le faible coût salarial, en raison de l’insuffisance de la productivité qui est causée par le manque de formation et des équipements obsolètes ou dépassés. Au plan mondial, il y a une logique de coût ou de qualité. L’Algérie n’est ni dans l’une ni dans l’autre. Donc, les investisseurs ne se bousculent pas pour venir en Algérie. En termes de chiffres, la France, par exemple, a exporté pour 4,5 milliards de dollars en 2005. En 2001, ces exportations sont de 2 milliards de dollars. Donc, la balance commerciale a presque doublé. Mais notre commerce a également doublé, car on importait pour une valeur de 10 milliards de dollars et on importe actuellement pour 20 milliards de dollars. Contrairement au volet commercial, qui se porte bien, l’investissement français, depuis 2001 jusqu’à fin 2005, n’est que de 199 millions d’euos.
La suite...
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Dans cet entretien accordé par Réda Hamiani, vice- président du FCE, il est question des premières retombées de l’accord sur l’Algérie.
M. Hamiani est revenu également sur les attentes des chefs d’entreprise afin de pouvoir être compétitifs et présents sur le marché européen.
Entretien réalisé par Karima Sebai
Depuis son entrée en vigueur, en septembre 2005, l’accord d’association avec l’Union européenne a-t-il apporté des avantages pour l’Algérie, comme attendu ?
D’abord le Forum des chefs d’entreprise (FCE) n’a jamais été contre l’accord d’association, contrairement à ce que pensaient certains. L’Algérie, qui se trouvait sous embargo et complètement isolée sur la scène internationale aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique, a pu se remettre en position dans la compétition internationale, grâce à cet accord.
A l’heure actuelle, il est clair qu’aucun pays ne peut rester à l’écart. L’accord est avantageux, car il donne à l’Algérie un ancrage dans sa partie méditerranéenne. Donc, le fait de s’associer à l’UE, c’est reconnaître implicitement qu’on fait partie du monde occidental dans sa version sud. Le second avantage est lié à l’ouverture des frontières, pas uniquement à l’importation, car lorsque l’économie algérienne sera compétitive et plus forte, on pourra commercer plus facilement avec les pays européens à la faveur de l’abolition des droits de douanes. Certes, les échanges qui vont nous concerner davantage sont liés beaucoup plus à l’importation qu’à l’exportation, mais le cadre réglementaire fixé privilégie les exportations. Ce n’est pas de leur faute si on n’arrive pas à exporter. Nos produits ne sont pas compétitifs et ne répondent pas aux normes, absence de relais commerciaux à l’étranger notamment.
Mais, ceci est un débat algéro-algérien. L’accord nous mènera à appliquer les règles de droits, les règles de propriété industrielle, qui vont être au même niveau d’application que les autres pays qui ont signé l’accord comme la Tunisie et le Maroc. Le fait qu’on peut signer l’accord qui suppose des dizaines de discussions, de contacts, nous fera paraître, à leurs yeux, comme un pays normalisé. Les règles et lois juridiques vont s’appliquer de la même façon à eux comme à nous. Ils pourront donc saisir notre justice, l’arbitrage sera accepté, les règles de concurrence seront appliquées. Ce qui est de nature à rassurer les investisseurs et partenaires étrangers. En somme, l’accord n’est pas mauvais, mais nous avons émis des réserves, car on souhaite qu’à l’avenir tout ce dont j’ai parlé se réalise. Or, pour l’instant, les investissements étrangers qui nous ont été promis, n’existent pas, et ce, pour plusieurs raisons.
Beaucoup de pays présentent des avantages pour attirer les investissements étrangers, ce qui constitue une compétition redoutable pour l’Algérie. Pourquoi ne viennent-ils pas en Algérie ? Pour une chose simple. Les chefs d’entreprise et les industriels ne trouvent pas d’intérêt à investir, lorsqu’un pays s’ouvre sur le plan commercial, comme on l’a fait. Quand les Algériens importent des vêtements, par exemple, l’industriel étranger qui vend avec facilité, ne viendra pas investir. C’est incompatible. Les autorités auraient pu négocier l’ouverture commerciale en exigeant d’eux une présence ou une sous-traitance pour nos entreprises. Peugeot et Renault, par exemple, ont une importante présence sans qu’on leur exige quoi que ce soit. Dans d’autres pays, par contre, si on leur ouvre le marché, on leur demande en contrepartie une usine de montage, ou de pièces détachées ou une sous-traitance.
L’Algérie n’attire pas les IDE, malgré le faible coût salarial, en raison de l’insuffisance de la productivité qui est causée par le manque de formation et des équipements obsolètes ou dépassés. Au plan mondial, il y a une logique de coût ou de qualité. L’Algérie n’est ni dans l’une ni dans l’autre. Donc, les investisseurs ne se bousculent pas pour venir en Algérie. En termes de chiffres, la France, par exemple, a exporté pour 4,5 milliards de dollars en 2005. En 2001, ces exportations sont de 2 milliards de dollars. Donc, la balance commerciale a presque doublé. Mais notre commerce a également doublé, car on importait pour une valeur de 10 milliards de dollars et on importe actuellement pour 20 milliards de dollars. Contrairement au volet commercial, qui se porte bien, l’investissement français, depuis 2001 jusqu’à fin 2005, n’est que de 199 millions d’euos.
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